Tom Félix s'est fait arrêter le 9 août 2023 en Malaisie pour possession de cannabis. Depuis, il clame son innocence. Ses parents, originaires de Saône-et-Loire, ont décidé de prendre la parole. Ils s'inquiètent de ses conditions de détention, et demandent à la France de s'interposer dans le dossier.
Un coup de fil, reçu le 14 août 2023, et toute la vie de Sylvie et de Jean-Luc Félix a basculé. En décrochant, il voit le nom de leur fils, Tom. "L'appel a été rapide. Il nous a expliqué qu'il avait été arrêté le 9 août dernier pour possession de drogue, avant de nous demander de prévenir l'ambassade et de contacter un avocat."
Lorsqu'ils raccrochent, ces deux enseignants, originaires de Saône-et-Loire, n'en reviennent pas. "On était complètement anéantis. Le ciel venait de nous tomber sur la tête," car rien ne le prédisposait à passer plus d'un an dans une prison malaisienienne.
Au contraire. Cet homme de 32 ans est né à Vénissieux. Pendant deux ans, il habite avec ses parents à Jully-lès-Buxy (Saône-et-Loire). Puis, sur un coup de tête, ils décident de découvrir le monde.
Ils partent vivre à La Réunion, avant de visiter l'Asie, et plus particulièrement les Philippines et Singapour, où Tom passe son baccalauréat. Ses parents décident de s'installer dans ce pays asiatique. De son côté, Tom continue son tour du monde : un bachelor en Australie, puis un master en France, avant de terminer ses études à Hong Kong.
Dernier voyage en date : il s'installe en malaisie, sur l'île de Langkawi, où il s'associe avec un résident malaisien pour créer une entreprise de restauration locale.
Il clame son innocence
Les deux collègues vivent dans un appartement en colocation. Le 9 août, Tom est interpellé avec cet ami malaisien. Ils sont tous les deux interrogés, mais rapidement, le colocataire de Tom passe aux aveux. "Il a expliqué qu'il était celui qui détenait les stupéfiants. Il a aussi totalement innocenté Tom, en précisant qu'il n'était au courant de rien," ajoutent-ils.
Tom explique à ses parents qu'il est innocent. Ils le croient, surtout que d'autres incohérences sont relevées dans cette enquête : les policiers n'auraient par exemple pas fouillé son téléphone à la recherche d'indices. Le dossier ne contiendrait "quasiment aucune preuve."
La quantité de drogue récupérée par la police a évolué au fil du temps. "On nous a d'abord dit qu'ils avaient retrouvé 400 grammes. Cinq mois plus tard, à la suite de rapports d'analyses, on apprend qu'ils ont récupéré 1,8 kilo de cannabis. On nous a dit que c'était très rare, mais pas illégal."
Rien n'y fait, Tom est quand même transféré à la prison de Perlis, située sur le continent malaisien. Pour ce jeune de 32 ans, c'est la douche froide, surtout que les conditions d'incarcérations sont délétères : "Il dort dans une cellule en béton, sur un tapis de yoga. Il n'a pas de fenêtre dans sa cellule, pas le droit de sortir ou de regarder la télévision."
Un risque réel pour sa santé
Sa détention pose également des soucis réels pour sa santé. "Il a déjà attrapé la gale, il a eu des furoncles. Lorsque nous sommes allés le voir, une épidémie de tuberculose frappait la prison. Il a un problème aux poumons. Ils sont très sensibles, donc s'il contracte cette maladie, c'est très complexe." Tom a accès à des médicaments et à des traitements, mais de manière sporadique.
"Si on ne fait pas des pieds et des mains à l'ambassade, si l'avocat ne passe pas, alors rien n'est fait."
Sylvie Félix
Autre problème : il a subi des mauvais traitements. "De ce que l'on sait, il a été maltraité une fois, puisqu'il a reçu des coups de bâton sur la plante des pieds," lance sa mère. Sylvie et Jean-Luc ont sollicité une association des droits de l'homme malaisien pour comprendre ce qu'il s'était passé, mais ils n'ont pas eu de réponse.
Depuis l'arrestation de leur fils, ils tentent donc de le libérer à l'aide de l'ambassade. Mais cela n'avance pas. "Pour l'heure, le consul a effectué trois visites. Il estime que rien ne peut être fait, car Tom est détenu dans des conditions classiques pour une prison malaisienne. Ils ont peur d'être accusés d'ingérence."
Un risque réel de "peine de mort" ?
Aucun moyen d'avancée, donc. Du côté judiciaire, le procès de leur fils a été fixé pour juin 2025. "Cela fait un an que notre fils est emprisonné alors qu'on sait qu'il est innocent. On risque d'attendre un an, voire plus. On ne veut pas qu'il tombe dans l'oubli et qu'il meure en prison !"
Ils ont donc demandé à François Zimeray, avocat au barreau de Paris et ancien ambassadeur de la France pour les droits de l'homme, de s'occuper du dossier de leur fils. Il a tout de suite accepté. "J'ai apporté mon aide à cette famille puisque nous avons ici un dossier avec des problèmes juridiques et diplomatiques," explique-t-il.
Selon lui, Tom Félix risque d'être condamné à la peine de mort, comme le prévoit la loi relative aux drogues dangereuses dans le pays. "On ne contrôle absolument rien de cette procédure, donc on a le devoir d'être inquiet." D'où cette mobilisation. Les parents et l'avocat de la famille en appellent donc au gouvernement français.
"On espère interpeller la France, les politiques, pour qu'il puisse y avoir des discussions entre le pouvoir français et celui de Malaisie," lancent les parents du jeune homme. De son côté, l'avocat français va plus loin. "Lorsqu'il sera nommé, je veux que le ministre des Affaires étrangères reprenne le combat pour une abolition universelle de la peine de mort."