Nucléaire : la France arrête 5 nouveaux réacteurs, va-t-on manquer d'électricité cet hiver ?

Va-t-on manquer d'électricité cet hiver en France? La fermeture par EDF de cinq nouveaux réacteurs pour vérifier la résistance d'équipements clés suscite des interrogations à l'approche de cette période de forte consommation électrique.

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Combien de réacteurs d'EDF sont arrêtés?

Alors qu'un tiers environ de son parc nucléaire est déjà à l'arrêt, EDF va devoir stopper cinq réacteurs supplémentaires en raison d'une anomalie dans la composition de l'acier d'équipements clefs.

Sur les 58 réacteurs exploités par EDF en France, 20 étaient hors service mercredi 19 octobre 2016, selon RTE, le gestionnaire du réseau électrique à haute tension. La plupart sont arrêtés pour maintenance classique, comme c'est habituellement le cas avant l'hiver. Pour sept d'entre eux, ces arrêts planifiés ont été mis à profit pour inspecter leurs générateurs de vapeur. 

Ces composants clés sont suspectés de présenter une concentration excessive en carbone de leur acier, susceptible de les affaiblir. Un défaut déjà constaté dans le couvercle et la cuve de l'EPR en construction à Flamanville (Manche). Cette cuve a été forgée en partie par le site Areva du Creusot en Saône-et-Loire. A la demande de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), cinq réacteurs supplémentaires seront arrêtés au cours des prochaines semaines pour examen, sans forcément attendre leur maintenance.

Au total, 18 réacteurs sont potentiellement concernés par cette anomalie, dont six ont déjà redémarré après inspection. "Il est très rare d'avoir l'ensemble des réacteurs sur le réseau. On a toujours quelques réacteurs à l'arrêt", pour des durées variant généralement d'un mois à cent jours, résume-t-on chez EDF.



Quand pourront-ils redémarrer?

EDF espère pouvoir relancer progressivement tous les réacteurs arrêtés avant la fin de l'année, à l'exception de quatre qui sont stoppés jusque courant 2017 pour des problèmes plus importants (Fessenheim 2, Gravelines 5, Bugey 5 et Paluel 2). A Fessenheim par exemple, une irrégularité a été décelée sur la virole basse d'un générateur de vapeur. 

Sur les cinq nouveaux réacteurs qui seront arrêtés, quatre (Civaux 1, Fessenheim 1, Gravelines 4, Tricastin 2) cesseront de tourner en novembre ou décembre pour seulement "trois ou quatre semaines", selon EDF, tandis que Tricastin 4 cessera de produire dès ce week-end dans le cadre d'un arrêt programmé.

L'approvisionnement électrique est-il menacé cet hiver?

La France est hautement "thermosensible" : la popularité du chauffage électrique fait qu'une baisse d'un degré de la température hivernale représente une consommation additionnelle de courant de l'ordre de 2.400 mégawatts (MW), l'équivalent d'une agglomération comme Marseille. "Les arrêts sont réalisés aujourd'hui, justement pour avoir le maximum de réacteurs possibles au coeur de l'hiver", veut rassurer EDF, dont les réacteurs stoppés ont déjà entraîné une hausse des prix sur le marché européen de l'électricité.

Pour RTE, il est toutefois "trop tôt" pour se prononcer : le gestionnaire met la dernière main à son étude prévisionnelle sur les capacités du pays à faire face à ses besoins pour l'hiver, qu'il présentera début novembre. Cette étude établit 2 000 scénarios différents en fonction de la disponibilité du parc de production en France et à l'étranger, des scénarios climatiques fournis par Météo France, de prévisions d'activité économique ou encore des habitudes de consommation des Français. 

Le 8 février 2012, des températures mordantes avaient entraîné un pic historique de consommation à 102 100 mégawatts (MW), sans causer de "black out" national, grâce notamment à des importations de courant depuis des pays voisins.



La production nucléaire est-elle incontournable?

L'atome génère environ 75% du courant consommé en France, mais d'autres filières de production sont disponibles. Fin 2015, EDF disposait par exemple de près de 10.000 MW de centrales thermiques (gaz, fioul, charbon), soit l'équivalent de 10 réacteurs nucléaires. Comme d'autres producteurs, l'électricien possède aussi un parc hydroélectrique, solaire et éolien et peut s'approvisionner sur le marché de gros.

La France peut aussi importer du courant produit chez ses voisins, et soulager les tensions du réseau électrique en période de pointe grâce à "l'effacement", un dispositif qui permet à des consommateurs (surtout industriels) de réduire volontairement leur consommation de courant contre une rémunération.

La sécurité électrique serait renforcée aussi avec le "mécanisme de capacité", qui pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2017 moyennant approbation par Bruxelles. Ce système consiste à rémunérer les producteurs d'électricité équipés de centrales nécessaires pour franchir les pics de consommation mais pas forcément rentables, afin de les inciter à ne pas les fermer.
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