Sur le site d'Alstom au Creusot les salariés se posent beaucoup de questions suite à l'annonce officielle de la fusion avec Siemens. Les représentants syndicaux n'ont eu aucune autre source d'information que celle de la presse.
L'annonce de la fusion des activités ferroviaires des groupes industriels allemand Siemens et français a fait l'effet d'un coup de massue au Creusot. Les salariés attendent d'en savoir plus. Pour le moment les délégués syndicaux affirment ne pas avoir été informés autrement que par la presse. Une réunion d'information du personnel doit se tenir le jeudi 28 octobre à 14 heures.
En attendant, ceux qui acceptent de livrer leur sentiment, expriment une certaine inquiétude pour le maintien de l'emploi. Ils aimeraient croire à la promesse de pérennisation du site pendant 4 ans. Mais ils en doutent. " On nous dit 4 ans, et puis on a bien vue ce qui s'est passé avec Géneral Electric" disent-ils. " Il ne devait pas y avoir de licenciement pendant 3 ans, et on licencie 300 personnes à Grenoble aujourd'hui" fait remarquer un responsable syndical.
Et puis il y a une autre crainte. Le site d'Alstom au Creusot n'est pas le seul à produire des bogies ferroviaires. Alstom possède un autre site en Allemagne, celui de Salzgitter. "On sait que Siemens a un grand atelier de bogies, de locomotives, de tout… Donc n’importe quel site peut être impacté. C’est ça le problème aujourd’hui. Nous on est leader des bogies mondial dans Alstom mais qu’adviendra-t-il demain ? Ça on ne sait pas."
Quelques salariés attroupés à proximité des bâtiments du site discutent entre eux : "ils nous disent qu'il n'y aura pas de fermeture de site, mais si les effectifs sont ajustés à la charge de travail? " Un autre ajoute " Et Bombardier?" Car une autre interrogation se pose après la fusion d'Alstom et Siemens: est-ce que le Canadien Bombardier Transport pourra encore rester seul longtemps?
Les motifs d'inquiétude planent sur le site du Creusot, d'autant que Siemens est majoritaire (actionnaire de premier plan) dans ce regroupement d'activités ferroviaires. Cependant c'est bien un géant Européen qui vient de naître avec cette fusion, et il est le numéro deux mondial juste après le mastodonte China Railway Rolling Stock Corporation .
A Berlin, lors d'une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a salué la décision de l'Etat français de ne pas être actionnaire de la nouvelle entité, un point très critiqué en France."Cela montre de notre point de vue la confiance commune que les deux gouvernements ont dans le fonctionnement des marchés"ajoutant que "La décision des entreprises est particulièrement importante dans le contexte des défis mondiaux et européens auxquels ce secteur est confronté. C'est un projet de coopération de rang européen et mondial et les deux partenaires ont un potentiel élevé d'innovation".
De leur point de vue au Creusot, les représentants syndicaux font remarquer qu'il serait judicieux de copier le modèle de coopération Européeenne Airbus qui assure des emplois pérennes dans plusieurs pays.
Reportage : Anne Berger - Amélie Douay - Cyril Provost
Intervenants : Lionel Duparay, Délégué CFE-CGC - Angelo Bonu, Délégué CFDT - Patrick Martin, Délégué CGT