La déclassification des archives judiciaires et policières du régime de Vichy a été décrétée fin décembre 2015 par le gouvernement. Jean Sibille, qui a grandi au Creusot, en Saône-et-Loire, s'intéresse à son enfance pendant la guerre.

Qu’est-ce qui va changer pour les chercheurs ?

Jusqu’à présent, quand on voulait consulter certains documents sur la Seconde Guerre mondiale, il fallait patienter souvent plusieurs mois pour obtenir une réponse. Mais de tels délais ne sont plus de mise avec l'ouverture quasi-intégrale des archives sous le gouvernement de Vichy, du nom de cette ville thermale où le régime du maréchal Philippe Pétain officia de juillet 1940 à août 1944.

"Les trois mois à venir vont générer beaucoup de questions, déclare l'archiviste Caroline Piketty. Il va falloir qu'on trouve des solutions rapides et efficaces". La période de Vichy ne représente qu'une paille dans l'immensité des archives : 700 mètres d'épaisseur, quand le bâtiment de stockage aux interminables couloirs blancs a une capacité totale de 320 km.  Mais, ces 700 mètres renferment des centaines de milliers de documents, dont beaucoup n'ont jamais été consultés. Jusqu'au décret gouvernemental, un petit autocollant représentant un sens interdit était apposé sur les cartons concernés. "Maintenant, on va pouvoir dépouiller tous les dossiers, se réjouit l'archiviste. C'est passionnant."



Que s’est-il passé au Creusot sous le gouvernement de Vichy ?

Dans la vaste salle de consultation des archives nationales, Jean Sibille, qui a grandi au Creusot, en Saône-et-Loire, compulse un épais ouvrage vichyste. "Je m'intéresse à mon enfance pendant la guerre. J'essaie de me rappeler ce que j'ai vécu et surtout savoir si je n'ai rien déformé", explique ce retraité de 79 ans. Après des "centaines de journées" passées sur place, Jean Sibille a eu confirmation que certains de ses proches étaient "de vrais résistants", quand d'autres étaient "des collaborateurs actifs, qui dénonçaient des gens".

Mais, de nombreuses zones d'ombre demeurent. Jean Sibille a gardé des "souvenirs très précis", mais il "ne sait toujours pas pourquoi" ses parents "lui interdisaient d'aller dans certains quartiers de la ville".
"J'espère beaucoup du décret" gouvernemental, ajoute cet ancien informaticien, avide de pouvoir enfin consulter les documents policiers de l'époque.
Que permet l'arrêté du 24 décembre 2015 concernant l'ouverture d'archives relatives à la Seconde Guerre mondiale ?

L'arrêté du 24 décembre 2015 portant ouverture d'archives relatives à la Seconde Guerre mondiale, publié au JO du 27 décembre 2015, permet désormais la libre consultation, avant l'expiration des délais prévus à l'article L. 213-2 du code du patrimoine, de l'ensemble des archives relatives à ce conflit.

"Si ces archives étaient déjà en grande partie communicables, plusieurs catégorie de documents n'étaient pas encore librement accessibles, en particulier les archives des juridictions et de la police judiciaire. Cet arrêté ouvre, par dérogation générale, les archives des juridictions d'exception de Vichy et du Gouvernement provisoire de la République, ainsi que les archives de la police judiciaire de 1939 à 1945, et de 1945 à 1960 pour les affaires relatives à des faits de guerre survenus entre 1939 et 1945", indiquent les archives de Saône-et-Loire.
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