La colère des habitants de Savigny-en-Revermont (Saône-et-Loire). Ce mardi 27 décembre, la mairie les a alertés sur la présence d'une substance chimique et cancérigène dans le réseau d'eau courante de la commune. Mais le maire aurait été informé depuis plusieurs mois sans réagir selon eux.
C’est sa seule réserve pour faire sa cuisine et se laver. Depuis cette semaine, Huguette ne consomme que de l’eau en bouteille. Car la commune où elle habite, Savigny-en-Revermont (Saône-et-Loire) est touchée par une pollution. Du chlorure de vinyle, une substance cancérigène relâchée après avoir transité dans des canalisations en PVC antérieures à 1980, est présente en quantité anormalement élevée dans l’eau courante.
Des tests ont été réalisés dans le robinet de sa cuisine et des traces de la substance ont été détectées. "Ça me fait peur, je ne fais plus rien. J’ai aussi appris que dans les douches, la buée qu’on avale peut déclencher des cancers. C’est dangereux", confie Huguette.
Des premiers tests réalisés en mai
Mais à la peur, s’ajoute également la colère. Car le maire de la commune, Robert Goyot, serait au courant de la situation depuis plusieurs mois. En mai dernier, l’Agence régionale de santé (ARS) procède à neuf tests dans différents secteurs du village. Mais la population n’est pas mise au courant.
Ce n’est que récemment que Yoann Pimentel, conseiller municipal et chimiste de profession, se procure les résultats et est alerté par des taux anormalement hauts. "Le 16 juin, 1,5 microgrammes par litre. Le 26 juillet, 2 microgrammes par litre. Normalement, c’est 0,5 microgrammes par litre", nous indique-t-il.
Le syndicat des eaux, présidé par le maire, était bien au courant
Selon lui, le maire de la commune, également président du syndicat des eaux, n’aurait pas réagi. "Avec tous les éléments que l’on a, je ne vois pas comment il ne pouvait pas être au courant. Il savait qu’il y avait un danger ! Pour moi, c’est une trahison de toute la majorité municipale d’avoir camouflé les choses comme ça".
Contacté ce mercredi 28 décembre, l’ARS nous confirme que le syndicat que dirige l’édile était bien au courant. "Le 16 juin, l’ARS a demandé au syndicat de mettre en œuvre des mesures correctives de court terme, à savoir des purges régulières sur la partie de canalisations concernée".
Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi les élus et la population n’étaient pas au courant. Le principe de précaution dans cette affaire n’a pas été appliqué.
Yoann Pimentel, conseiller municipal
Dans un guide datant de novembre 2020, l’Agence régionale de la santé impose aux collectivités territoriale d’informer la population au nom du principe de précaution et aux maires de publier un arrêté municipal demandant aux habitants de consommer de l’eau en bouteille, dès qu’une substance nocive est détectée dans le réseau d’eau courante.
Un collectif d'habitants demande des réponses
"Ça n’a pas été fait. Beaucoup de choses n’ont pas été faites dans ce dossier-là, alors que l’ARS a fait ce qu’il fallait. C’est révoltant. On a joué avec la santé des gens !" Dans son communiqué, l’Agence régionale de santé indique que le syndicat des eaux a mis en œuvre des actions qui "ont permis de réduire la concentration en chlorure de vinyle monomère dans l’eau (0,75 microgrammes par litre), mais celle-ci demeure supérieure à la limite de qualité (0,5 microgrammes par litre)".
Mais cela n’empêche pas les habitants d’avoir des questions et de se demander pourquoi le maire de Savigny-en-Revermont ne les a alertés que ce mardi 28 décembre, soit près de sept mois après les premières analyses. H2O, un collectif citoyen a alors été créé.
"On veut savoir la vérité. Quelle population est touchée ? Qu’est-ce qui est préconisé ? Je pense aux enfants qui retournent à l’école mardi. Est-ce que l’école a été testée ? Quelle eau on donne à nos enfants ? C’est important qu’il y ait un dialogue entre la population et les élus", réclame Aurélie Pernin, secrétaire du collectif et s’est réuni ce mercredi pour faire pression sur le maire.
Contacté, ce dernier n’a pas souhaité nous répondre. L’ARS lui laisse un an pour réduire le niveau de pollution sur les secteurs concernés.