Chalon-sur-Saône : 18 mois de prison dont 9 avec sursis requis contre l’éleveuse qui a incendié le chien Fudji

Une éleveuse de chiens avait aspergé d'essence et mis le feu au berger allemand de son compagnon. 18 mois de prison dont 9 avec sursis ont été requis à son encontre. La décision du tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire, est attendue lundi 10 septembre 2018.

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Un procès pour cruauté et acte de barbarie a eu lieu lundi 3 septembre à 15 heures devant le tribunal correctionnel de Chalon-sur-SaôneUne éleveuse de chiens est accusée d'avoir aspergé d'essence et mis le feu au berger allemand de son compagnon cet été. Des faits passibles de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.

Le chien avait été retrouvé le 9 août dans un champ de maïs à Sagy. Malgré les soins qui lui avaient été prodigués, l’animal a succombé à ses blessures onze jours plus tard.
 


Neuf associations se sont portées parties civiles au procès, notamment la SPA (Société protectrice des animaux), la fondation d'utilité publique 30 Millions d'amis et la Fondation Brigitte Bardot. Avant le début de l'audience, une importante foule s'est massée en début d'après-midi devant le tribunal.
 

 

"J'ai senti une énorme colère"

À la barre du tribunal correctionnel de Chalon, la prévenue reconnaît les faits. Le jeudi 9 août, elle détache le chien sur un coup de tête. Il avait fugué deux jours plus tôt mais avait rapidement été rattrapé.

Ce jour là, elle passe devant lui, et coupe la corde. "C’était pour en finir avec toutes ces agressions", explique-t-elle. Elle ajoute avoir eu peur pour sa vie à cinq reprises et avoir eu peur pour leur enfant de un an.

Le lendemain, elle entend le chien couiner lorsqu’elle passe dans le champ de maïs d’à-côté. Le chien est empêtré à cause de la corde, elle s’approche de lui, il lui grogne dessus. "C’en était trop. J’ai senti une énorme colère. D’autant qu’il m’a déjà mordu".
 
Après son passage à l’acte, elle dit être revenue à la raison. "C'est quand j’ai vu le brasier que je me suis rendue compte de ce que j’avais fait". Elle court chercher son conjoint, qui était dans sa chambre à ce moment-là. Les perquisitions des gendarmes confirment qu’elle a utilisé huit allumettes et une bouteille d’alcool à brûler.
 
 

"Je regrette mon geste"

Elle évoque d’une voix émue la relation conflictuelle qu’elle entretenait avec Fudji. Le propriétaire niera plus tard le comportement dangereux de son chien. Les grognements et le fait de relever les babines étaient "un mode d’expression pour lui".

Pourquoi est-elle passée à l’acte ? "Le coup de folie, le ras le bol, la haine d’un chien qui a voulu me faire du mal". Fudji se trouvait au centre de fréquentes disputes du couple.

Âgée de ​​​​38 ans, l'éleveuse de chiens vit du RSA. Elle a souffert de sévices psychologiques et physiques dans son enfance. Elle a fait une tentative de suicide l'année dernière et est suivie par une psychologue depuis janvier. "Je me sens coupable. J’aurais dû intervenir avant", raconte son ex-conjoint.

La prévenue termine sur un mea culpa : "Je regrette mon geste que je juge impardonnable. À l’heure actuelle, je poursuis les soins pour essayer de comprendre pourquoi." 
 

18 mois de prison requis

Les plaidoiries des 11 parties civiles s'enchaînent ensuite. Les associations de défense des animaux font des déclarations succinctes en posant plusieurs questions : pourrait-il y avoir préméditation ? Ce procès serait-il celui de la perversité de la prévenue ? Comment peut on s’approcher d’un chien dont on a la phobie ?

L'avocate du propriétaire du chien s'engage dans une plaidoirie virulente. "Ce qui m’inquiète c’est la personnalité de Madame". "L’immolation, je peux pas, c’est trop barbare", tonne-t-elle. "Ce n'est pas parce qu’on a eu une enfance difficile, qu’on fout le feu à un chien ! [...] Si c’était un humain, elle encourrait la perpétuité". 

18 mois d'emprisonnement dont neuf avec sursis ont été requis par la substitut du procureur. Elle a également demandé une mise à l'épreuve avec obligation de soins. L'affaire a été mise en délibéré, la décision du tribunal sera connue le 10 septembre.
 
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