"J'ai été surpris par les réactions" : cinq semaines après la vidéo de L214, Thierry Chevenet s'explique

Le 27 octobre dernier, l'association L214 révélait des images troublantes montrant les conditions de vie des chèvres de l'élevage Chevenet, en Saône-et-Loire. Cinq semaines plus tard, son propriétaire, Thierry Chevenet, nous a ouvert les portes de son exploitation.

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Il est dans la tourmente depuis ce jour où, fin octobre, L214 dévoilait les conditions de vie sordides des animaux dans son élevage de Saint-Maurice-de-Satonnay, photos et vidéo à l'appui. Pourtant, Thierry Chevenet l'assure : rien de tout ça n'est vraiment anormal dans une exploitation. "J'ai été surpris des réactions que la vidéo a suscitées, car pour moi la seule image vraiment choquante est celle d'une personne qui frappe une chèvre, quelqu'un qui ne travaille visiblement pas dans l'élevage", souligne le dirigeant de l'entreprise, premier producteur européen de fromage de chèvre fermier.

"Ça fait partie des systèmes qu'on retrouve dans beaucoup d'élevages"

Dans son rapport rendu le 2 décembre dernier, la préfecture de Saône-et-Loire concluait elle aussi que, malgré plusieurs "non-conformités" constatées lors des inspections (absence de local dédié à l'infirmerie, défauts dans l'abreuvement de certains boucs...), aucune trace de maltraitance animale n'était à signaler au sein de l'exploitation. "On m'a demandé de retirer des barrières tombées par terre, d'éviter des écoulements de fumier, de disposer d'un personnel compétent, de faire évoluer mon système d'abreuvement... Voilà les manquements qu'on avait à l'époque", défend Thierry Chevenet.

Tout a une explication.

Thierry Chevenet,

dirigeant de l'élevage caprin Chevenet

Alors quid des amoncellements de cadavres ou des chèvres parquées par dizaines dans des enclos exigus ? "Tout a une explication", plaide l'éleveur. "Les tas d'animaux morts, c'est possible que ça arrive, parce que normalement l'équarrisseur doit passer sous 48 heures. Mais l'été, c'est souvent plus compliqué, notamment sur la période du 15 août où il manque parfois des chauffeurs." Quant aux caprins à l'étroit dans les enclos, il s'agit simplement d'un passage obligatoire pour la traite selon l'agriculteur. "Ça ne dure pas très longtemps et elles ont à boire, c'est une aire d'attente. Ça fait partie des systèmes qu'on retrouve dans beaucoup d'élevages."

Vidéosurveillance et audits pour améliorer le bien-être animal

Depuis les révélations de L214 et malgré ses explications, Thierry Chevenet dit s'être interrogé sur les pratiques de son élevage. En plus des deux contrôles opérés par les services de l'État, le producteur a demandé un audit à la chaire vétérinaire de Lyon. "Je voulais savoir quel était l'avis de professionnels concernant le bien-être animal dans mon élevage", affirme-t-il. "Nous avons été aussi audités par nos clients, et ces audits n'ont pas mis en évidence de problèmes particuliers."

Les audits menés par nos clients ont montré qu'on était plutôt dans la "bonne catégorie" des éleveurs.

Thierry Chevenet,

dirigeant de l'élevage caprin Chevenet

En parallèle, l'intéressé a également installé un réseau de vidéosurveillance sur son exploitation de Saint-Maurice-de-Satonnay, où sont élevées 1 600 de ses 2 000 bêtes. L'objectif de ce dispositif est avant tout de permettre une meilleure surveillance des animaux, "pour mieux les repérer et les isoler" s'ils sont malades ou blessés. "Et on ne va pas s'arrêter là. On va essayer d'améliorer encore les choses", glisse Thierry Chevenet. À terme, il dit aussi vouloir ouvrir son élevage au grand public afin de mieux informer les consommateurs.

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