Où est pompée l'eau qui arrive dans votre robinet ? Comment est-elle traitée ? Et ensuite, que se passe-t-il une fois qu'elle a disparu dans votre siphon ? Nous sommes remontés à la source et avons suivi les canalisations de la communauté d'agglomération du Grand Chalon, en Saône-et-Loire.
Vous êtes-vous déjà demandé d'où venait l'eau de votre robinet ? L'eau, ressource essentielle pour notre confort, fait un long voyage. En France, 80 % de l'eau consommée est d'origine souterraine. À Chalon-sur-Saône, le captage se fait naturellement dans la nappe alluviale de la Saône. Une fois pompée, l'eau est acheminée dans une des quatre usines de production.
Mais pour être rendue potable, elle doit subir quelques traitements."La première installation est un ozoneur, qui va permettre d'oxyder les matières qui peuvent être présentes naturellement dans l'eau que sont le fer et le manganèse, précise Sylvain Tronquet, directeur de l'Eau et de l'Assainissement au Grand Chalon. Ces matières peuvent poser ensuite des problèmes de coloration de l'eau. On va pouvoir au travers de filtrations les enlever."
De l'ozone, du charbon puis du chlore
Décantée, l'eau est ensuite filtrée pour en retirer le sable. Une deuxième filtration va se charger des éventuelles traces de pesticides, elle utilise le charbon actif comme certaines carafes d'eau de nos maisons.
Le processus est alors terminé. Enfin presque, il reste une dernière étape. "On injecte du chlore qu'on mélange avec l'eau. C'est simplement pour s'assurer de la qualité sanitaire de l'eau qu'on va distribuer dans les réseaux d'eau potable et dans les châteaux d'eau", ajoute Sylvain Tronquet.
800 kilomètres de canalisations et 10 % de fuites
La distribution de l'eau est une attention de chaque instant. Sur l'agglomération de Chalon-sur-Saône, une quarantaine d'agents assure l'entretien et les raccordements. "Le réseau est assez étendu. Il y a 51 communes sur le Grand Chalon. Ça représente à peu près 800 kilomètres de canalisations. Entre les branchements et les fuites, il y a quand même pas mal de travail", explique Bruno Bourgeon, canalisateur à la régie du Grand Chalon.
Les fuites sont la bête noire des techniciens. Dans l'agglomération, elles représentent environ 10% des 5 millions de mètres cubes produits, c'est deux fois moins que la moyenne nationale.
15 000 m3 d'eaux usées par jour
Après son utilisation, l'eau file dans les égouts. Elle est souvent chargée en azote et en germes fécaux. On ne rejette pas une eau sale comme ça dans la nature. Celle-ci va de nouveau être traitée. La régie du Grand Chalon gère l'assainissement avec un opérateur privé. La station de Port Barois reçoit plus de 15 000 m3 d'eaux usées chaque jour.
"La première phase consiste à enlever tout ce qui flotte, comme les graisses par exemple et tout ce qui se décante facilement comme les sables qui vont être charriés par le réseau d'assainissement, détaille Julien Piques, directeur-adjoint de l'agence Saône-et-Loire et Jura chez Suez Environnement. Une fois ce pré-traitement terminé, on va passer au traitement biologique. Ce sont des bactéries qui sont élevées dans nos bassins. Nous les nourrissons à la fois avec des matières présentes dans l'eau et avec de l'oxygène. On passe ensuite dans des clarificateurs. Les boues vont décanter au fond des bassins. Nous faisons de la valorisation en agriculture, on s'en sert pour fertiliser les champs."
En fin de cycle, conformément aux normes européennes, l'eau est maintenant dépolluée à 97%. "En sortie de station d'épuration, l'eau va être rejetée en Saône, débarrassée des principaux polluants. Le rejet va être diffusé au fond de la Saône", détaille le directeur de l'Eau et de l'Assainissement du Grand Chalon, Sylvain Tronquet.
Ces eaux traitées finissent donc dans la nature. Il est donc important de ne pas les polluer outre mesure. Les toilettes ne sont pas des poubelles. On n'y jette pas des solvants, des herbicides ou des lingettes qu'on retrouve par légion dans les stations d'épuration. Il est aussi préférable de favoriser les lessives sans phosphate.
(Re) voir le reportage vidéo :
Reportage à Chalon-sur-Saône signé Sylvain Bouillot, Rodolphe Augier et Laurence Crotet-Beudet