Saône-et-Loire : pour sauver un hôtel particulier médiéval, la ville d'Autun préfère le vendre

C'est une annonce immobilière un peu particulière. Un hôtel particulier à prix cassé ! A Autun (Saône-et-Loire), la commune met en vente un de ses bâtiments historiques. Si la commune devrait toucher très peu d'argent, elle évite surtout d'importantes dépenses et espère redonner vie au lieu.

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Vend hôtel particulier comprenant deux appartements de 100 mètres ² chacun, tour médiévale, courette intérieure et place de parking. Le tout dans un bâtiment classé de 450 mètres ². C'est l'annonce qu'a fait publier la ville d'Autun pour se séparer de l'Hôtel de Clugny, un ensemble immobilier daté du XIVe au XVIIIe siècle situé en plein centre-ville. Si à l'échelle d'une commune, les annonces de ce genre ne sont pas nombreuses, c'est surtout son prix qui étonne : 70 400 euros ! Le prix d'une petite maison. 

Car l'Hôtel de Clugny, ancienne demeure seigneuriale a perdu de son lustre. Inoccupé depuis plus de 15 ans, la végétation gagne les intérieurs et le toit du clocher menace de s'effronder. Une situation qui a accéléré la mise en vente. "On a du faire des travaux d'urgence sur la toiture qui tombait. Mais les services techniques ont estimés à 200 000 euros les travaux à faire cette année pour sauvegarder le clocher", explique Vincent Chauvet, le maire (Modem) de la commune d'Autun. 

 

Un "amoureux du patrimoine"

Pour réaliser ces travaux, l'élu compte sur un "amoureux du patrimoine" potentiel acquereur. "Ce n’est pas une question de budget, assure l'élu, parce qu'on mettra la somme si on ne trouve pas d’investisseurs. C’est simplement de se dire, en conseil municipal, est-ce que l’on met 200 000 euros pour garder une ruine debout ? Ou est-ce que l’on trouve quelqu’un qui fasse les travaux et mène un projet personnel pour développer une chambre d’hôte, une résidence particulière ou une résidence secondaire". Selon la commune, les caractéristiques du lieu ne permettent de toute façon pas d'en faire un lieu d'accueil du public. 

C'est France Domaine qui a évalué le bien à 70 400 euros (hors frais de notaires). Mais pour la commune, le montant de la transaction ne sera pas le premier critère. "70 000 euros, à l'échelle du budget de la ville, ce n'est pas énorme. En revanche, redonner une vie à ce quartier, ça, ça nous intéresse. On souhaite avoir un projet qui fasse de cette ruine un lieu de vie, en lien avec la rénovation globale du quartier." L'acheteur devra en tout cas réaliser d'importants travaux. Au moins plusieurs centaines de milliers d'euros,

Vincent Chauvet se veut rassurant, le site ne sera pas dénaturé. Le bâtiment étant classé, le chantier devra se faire dans les règles de l'art, avec l'approbation de l'architecte des bâtiments de France. C'est d'ailleurs cette règlementation très stricte qui aurait dissuadé certains acheteurs potentiels. 

Des voisins déçus

Un argument qui ne convainc pas forcément les riverains. "C'est dommage, c'est notre patrimoine, explique une riveraine. On paye quand même des imôts. "Je suis un peu étonnée" confie une commerçante. "Mais tant qu'elle est bien entrenue, c'est le principal" ajoute-t-elle, espérant que le lieu pourra être visité. 

Face aux potentielles critiques, le maire de la commune veut relativiser expliquant qu'une grande partie des monuments historiques de la ville sont déjà détenus pas des propriétaires privés. "On a déjà un certain nombre de tours médiévales dans le quartier qui appartiennent à des particuliers, la tour de la Bondue, la tour des Ursulines qui a été rachetée il y a quelques années par un Japonais. Il en a fait quelque chose d'incroyable. D'ailleurs, une grande partie des monuments historiques et des hôtels particuliers classés sont des propriétés privées de propriétaires qui, en général, les entretiennent très bien."

Le prix est négociable affirment les services techniques de la commune qui conduisent le projet de cession. Ils espèrent conclure la vente d'ici 3 ans maximum.

 

La visite avec Fabienne Acosta et Anthony Borlot

 

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