Le collectif de patients contre Dentexia, centre de soins dentaires à bas coût, a organisé une rencontre samedi 14 mai, invitant plusieurs députés pour présenter l'avancement de leurs démarches. Seul le député de Saône-et-Loire Christophe Sirugue (PS) était présent.
Le collectif dentaire se sent abandonné
Lors de la rencontre avec le député Christophe Sirugue, le collectif a rappelé les conditions d'accueil « dégradantes » lors de la réunion au Ministère de la Santé le 1er avril et l'absence de contact depuis cette date malgré l'indication faite par les autorités d'une réunion commune avec le Ministère de la Justice.Pas de reprise de soins pour l'instant
Le collectif s'est exprimé au sujet de l'avancement du dossier, et plus particulièrement des soins des victimes :"En dehors des mesures d'accompagnement minimum mises en place au niveau local par les ARS (numéro vert et contact par mail), le collectif a fait remarquer que les soins ne pouvaient toujours pas reprendre en l'absence de la remise des dossiers médicaux par l'ONCD (selon l' ordonnance du juge commissaire du 31 mars 2016 lui donnant la capacité de récupérer et conserver les dossiers), et de l'assurance donnée aux praticiens d'une garantie de responsabilité en cas de reprise des travaux. La demande de levée des blocages à la reprise des soins par des praticiens libéraux ou exerçant en centre de santé (état des lieux buccodentaire « patenté » à même d’être reconnu comme pièce en cas d’expertise judiciaire ultérieure ; problèmes liés aux systèmes
spécifiques utilisés par Dentexia,...) a été présenté comme une étape prioritaire.
Le collectif a mentionné les doutes concernant la qualité des produits mis en bouche par Dentexia, et a expliqué le fonctionnement du système de financement mis en place par Dentexia avec le soutien de plusieurs organismes de crédit, et ce en dehors du cadre légal.
La santé des victimes en priorité
"De plus, le collectif a fait remarquer que chaque jour qui passe met en péril la santé des victimes en raison d'une dégradation continue de leur état sanitaire. Cette situation aura un coût bien plus important pour la Sécurité Sociale et les organismes en charge de la santé à moyen et long terme si aucune mesure rapide n'est prise. En plus du scandale financier et judiciaire, c'est à un scandale de santé publique auquel il va falloir s'attendre."Le député Christophe Sirugue porte "une attention élevée" au dossier
Le député a déclaré au collectif qu'il se sentait "concerné pour porter le combat". En effet, le député était maire de Chalon lorsque le centre dentaire Dentexia s'est installé à l'époque, et qu'il avait pris en compte les remarques du Conseil de l'Ordre des Chirurgiens Dentistes de Saône-et-Loire, face à l'arrivée d'un centre de soins à bas coût.Le député a ajouté qu'il " mettrait en oeuvre tout ce qui était possible dans le cadre de sa mission actuelle (député membre de la Commission des Affaires sociales) afin de faciliter la reprise des soins des victimes de Dentexia sans frais supplémentaires."
Vide juridique
Selon le collectif, le Député "a constaté le vide juridique de la loi actuelle face à des pratiques mercantiles utilisant la loi de 1901 comme façade d'un système mettant en oeuvre des activités de santé et aboutissant de fait à des pratiques commerciales délictueuses."Les actions à mener
Le Collectif souhaite la constitution d'un fonds exceptionnel, porté par le collectif afin d'aider les victimes à reprendre leurs soins sans avoir à repayer pour l'ensemble des soins.Le député a noté la situation de détresse morale et financière des victimes et l'impossibilité pour un grand nombre de pouvoir payer pour de nouveaux soins, particulièrement celles et ceux ayant utilisé leurs économies pour se payer les frais d'une remise en état de leur dentition.
Quant aux actions que Christophe Sirugue souhaite mener, il a détaillé ses volontés :
• envoyer un courrier officiel la semaine prochaine à Mme la Ministre de la Santé en vue de lui demander de prendre des mesures d'urgence, y inclus la mise en place d'un fonds exceptionnel à destination des victimes afin de leur permettre la reprise des soins sans frais supplémentaires, et la réalisation d'expertises à valeur légale,
• à rencontrer Mme la Ministre de la Santé et le cabinet du 1er Ministre en vue d'organiser une réunion de haut niveau avec le collectif dans un délai rapide (avant les vacances),
• de porter le sujet devant la Commission des Affaires Sociales à l'Assemblée Nationale en vue de proposer des modifications législatives rapides concernant les centres de santé « loi 1901 »,
• informer et mobiliser ses collègues locaux et nationaux,
• organiser une nouvelle réunion avec le collectif le vendredi 10 juin à 17h00 à sa permanence afin de faire le point sur les avancées,
• organiser une rencontre avec Mme la Ministre de la Santé et le collectif lors de la venue de celle-ci à Montceau les Mines le 21 juin.