L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) va demander à EDF d'examiner d'ici fin 2018 des composants fabriqués à l'usine Areva du Creusot qui ont été installés sur des réacteurs. En Saône-et-Loire, on espère que ce nouveau contrôle permettra de lever définitivement les doutes sur la fabrication.
Le fonctionnement de l'usine Areva au Creusot, en Saône-et-Loire, a été marqué par de nombreuses irrégularités pendant des années.Dès 2005, plusieurs anomalies significatives avaient été constatées.
Des "anomalies" ont notamment été détectées dans le suivi des fabrications d'équipements au sein de l’usine, là où a été forgée la cuve de l'EPR de Flamanville dont l'acier présente un défaut de composition.
Mais, la cuve de l’EPR de Flamanville n’est pas la seule malfaçon reprochée à l’usine du Creusot. En tout, une centaine d'irrégularités ont été repérées.
L’émission "Secrets d’info" diffusée sur France Inter est revenue sur ce dossier dimanche 16 juillet 2017.
Le reportage de Maxime Bayce, Julianne Paul et Pascal Rondi
Un examen des composants d'équipements sous pression nucléaires
La production de la forge du Creusot a été interrompue en 2016 et vient de reprendre fin juillet pour fabriquer un élément destiné à la future centrale nucléaire d'Hinkley Point en Angleterre.
L'Autorité de sûreté nucléaire doit encore autoriser la production de pièces destinées à la France.
Dans un projet de décision, l’ASN ( qui est le gendarme du nucléaire) indique vouloir demander à "EDF l'examen de l'ensemble des dossiers de fabrication des équipements installés sur ses réacteurs en fonctionnement". Il s'agit spécifiquement "des composants d'équipements sous pression nucléaires", les pièces les plus importantes issues de l'usine bourguignonne.
"EDF doit transmettre à l'ASN le bilan de cette revue deux mois avant le redémarrage de chacun de ses réacteurs à la suite d'un arrêt pour renouvellement du combustible", indique le document. Cette revue s'étendra jusqu'à la fin de l'année 2018.
Il s'agit pour l'instant d'un projet de décision de l'ASN qui est soumis au public avant d'être validé officiellement. "Ce projet de décision n'a pas d'impact sur notre production nucléaire", déclare EDF.
Au Creusot, où la fabrication vient de reprendre après plusieurs mois d'arrêt, on se veut rassurant. Les syndicats CGT et CFDT estiment que cette décision, qui va vers davantage de transparence, est plutôt une bonne chose. Ils espèrent que cela permettra au site du Creusot de revenir parmi les meilleurs du monde.