En 1998, Pierre Bourdis entre en possession d'un film de 1926 captant un passage d'un spectacle de Joséphine Baker. Ce photographe de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) nous raconte l'histoire de ce document exceptionnel.
Pendant 14 ans, Pierre Bourdis a possédé un véritable trésor sans le savoir. En 1998, cet habitant de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) entre en possession d’une petite boîte avec à l’intérieur une pellicule de film. Mais ce n’est qu’en 2012 qu’il décide de numériser le document. Il découvre alors les images de Joséphine Baker, en pleine revue aux Folies Bergères en 1926.
À l’occasion de l’entrée au Panthéon ce mardi 30 novembre de l’artiste franco-américaine qui a œuvré dans la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale, le photographe et documentaliste a décidé de diffuser la précieuse archive. "J’espère qu’elle servira à la mémoire en souvenir de l’artiste. Ça résume une partie de la personne qu’elle était".
56 secondes de film
Le film dure au total 56 secondes. On y voit une énorme structure, représentant une mandarine s’ouvrir et laisser apparaître Joséphine Baker. Celle-ci danse alors frénétiquement, jusqu’à ce que le fruit mécanique se referme. Ce numéro concluait son spectacle aux Folies Bergères en 1926. A l’époque, l’artiste a 20 ans. Elle est en France depuis à peine un an.
Près d’un siècle plus tard, Pierre Bourdis s’émeut de la chance de posséder le document qui faisait partie d’une collection appartenant à Pierre Lebrun, un pionner de l’image au début du 20ème siècle. "Ce film m’a fait découvrir la beauté d’une image et l’énergie incroyable qu’elle dégage dans cette danse folle. En 56 secondes, vous avez une histoire complète. On est dans l’exceptionnel. Je ne pense pas que les spectacles dans les années 20 étaient de cet ordre-là".
Il y a quelque chose de merveilleux. Ça a un siècle et c’est toujours impeccable !
Pierre Bourdisphotographe et documentaliste
Celui qui vit à Chalon-sur-Saône est également touché par un léger détail du film. Juste avant que la structure ne se referme totalement, Joséphine Baker fait un petit signe à la foule, en forme de coucou. "C’est une sorte de liberté qu’elle s’autorise. Elle est déjà complétement libérée. Elle connait la puissance qu’elle dégage et s’autorise ce petit signe qui n’est pas dans le spectacle je pense".
Le documentaliste a prévu de jeter un petit coup d’œil à la cérémonie de panthéonisation prévue ce mardi. "C’est une femme de couleur, franco-américaine, une femme de l’art, une femme engagée. Je ne vois pas comment on ne pourrait pas être touché. Elle sert d’exemple, d’autant plus qu’elle entre au Panthéon. Ça fait du bien à notre pays d’avoir un être comme ça multifacettes".
Le mini-film déniché par Pierre Bourdis devrait donc maintenant alimenter les archives et servir à la réalisation de documentaires sur l’artiste et résistante.