Ce samedi 18 février, une centaine de maires de Côte-d'Or, de la Nièvre et de la Saône-et-Loire se sont rassemblés pour protester face à la fermeture de la maternité d'Autun. Ils ont symboliquement remis les clés de leurs mairies au sous-préfet.
Le geste est symbolique. Un à un, les élus déposent les clés de leur mairie, agacés de ne pas être entendus. Près de cent maires du Morvan se sont réunis à l'Hôtel de Ville d'Autun ce samedi 18 février, pour manifester leur mécontentement face à la fermeture de la maternité.
"L’état ne nous écoute pas donc on rend notre tablier. Qu'ils exercent eux-mêmes les missions dans les communes. Entre la présence postale, les écoles, les services de santé, de transport... On nous retire semaine après semaine les services publics", se plaint Vincent Chauvet, maire MoDem d'Autun.
En quelques semaines, la maternité d'Autun est devenue l'un des symboles de la crise du système de santé en Bourgogne, fermée par l'Agence Régionale de Santé en raison d'un manque de pédiatres.
Les élus montent au créneau
L'image est tout sauf anodine. Dans la rue, une centaine de maires défilent pour manifester, avec l'envie de défendre cette maternité. "La mobilisation est historique, c’est la première fois qu’on voit ça à Autun. Le Morvan est une terre qui vit et qui doit être défendue. Il faut tout faire pour maintenir les services de santé dans le Morvan, si nous voulons maintenir et attirer une autre population", assure Vincent Chauvet.
Depuis, les défenseurs du maintien de l'activité dénoncent une "décision technocratique" et prise sans concertation avec les élus locaux. Avec la fermeture de la maternité d'Autun, c'est tout un secteur de 170 km, entre Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et Nevers (Nièvre) qui se retrouve sans offre publique de maternité.
"Je pense que le gouvernement n’a pas mesuré profondément le degré de mépris ressenti par les élus locaux sur cette affaire. On ne peut pas même pas parler d'un manque de dialogue parce qu'il n'y en a jamais réellement eu", se désole Vincent Chauvet, le maire MoDem d'Autun.
"On a le sentiment que l’agence régionale de santé a organisé la désorganisation des services de la maternité. Quand on veut tuer son chien c’est mieux de se dire qu’il a la rage, et c'est un peu se qu'il se passe actuellement", estime son voisin de Vianges, Pierre Poillot (DVG).
Des solutions "inacceptables" pour les élus
L'ARS et le ministre de la Santé François Braun ont pourtant tenté de trouver des solutions pour calmer ceux qui se sont rassemblés. Le principal intéressé a d'ailleurs souligné que la "La suspension de la maternité d’Autun, indispensable afin de garantir la sécurité des patientes, n’est aucunement liée à des considérations budgétaires."
Les services de l'Etat évoquent notamment la création d'une maternité territoriale et de centres d'hébergement pour les femmes enceintes à moins de 45 minutes de différentes cliniques.
Des propositions qui n'ont pas convaincu les élus, jugées même "inadmissibles" par certains. Ces derniers critiquent les décisions du ministre de la Santé. Selon eux, la ruralité est encore mise en danger.
"Ce n'est pas la solution", assure Louis Basdevant maire (SE) d'Anost. "On ne peut pas demander à des sages-femmes de faire que de la prévention, on tient à ce que nos enfants naissent dans nos territoires."
"On nous propose de créer des appartements où les mères peuvent attendre avant d’accoucher, mais ça fait depuis que 1955 que l’OMS propose ça à des pays en sous-développement. On reconnait que le Morvan est un pays sous-développé, c’est inadmissible et ce n'est pas supportable."
Lundi 20 février, les maires manifesteront à nouveau leur mécontentement. Les drapeaux seront mis en berne sur les frontons de toutes les mairies du secteur. Les élus rencontreront des représentants de l'ARS pour tenter de trouver une solution.