La commune de Demigny (Saône-et-Loire) n'a plus de médecin généraliste depuis le départ à la retraite de son praticien. Une absence de docteur qui pénalise également la pharmacie dont l'activité est en baisse. La maire de ce village rural recherche activement un spécialiste de santé.
C’est une petite commune rurale de 1 800 habitants, située en Saône-et-Loire mais à quelques kilomètres de la Côte-d’Or. Un village qui tire la sonnette d’alarme. Demigny n’a plus de médecin généraliste attitré depuis le départ à la retraite du précédent docteur, c'était en 2015. Jusqu’ici, des permanences avec des praticiens d’une commune voisine étaient organisées. Mais à partir de juillet prochain, ces professionnels de santé ne viendront plus.
Marie-Claire Dilly, la maire (SE) de la commune recherche alors activement un médecin généraliste, alors qu’un quart des habitants a plus de 60 ans. "C’est une vraie problématique pour la population de Demigny. Aujourd’hui, les patients ne choisissent plus leur médecin. Il faut soit aller en Côte-d’Or, à Beaune, Meursault ou Nolay, soit aller à Chalon", décrit l’édile au micro d'Alexandre Baudrand.
L'activité de la pharmacie a baissé
Pour attirer un nouveau praticien, la collectivité s’engage à prendre en charge les dépenses liées au fonctionnement du cabinet médical. Du matériel est également mis à disposition. "Désormais, il faut qu’une collectivité s’engage très fortement pour qu’un médecin s’installe sur une commune. J’ai espoir de trouver quelqu’un", lance Marie-Claire Dilly.
L’absence de médecin, ça va poser un problème pour le devenir du village. Les gens qui veulent s’installer demandent s’il y a une école, des services mais aussi un médecin
Marie-Claire Dilly, maire (SE) de Demigny
La maire de Demigny n’est pas la seule à espérer l’arrivée d’un nouveau praticien. Jean-Paul Foucher, le pharmacien de la commune depuis 1990, l’appelle également de tous ses vœux. Car avoir un généraliste à proximité, c’est la garantie d’une officine qui fonctionne mieux. Avec le départ à la retraite du précédent docteur de Demigny, il a constaté une baisse de son activité de 10 à 15 %.
"Un médecin génère un certain nombre de prescriptions dans une journée. Donc pour une pharmacie, c’est important. Le patient qui sort de chez un médecin généraliste a tendance à aller chez le pharmacien le plus proche", confie celui qui partira bientôt lui-aussi à la retraite.
De graves difficultés financières pour les pharmacies
Cette difficulté des pharmacies dans le sillage de l’absence de généralistes en ruralité, Bertrand Veau, représentant de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de Bourgogne, l’a également constatée. "S’il n’y a plus de médecins, il y a moins d’ordonnances et le chiffre des pharmacies baisse. Les pharmacies ne sont plus viables. On parle de désert médical, mais on va parler aussi de déserts pharmaceutiques, de déserts dentaires, de déserts infirmiers", estime-t-il.
Baisse du chiffre d’affaires des pharmacies, avec de graves soucis économiques à l’arrivée, mais en parallèle, les officines sont en première ligne dans la réalisation d’actes médicaux, faute de généraliste.
"Depuis le Covid, le métier a changé. On fait des tests, des vaccins. 70 % de la couverture vaccinale en France est faite en pharmacie. On fait du suivi de pathologie chronique comme l’hypertension, le diabète. Notre métier est de seconder les médecins désormais et pallier leur absence quand il n’y en a plus".
Contactée, l’Agence régionale de la Santé n’a pas souhaité nous répondre. Pour pallier l’absence de généralistes en ruralité, le gouvernement a mis fin au numérus clausus en 2021. Mais les premiers effets de la réforme ne se feront ressentir qu’en 2028.