Mardi 8 novembre, la Confédération paysanne de Saône-et-Loire a réagi aux images de maltraitance animale au sein de l'élevage Chevenet, révélées par l'association L214 fin octobre.
L'affaire a secoué le monde agricole. Le 27 octobre dernier, nous vous relations les découvertes de l'association de défense des animaux L214, concernant l'élevage caprin Chevenet à Saint-Maurice-de-Satonay (Saône-et-Loire). Maltraitances, tas de cadavres en décomposition, chèvres baignant dans leur sang et dans leurs excréments... les images étaient choquantes.
Ce mardi 8 novembre, la Confédération paysanne de Saône-et-Loire, l'un des principaux syndicats agricoles, a dénoncé des "élevages sans âmes" qui "salissent l'image de l'agriculture paysanne [...] sans incarner le lien fort et nécessaire des éleveurs au vivant".
La Confédération Paysanne de Saône et Loire et ses éleveurs ne sont pas solidaires avec l’agro-industriel Thierry Chevenet et dénoncent les pratiques de tous les élevages industriels dont la maltraitance des animaux est intrinsèquement liée à leur taille disproportionnée et à la quête de rentabilité démesurée.
La Confédération paysanne de Saône-et-Loire
Les réactions des grandes marques mises en cause
L'entreprise Chevenet, premier producteur européen de fromage de chèvre fermier, fournit notamment des restaurants étoilés et des grandes enseignes commerciales. Suite aux révélations de L214, Carrefour, Monoprix ou encore Auchan ont annoncé la suspension de l'approvisionnement des produits concernés. Mais pour la Confédération paysanne, il ne s'agit que d'une "communication trompeuse" dont les "enseignes de la grande distribution abusent depuis longtemps".
"Aujourd'hui, elles feignent l'étonnement et l'indignation et retirent les fromages « Chevenet » de la vente, mais elles continuent de commercialiser bien d'autres fromages et denrées du même type dont le mode de production répond à leurs exigences...", dénonce le syndicat. "Qui sait si demain elles ne les revendront pas sous un autre nom en ventant leurs vertus."
Les méthodes de l'association et l'inaction de l'État également pointées du doigt
Depuis sa création en 2008, L214 est régulièrement critiquée pour ses méthodes, souvent jugées intrusives par ses détracteurs. "La Confédération paysanne ne partage par les valeurs de cette association dont la finalité reste opaque", pointe la fédération, qui ajoute toutefois que "cette fois, la cible est juste".
Loin de mettre à mal un système agro-industriel institutionnalisé, la communication trop sensationnelle et spectaculaire de L214, même entachée d'erreurs et d'imprécisions, a le mérite d'en pointer un des symboles.
La Confédération paysanne de Saône-et-Loire
L'autre cible du syndicat, c'est l'État lui-même. "Que fait la DDPP [Direction départementale de la protection des populations, ndlr] quand des cadavres d'animaux d'élevages sont stockés en plein air et se font en partie dévorer par des prédateurs ? Que font la DGCCRF [direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes] concernant la publicité plus que douteuse de l'entreprise, et l'INAO [Institut national de l'origine et de la qualité], en laissant cet industriel s'emparer d'une AOP [...] ?"
Face à la polémique, la confédération enjoint les consommateurs à rencontrer les "vrais" agriculteurs afin de s'informer correctement sur la réalité du monde agricole. Pour rappel, une plainte a été déposée par L214 auprès du tribunal de Mâcon, pour "mauvais traitements" et "pratiques commerciales trompeuses".