"J’m’en sortirai toujours" : la vie après un décrochage scolaire

Raphaël, Amandine et Nathan, tous dans la vingtaine, sont d’anciens décrocheurs sortis du cursus scolaire sans diplôme. Déterminés à s’en sortir malgré tout, ils font face à cette difficulté, motivés par une hargne de prouver qu'ils ne sont pas des "bons à rien", comme leur disait l'École.

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Les chiffres de l’Insee de 2021 indiquent que le taux de chômage, 1 à 4 ans après la sortie du système de formation est de 44,6 % pour les non-diplômés contre 19,1 % chez les détenteurs d’un Bac, CAP, BEP ou équivalent.  

Comme tant d’autres, Raphaël, Amandine et Nathan avancent de plan B en plan B dans leurs vies professionnelles, en s’appuyant sur les savoir-faire qu’ils acquièrent en chemin. Actifs dès leur majorité, ils ne sont pas résignés et continuent inlassablement à chercher leur étoile. C’est un esprit de revanche qui les a portés de petits boulots en petits boulots jusqu’à aujourd’hui.

C’est vrai qu’être sans diplôme c’est plus compliqué car il n’y a rien d’écrit sur ton CV qui te donne de la "valeur", c’est à toi de définir ce que tu vaux.

Nathan

Souvent rebelles autant que déterminés, eux qui se sont construit dans l’échec scolaire, cultivent une forme de détestation des "systèmes" qui, à l’exemple de l’école, ne leur donneraient pas toutes leurs chances de réussir. Ils ont une vision du monde du travail où le "mérite" remporte tout.  

En 2016, la réalisatrice Virginie Saclier réalise le documentaire "Décrochage" suite à l’abandon du cursus scolaire de son fils Raphaël à l’âge de 14 ans. L’idée de prolonger par un second film cette exploration documentaire à propos des décrocheurs lui est venue avec l’envie de tirer un trait sur cet épisode de leurs vies :  " p as pour conclure victorieux en affirmant que sans diplôme on s’en sort très bien, ce postulat est faux de toutes façons, car sans diplôme on s’en sort mais par d’autres chemins."
Dans "J’m’en sortirai toujours" réalisé par Johann Michalczak, elle revient sur le parcours de son fils Raphaël, la vingtaine aujourd’hui, qui a toujours du mal à "intégrer le système".

C’est angoissant pour des parents quand son enfant n’arrive pas à trouver ce qu’il veut, se fixer...

Virginie Saclier

Raphaël a cumulé plusieurs contrats courts dans une entreprise du secteur de l’aménagement paysager près d’Annecy. Il n’avait aucune expérience dans ce domaine et il a fait ses preuves, si bien qu’il a signé un CDI. Grand et "costaud", il espérait rapidement devenir chef de chantier et prouvait tous les jours sa bonne volonté et son efficacité en se donnant physiquement à ses taches.
Quelques mois plus tard, il a tout remis en question et a démissionné. La raison de son départ ? Une prise de conscience qu’il n’allait de sitôt "monter en grade", et une "friction" avec son patron. Pour lui, c’est une désillusion. " Je suis redescendu de mon petit nuage" dit-il.
Désœuvré et rapidement dans le besoin financier après cette démission, il revient chez sa mère en Bourgogne pour travailler temporairement dans une entreprise qui produit des guirlandes de sapin. " Le but est de trouver un travail qui me plait, pas seulement pour gagner de l’argent ".


Le jeune homme garde l’espoir de se mettre un jour à son compte, en auto-entrepreneur, pour proposer ses services de jardinier. " Je me sens bien dans le travail des espaces verts, alors pourquoi pas monter ma boite, je n’ai pas besoin de diplôme pour ça…"

"J’m’en sortirai toujours", c’est aussi l’histoire d’Amandine et de Nathan. Des jeunes sans diplôme avec des trajectoires différentes.  

Amandine, 24 ans, a enchainé de nombreux petits boulots en intérim.

Lucide, elle confie " quand tu n’as pas de diplôme tu sais qu’il y a des choses impossibles… tu essayes de te rabattre sur des possibilités à ta portée". Actuellement, elle travaille en 3/8 dans l’usine Michelin où elle vient d’obtenir un CDI.
Elle sait que c’est une petite victoire et que grâce à ce contrat, elle peut envisager une évolution dans l’entreprise. Amandine s’accroche et ne regarde pas derrière elle.

Je ne me sens pas inférieure à ceux qui ont des facultés que je n’ai pas… je suis meilleure qu’eux dans d’autres domaines.

Amandine

Nathan a arrêté l’école à 15 ans. Depuis, ce passionné de musique a installé un studio d’enregistrement dans le garage familial. " Quand je disais que j’aimerai travailler dans le monde de la musique, on me répondait qu’il fallait que je trouve un vrai travail, avoir un diplôme…"

Actuellement, sa passion est loin de le faire vivre et d’être autonome financièrement, alors il n’hésite pas à prendre régulièrement de petits boulots pour participer aux dépenses quotidiennes de la maison.

Tous ont en commun de vivre encore chez leurs parents. Un soutien financier et psychologique non négligeable qui les aide à reprendre confiance en eux, en ce qu’ils valent.  

On ressort de ce film imprégné d’une forte sollicitude envers ces jeunes qui ont loupé quelque chose, qui n’ont pas su prendre l’ascenseur social de l’école, parce que cela ne leur correspondait pas.
Pourquoi s’inquiéter puisqu’ils savent mieux que les autres passer à autre chose et qu’ils restent convaincus qu’ils s’en sortiront toujours ?  

"J’m’en sortirai toujours", un film réalisé par Johann Michalczak et écrit par Virginie Saclier
Une coproduction France Télévisions / Aximée Productions

Diffusion jeudi 28 avril à 22h35 et mardi 3 mai à 9h50
♦ A retrouver en replay pendant un mois sur notre page des documentaires.

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