Peu de personnes connaissent ce terme. Pourtant, 10% des sportifs - amateurs comme professionnels - sont atteints de bigorexie. En clair, ils ont développé une addiction au sport telle qu'ils en souffrent.
La bigorexie est la contraction de « big », qui signifie gros en anglais, et d'« orexie » , le mot grec pour appétit. La bigorexie est donc littéralement un gros appétit pour la pratique physique. Les personnes qui en souffrent sont devenues dépendantes de leur sport et de la débauche d'énergie que cette dépendance nécessite.
Un trouble au carrefour du sociétal et de l'intime
Ce phénomène a commencé à être constaté au début des années 70. Mal contemporain, il est lié à la démocratisation du sport, le culte du corps, l'apologie de la performance, érigés comme des valeurs cardinales de nos sociétés modernes. L’OMS ne l’a reconnu qu’en 2011.
La bigorexie est classée comme une « addiction » et non comme une maladie. Certes, faire du sport génère des endorphines, l'hormone du bien-être. Mais cela n'explique pas tout. Ce trouble est rarement isolé. Il est généralement consécutif à un problème sous-jacent, un mal-être parfois profond relié à une image de soi dégradée qui se matérialise par une anorexie, une dépression, etc…
Que faire en cas de suspicion de bigorexie ?
La bigorexie s'accompagne souvent d'une longue phase de déni. Mais quand une prise de conscience a eu lieu, le premier interlocuteur est le médecin généraliste ou le médecin du sport. Ces professionnels peuvent poser un diagnostic s'ils constatent un intérêt trop prononcé pour l’effort, un besoin irrationnel de se dépenser - parfois malgré les blessures, la douleur physique -. Le traitement se fait au cas par cas par le biais d’une thérapie.
Ces derniers ne constatent pas de profil particulier. Le trouble peut toucher les hommes comme les femmes, les professionnels comme les amateurs. Ceci-dit, certains sports semblent présenter plus de risques : le culturisme, le triathlon, le cyclisme ou encore les courses de fond (marathon, ironman).
La bigorexie au cœur d'un magazine
France 3 Bourgogne-Franche-Comté a consacré un numéro d'Enquêtes de région au sport le 5 juin 2019. Une de nos équipes a recueilli des témoignages de sportifs confrontés à la bigorexie.
Reportage de Maëva Damoy, Dalila Iberrakène, Yoann Danjou et Philippe Sabatier avec :
-Arnaud Larue, triathlète, AJA triathlon
-Emmanuel Debost, médecin du sport
-Antonio Foïs, ex sportif de haut niveau, préparateur physique
-Erwan Siohan, étudiant en sport études, karatéka
-Clément Guillet, psychiatre au centre hospitalier La Chartreuse