Les habitants accusent le maire, également président du syndicat des eaux, d’avoir délibérément caché pendant près de sept mois les résultats inquiétants d’analyses de l’eau potable, chargée en chlorure de vinyle, une substance cancérigène.
La médiatisation de l’affaire semble avoir fait avancer les choses. Nous vous parlions, ce jeudi 29 décembre, des habitants de Savigny-en-Revermont en colère : ils ont appris que leur maire savait depuis le mois de mai que l’eau était polluée, sans avoir prévenu ses administrés.
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Ce vendredi 30 décembre, le collectif d’habitants H2O a été reçu en fin de matinée par la préfecture, aux côtés de l’Agence régionale de santé, du service des eaux, du maire Robert Goyot - également président du syndicat des eaux -, du vice-président du syndicat des eaux et de parents d’élèves, pour discuter de ce contentieux.
L'eau sera analysée dans les écoles de la commune
À l’issue de cette réunion, nous avons joint par téléphone le président du collectif H2O Jean-Jacques Thévenot et Yoann Pimentel, conseiller municipal, chimiste de profession et également membre d’H2O.
Le collectif est arrivé avec plusieurs revendications : en premier lieu, la démission de Robert Goyot pour “manquements graves à ses obligations”. Autre demande : la mise en place de bouteilles d’eau dans deux hameaux pour remplacer l’eau potable (Chavannes et Beauvernois), et l’analyse du chlorure de vinyle dans tous les hameaux de Savigny-en-Revermont dans le courant du mois de janvier.
Ces revendications ont été retoquées. Seule demande acceptée : l’analyse du chlorure de vinyle dans les écoles de Savigny-en-Revermont et la mise en place de bouteilles d’eau potable dans ces écoles dès la rentrée.
Le maire "ne prend pas ses responsabilités", selon le collectif
Les membres du collectif H2O accusent le maire Robert Goyot d’avoir délibérément omis d’informer les habitants que les neuf tests réalisés en mai avaient révélé des taux beaucoup trop élevés de chlorure de vinyle. Selon eux, pendant la réunion de ce vendredi, “le maire a essayé de dire que si, si, il avait bien donné les résultats. Mais nous avions anticipé avec un constat d’huissier qui prouve le contraire, qu’il n’y avait pas eu d’information publique”, note Yoann Pimentel.
“Ensuite, il s’est défaussé en disant que ce n’est pas lui qui envoie les emails et publie les informations, etc. Mais, pour avoir travaillé quatre ans en mairie, je sais que la secrétaire de mairie est une personne exemplaire qui ne commettrait jamais l’erreur d’oublier de publier des documents. Je trouve le comportement du maire inadmissible, il ne prend pas ses responsabilités”, déplore Yoann Pimentel.
“Pour nous, il y a une volonté du maire de vouloir cacher cette pollution.”
Collectif H2O
Le maire de Savigny-en-Revermont se défend
Nous avons contacté Robert Goyot ce vendredi après-midi. Le maire et président du syndicat des eaux a une toute autre lecture de cette affaire.
“Monsieur Pimentel était mon premier adjoint et a été démis de ses fonctions le 24 novembre pour une raison qui n’a rien à voir avec l’eau. Depuis, on cherche à se venger de moi. Le but, c’est de m’éliminer”, affirme l’élu. “Pour l’eau, on a fait ce qu’il faut”, assure-t-il.
“Ce n’est pas l’eau qui les intéresse, c’est une vengeance !”
Robert Goyot
Selon Robert Goyot, les analyses d’eau ont bien été affichées en mairie lorsque celle-ci en a eu connaissance au printemps. “Le problème, c’est que le panneau d’affichage n’a pas de porte qui ferme à clé. Donc, je n’accuse personne, mais n’importe qui a pu retirer ces feuilles.”
Le maire de Savigny-en-Revermont ajoute que des travaux seront réalisés “dès le début d’année”. “On va supprimer une boucle de 600 à 700 mètres de canalisations pour que l’eau puisse circuler plus vite et stagne moins, ce qui peut être efficace pour faire diminuer le taux de chlorure de vinyle. On a déjà supprimé 77 mètres d’une première boucle, et ça a fait baisser le taux de substance.”