« On ne s’attendait pas à autant de déchets ». La « journée verte » du samedi 11 janvier a été lancée à l’initiative de quatre lycéens de Nicéphore-Balleure. L’objectif de la journée était de sensibiliser les Chalonnais à l’écologie par le ramassage des déchets dans la ville.
En équipes et armés de leurs gants et de leurs sacs de différentes couleurs, entre 60 et 70 volontaires ont répondu présents à l’appel de Romaric, Eugénie, Adèle et Thaïs. Ces quatre lycéens de Nicéphore-Balleure ont eu l’idée de cette manifestation pour sensibiliser davantage à l’éco-responsabilité.
Ils l’avouent, Greta Thunberg les a inspirés. Les discours de la jeune activiste suédoise ont éveillé la conscience de nombreux jeunes partout dans le monde. Les quatre lycéens chalonnais déploraient un manque d’initiatives à l’échelle locale.
Nous pensons que les jeunes, les familles et même tous les citoyens ne sont pas assez informés des risques de pollution.
Alors l’idée de cette « journée verte » est née.
Romaric, Eugénie, Thaïs et Adèle estiment qu'ils "ne peuvent plus rester dans cette situation. On a pris l'habitude de polluer et ce n'est plus possible."
100 kg de déchets et 10 kg de mégôts ramassés
Deux heures après le début du ramassage le samedi 11 janvier, le verdict tombe sur les balances : 100 kilos de déchets collectés.10 kilos de mégots ont aussi été ramassés dans les rues de Chalon.
Ils ne s'attendaient pas à trouver de tels déchets. En dehors des sachets plastiques ou des emballages "traditionnels", le collectif de la Journée verte a même retrouvé des vêtements, des barres de fer... et une cafetière.
Il y avait aussi des bidons d'huile et d'essence. Et ça, c'est très polluant.
Les quatre lycéens dénoncent la "fainéantise" des riverains. "Il y a des poubelles et des cendriers et les gens ne veulent pas faire 50 mètres pour jeter leurs déchets." Pendant la collecte, les participants ont ramassés des cendriers sur les parkings, le long des routes. "On a même retrouvé des poubelles, appartenant à un commerce, cachées derrière des planches de bois." se désole Eugénie.
Parmi les endroits les plus pollués, l'île Saint-Laurent et les quais de Saône.
Que vont devenir les déchets ramassés ?
Une entreprise qui transforme les mégots en isolant doit venir récupérer ceux ramassés lors de la Journée verte. Le reste partira à la décheterie.Dans l'idée, d'autres Journées vertes devraient être organisées. Romaric, Eugénie, Thaïs et Adèle aimeraient bien intervenir dans des écoles et des lycées. "Il faut qu'on aille encore plus loin."
Fiers de leur démarche, les lycéens ne cachent pas leur déception face au manque de prise de conscience de leurs aînés.
Ça ne vient pas du lycée. Ça vient de nous. C'est triste que ça ne vienne pas des adultes. C'est tout le monde qui doit être concerné. On est encore des adolescents et on aurait aimé vivre dans un pays plus propre... où la situation est moins critique.
La mairie de Chalon-sur-Saône soutient la démarche
Les lycéens ont été reçus par Gilles Platret, maire (LR) de Chalon-sur-Saône, qui soutient à 100% le projet. "Quand une opération de propreté urbaine est menée, c'est toujours positif. Encore plus quand elle l'est par des jeunes." se réjouit le maire, joint par téléphone.Mais qu'est-ce que cette initiative, lancée par des moins de 18 ans, dit de notre société ? "Qu'il y a un éveil important chez la jeune génération." Mais quid des autres ? De leurs parents et grands-parents ? Pour le maire, la pédagogie reste la meilleure solution. La nouvelle génération doit porter ce combat et ses messages.
A Chalon-sur-Saône, les services municipaux ramassent déjà 1 000 tonnes de déchets par an. 110 tonnes proviennent des corbeilles, 50 tonnes des déjections canines. En juin 2019, une "brigade ville propre" a été mise en place. En civil, des agents sensibilisent les riverains. La commune compte une cinquantaine de rappels à l'ordre depuis les premières gardes de la brigade, et autant de contraventions. "Quand des comportements sont trop recalcitrants, la répression reste la meilleure solution."
Pour le maire, les rives gauches de la Saône sont encore "trop souillées". Les promeneurs y laissent leurs mégots, leurs couverts et emballages de fast-food. Là où la propreté de la rive droite du fleuve, toute neuve, est encore respectée car "les travaux viennent de se terminer".
"Plutôt optimiste", Gilles Platret compte sur d'autres actions menées par les lycéens de la Journée verte, de nouveaux ateliers avec les établissement scolaires ainsi que sur de nouvelles prises de conscience pour faire de Chalon, une ville encore plus verte.