Chalon dans la rue : la compagnie "La Pigeonnière" invite le public à un safari urbain

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Elles viennent de Belgique et dans le rôle d'anthropologues, elles invitent le public à un spectacle ludique et immersif. Une déambulation dans les rues de Chalon et une exploration scientifique des années 2020 avec deux "spécialistes" de l'anthropocène.

Le spectacle s'intitule "The Visit". Le but est d'emmener le public en déambulation dans un safari urbain et immersif grâce à des casques audio.

Un voyage dans le temps

Le spectacle est un voyage d'exploration des années 2020, qui s'effectue sous la houlette de l'Institute of Applied Anthropology. Deux anthropologues, Martha Singer-Delamotte et Betty Von G. incarnées par Mbalou Arnold et Blanche Tirtiaux, commentent l'environnement urbain.
Les spectateurs bénéficient d'une expérience immersive en portant des casques audio, et profitent des commentaires des deux anthropologues et d'une prise de son spécifique effectuée par Edith Herregods, qui fait elle aussi partie intégrante du spectacle.

La déambulation, une particularité du théâtre de rue

Mbalou Arnould explique que l'atout de leur spectacle est d'emmener les spectateurs : "on va partager une technique commune, tout le monde aura un casque. Les spectateurs partent en voyage. On a une scène d'improvisation au début, mais finalement ils sont un peu captifs de la narration."

Se pose la question de spectateurs qui seraient un peu distants au cours du spectacle, mais cela n'est pas un problème. Pour Blanche Tirtiaux, "les spectateurs font partie prenante de la fiction, comme c'est du théâtre immersif. On leur donne dès le début un rôle : ils ont été choisis, c'est un groupe pilote, ils sont là pour une certaine raison. L'objectif, c'est que cette fiction décale le regard des spectateurs et des actrices sur le monde, la ville et l'espace public."

Le but de la narration, c'est de faire groupe dans l'espace public, comme le décrit Blanche : "On n'est pas forcément beaucoup en interaction directe avec le public, mais c'est plutôt nous avec le public qui faisons un groupe en interaction avec l'espace extérieur."

De l'improvisation dans l'espace public

Blanche Tirtiaux rappelle que dans ce spectacle, "l'improvisation est surtout par rapport au monde extérieur. On travaille avec une écriture flexible, pas mal de choses ont été pré-écrites. C'est un peu comme un scénario à tiroirs, on déclenche des scènes quand c'est le moment opportun ou quand il y a un imprévu qui l'invite. C'est pour nous un travail entre jeu et mise en scène en direct, de choisir quels imprévus de l'espace public vont être incorporés à la narration ou pas."

Dans ce genre de situation tout peut arriver, mais quel est l'ennemi principal ? 

"C'est un travail sur la courbe de l'expérience du spectateur, comment on va l'amener à vivre différentes aventures, pour qu'il reste avec nous, même si on ne peut jamais prévoir que ce soit 100 % réussi."  dit Blanche. Mbalou ajoute que "l'ennemi principal, c'est s'il se passe trop de choses et ce qu'on choisit de faire voir, ou de ne pas faire voir. L'espace public est un espace fourmillant, surtout dans un contexte de festival d'art de rue, il y a forcément beaucoup de monde, il y a des spectacles qui passent. Si on commence à improviser sur tout, on commence à se disperser et perdre la force de notre propos."

Des parcours surprenants pour l'équipe

Edith Herregods est ingénieure du son, elle a été formée à l'INSAS (Institut Supérieur des Arts - Bruxelles ndlr), c'est elle qui est en charge de la diffusion du contenu sonore dans les casques des spectateurs : "L'INSAS est une école plutôt axée cinéma et qui a été une super approche pour intégrer cette compagnie. Ce que je fais ressemble presque plus à de la prise de son de plateau de cinéma, plutôt qu'à de la régie de théâtre. Depuis, je suis collaboratrice de théâtre immersif. J'ai rejoint la compagnie pour augmenter la jauge et travailler avec des casques, juste pour se faire entendre. Très vite, quand on a fait des essais, on s'est rendues compte que ça pouvait être très créatif, que cela pouvait rajouter des choses à la narration. J'ai proposé de rajouter un micro d'ambiance que je choisis ou pas d'ouvrir, que je choisis où je pointe. Et ces sons-là permettent d'avoir une réalité un peu bizarre du monde dans lequel on est. Peu de gens ont déjà entendu du son pris à travers des micros. Tous les spectateurs sont équipés de casques audio et je fais un mixage en direct entre les voix des actrices et la prise de son."
Edith a donc un rôle à part entière dans le spectacle, elle fait partie de l'équipe de l'Institut, elle porte un costume et intervient en qualité de "responsable des technologies anciennes."

Blanche Tirtiaux elle, se revendique "du théâtre physique" : "j'ai toujours eu une grande curiosité pour les dispositifs ludiques, création de moments partagés, expériences collectives, rituels multiples. C'est vrai qu'avec Mbalou, depuis six ans, on expérimente beaucoup cet aspect-là, comment faire du théâtre un espace de jeu pour faire vivre des expériences aux spectateurs."

Mbalou Arnould vient également du théâtre classique et a travaillé avec des compagnies de théâtre physique et avec des compagnies qui faisaient des créations in situ ou dans l'espace public : "On a vraiment renforcé cet axe-là de travailler, plus en qualité de metteur en scène, d'imaginer et de concevoir des dispositifs et des expériences spectateurs."

Blanche Tirtiaux confesse : "Ces personnages d'anthropologues, c'est un peu un rêve qu'on a toutes les deux raté et qu'on vit par procuration aujourd'hui. Ces deux personnages qui sont des scientifiques et qui ont beaucoup de goût pour la recherche, ça correspond à nos parcours. J'ai étudié l'histoire médiévale et j'ai été chercheuse à l'ULB (Université Libre de Bruxelles). Finalement, le personnage de Betty, spécialiste d'ethno-botanique, n'est finalement pas très éloigné de ma vie antérieure."

Le spectacle de rue, "un autre rapport à la création"

Pour Mbalou et Blanche, l'envie de ne pas jouer du théâtre dans un lieu dédié était une volonté très forte, comme le précise Mbalou : "Il y a l'envie de sortir du théâtre comme boîte scénique, où on ne peut faire que ce qu'on peut mettre entre quatre murs, mais il y a aussi l'idée de sortir le théâtre de certains réseaux, d'une certaine classe sociale. On a travaillé principalement avec des publics amateurs dans des lieux non dédiés, avec cette volonté de sortir le théâtre de la salle pour le faire voir à d'autres gens. Il y a quand même cette idée qu'on est dehors, que les gens vont nous voir, que cela va provoquer quelque chose chez eux, qu'il va y avoir quelque chose de spectaculaire qui va se passer, cette idée de mettre le théâtre au vu de tous et au cœur de la vie, que cela ne soit pas un espace séparé."

Blanche partage son enthousiasme pour le spectacle de rue : "C'est un autre rapport à la création : quand un spectacle est fini, on arrive, on joue et on repart. Là, malgré nous, on est beaucoup en déplacement, il y a cette joie d'arriver, de rencontrer les gens et de découvrir la ville et d'être moins pressés en fait. C'est aussi un des points phares de la compagnie, de ne pas avoir envie de faire des spectacles tout le temps sur les routes. On fait également partie d'un réseau d'artistes en mobilité douce, qui s'appelle Armodo pour repenser les tournées à vélo, à pied, à cheval, on est un peu sur cette idée de prendre le temps."

La compagnie joue "The Visit" depuis 3 ans déjà et a pu le présenter une quarantaine de fois. Mbalou précise que le spectacle est "né à Bruxelles, on l'a joué dans pas mal de quartiers différents. On prend 3 jours de travail complet, pour écrire le parcours."

Les représentations de la compagnie "La Pigeonnière" ont lieu au square Chabas sur réservation, tous les jours du jeudi 20 au dimanche 23 juillet, à 14h40 et 17h55.

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