Les menus de substitution au porc ont été supprimés dans les cantines scolaires de Chalon-sur-Saône. Un recours a été déposé par la Ligue de défense judiciaire des musulmans. Le tribunal administratif de Dijon a examiné l’affaire vendredi 25 août 2017.
Il y a près de deux ans, en septembre 2015, le conseil municipal de Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire, a mis fin aux menus de substitution au porc proposés principalement aux enfants musulmans. Cela concernerait environ 10 à 15% des 1800 élèves qui fréquentent les cantines scolaires de la ville.
Cette initiative du maire LR Gilles Platret avait provoqué un tollé.
"Le menu de substitution existait depuis 31 ans à Chalon et il faisait consensus chez les parents, les enseignants, les éducateurs", avait dénoncé la Ligue des droits de l'Homme.
De son côté, la Ligue de défense judiciaire des musulmans (une association présidée par l'avocat Karim Achoui) a déposé un recours qui était examiné par le tribunal administratif ce vendredi.
"Ça fait 40 ans que c’est comme ça et ça n’a jamais posé de problème. Ne méprisons pas les gens, ne les humilions pas. Là, ce qu’on leur dit c’est "vous êtes bizarres, vous êtes différents, vous êtes des anormaux", dit Nicolas Garderes, avocat de la Ligue de défense judiciaire des musulmans.
Un débat sur la laïcité
A l’audience, le rapporteur public (dont le rôle est d’analyser le litige et de proposer une solution) considère que "le menu unique n'est pas conforme à l'intérêt supérieur de l'enfant". Il recommande l'annulation de cette mesure.Mais, Philippe Petit, avocat de la ville de Chalon-sur-Saône, défend un point de vue opposé : "La laïcité qui est un principe fondateur, doit être préservé parce que c’est la base du vivre ensemble. Si on n’a pas cette règle entre nous, tous les communautarismes vont pouvoir revendiquer ce que les autres auront obtenu."
L’affaire a été mise en délibéré. Le juge administratif fera connaître sa décision lundi 28 août. En général, il suit les recommandations du rapporteur public.
Précisons que chacune des parties a déjà fait savoir qu'elle ferait appel en cas de défaite.
Le reportage d’Elsa Bezin, Dalila Iberrakène et Aurélien Marone-Missud
Intervenants :
-Nicolas Garderes, avocat de la Ligue de défense judiciaire des musulmans
-Philippe Petit, avocat de la ville de Chalon-sur-Saône