Le tribunal administratif de Dijon a décidé ce mercredi 3 mars de suspendre l'arrêté municipal autorisant l'organisation d'une fête foraine à Chalon-sur-Saône en pleine crise sanitaire. Dans la matinée, près de 300 forains étaient venus soutenir le maire, Gilles Platret devant le tribunal.
"Le juge des référés du tribunal a suspendu (...) l'arrêté du maire de Chalon-sur-Saône". Le tribunal administratif de Dijon a annoncé cet mercredi après-midi la suspension de l'arrêté municipal signé par le maire de Chalon-sur-Saône lundi 1er mars. Celui-ci autorisait la tenue de la fête foraine annuelle du 5 au 14 mars. Le préfet de Saône-et-Loire avait contesté la décision.
Dans sa décision, la juridiction a d'abord jugé de "l'incompétence du maire" pour décider d'assouplir les restrictions sanitaires décidées par le Premier ministre. Elle a ensuite constaté la "violation directe du décret" d'octobre dernier interdisant les fêtes foraines. Par ailleurs, le juge a écarté les questions prioritaires de constitutionnalité soulevées par la fédération des forains de France.
Le cabinet du maire de Chalon-sur-Saône indique ce mercredi soir que la mairie fera appel de la décision.
200 forains rassemblés devant le tribunal administratif
Ce mercredi, plusieurs dizaines de forains se sont rassemblés devant le tribunal administratif de Dijon en soutien à l'initiative de Gilles Platret alors que la juridiction examinait la légalité du texte. "Nous sommes commerçants et nous voulons travailler" clâment les professionnels qui demandent l'abrogation de l'article qui interdit l'organisation des fêtes foraines.
À sa sortie du tribunal administratif, le maire de Chalon s'est exprimé devant les forains : Comme toujours, vous avez montré que vous étiez en capacité de vous rassembler juste pour montrer que vous n'étiez pas décidé à mourir. Ce soutien là, la ville de Chalon ne vous le retirera jamais. Vous êtes aujourd'hui celles et ceux qui peuvent contribuer à votre mesure à mettre un tout petit de joie à une génération qui n'en a plus depuis des mois et des mois et qui va porter ses séquelles jusqu'à la fin de ses jours si on ne fait pas attention. "
Tête de liste (Les Républicains) aux élections régionales en Bourgogne Franche-Comté, Gilles Platret, le maire (LR) de Chalon-sur-Saône est un habitué du tribunal administratif. Fête foraine, ouverture des commerces durant le confinement, sans-domiciles fixes, menus de substitution à la cantine... Régulièrement, l'élu prend des arrêté municipaux sur des sujets polémiques. Tout aussi régulièrement, ses arrrêtés sont contestés par la prefecture de Saône-et-Loire devant le tribunal administratif.
Lundi 1er mars, en signant cet arrêté, Gilles Platret ne s'était pas caché de sa volonté de défier l'Etat. Il a d'ailleurs largement médiatisé l'organisation de cette fête foraine prévue du 5 au 14 mars. "L’État prendra ses responsabilités. J’ai pris les miennes et les forains également. Chalon, seule ville de France à avoir fait des forains ses citoyens d’honneur, est donc fidèle à sa promesse, en soutien d’une profession dont la population a plus que jamais besoin !" écrit ainsi le maire qui a reçu depuis plusieurs médias nationaux.
Malgré la crise sanitaire, il estime que les conditions sanitaires sont désormais réunies pour que la fête puisse se dérouler, avec "des mesures appropriées que les forains sont tout à fait disposés à prendre" et en avançant "la nécessité de lutter contre la crise psychologique lourde qui est la conséquence tout à la fois de la crise épidémique et des mesures de restriction des libertés qui l’ont accompagnée."
Quelques semaines plus tôt, le 8 février, alors que la préfecture annonçait l'annulation de l'évênement, il avait déjà fait part de sa stupéfaction.