Des anomalies ont été détectées sur le site Areva du Creusot, en Saône-et-Loire. Le groupe nucléaire doit encore prouver que cela ne met pas en cause la résistance des pièces fabriquées sur place, déclare l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Quelles sont les anomalies qui ont été mises au jour ?
L’usine du Creusot est spécialisée dans la production de grandes pièces moulées et forgées, formant les composants des îlots nucléaires des centrales.En avril 2016 Areva a révélé que des "anomalies" avaient été détectées dans le suivi des processus de fabrication d'équipements.
"Ces irrégularités consistent en des incohérences, des modifications ou des omissions dans les dossiers de fabrication portant sur des paramètres de fabrication ou des résultats d'essais", avait précisé l'ASN dans sa note du 3 mai.
"A ce stade, Areva estime que la tenue mécanique des matériels, l'intégrité des équipements, n'est pas mise en cause. L'ASN estime que les justifications fournies à ce jour sont insuffisantes pour aboutir à cette conclusion", a déclaré Guillaume Bouyt, chef de l'antenne de l'ASN basée à Caen, mardi 31 mai 2016.
Pourquoi la question n'est-elle pas réglée ?
"La question n'est pas réglée (...) L'instruction continue. L'ASN en tirera les conséquences", a ajouté Guillaume Bouyt rappelant que les "dysfonctionnements dans le processus d'assurance de la qualité des pièces pourraient concerner un grand nombre de pièces de l'ordre de 400" sur potentiellement tout le parc nucléaire français.Ces dysfonctionnements sont "des pratiques pas admissibles", a-t-il martelé, même si "les actions lancées" par Areva depuis l'identification de ces anomalies sont "extrêmement vigoureuses".
"Pour certains équipements, en particulier les générateurs de vapeur, qui font l'objet d'un examen prioritaire, l'ASN estime que les compléments doivent être fournis dans des délais restreints", a ajouté Guillaume Bouyt.
Combien de pièces sont concernées ?
En mai le gendarme du nucléaire avait précisé dans une note d'information que sur ces 400 pièces produites depuis 1965 "une cinquantaine serait en service sur le parc électronucléaire français". Il reste à préciser quelles centrales sont concernées, a indiqué Guillaume Bouyt mardi 31 mai 2016.Le 12 mai, EDF avait assuré que l'analyse de ces anomalies n'avait mis au jour aucun défaut nécessitant de mettre à l'arrêt une centrale française exploitée par EDF. Et huit jours plus tôt, le 4 mai, la ministre de l'Environnement Ségolène Royal avait indiqué que les premiers résultats des tests menés par Areva étaient "bons". "Les premiers résultats sont bons : c'est-à-dire, les pièces sont conformes, ce sont les documents qui ont été mal faits", avait déclaré la ministre sur RTL.
De son côté, l'Observatoire du nucléaire (organisme indépendant de surveillance de l’énergie nucléaire) a déposé une plainte au TGI de Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire, pour faux, usage de faux et mise en danger de la vie d’autrui.
Quelle est la réaction des salariés ?
Les syndicats qui représentent le personnel sont partagés entre le sentiment de payer les erreurs du passé et les inquiétudes pour l'avenir.
En Saône-et-Loire, l'usine Areva du Creusot fabrique des pièces pour les réacteurs nucléaires. Elle est au coeur d’une polémique au sujet d’anomalies constatées sur le site. Même si la direction se veut rassurante après les résultats d’un audit, les salariés sont inquiets.
Les explications d'Areva sur l'audit mené à l'usine du Creusot
"L’audit qualité lancé fin 2015 par AREVA au Creusot a mis en évidence des constats d’anomalie dans des dossiers de suivi de fabrication d’équipements concernant les réacteurs nucléaires. Une première analyse interne sur deux tiers de ces constats est achevée. Elle ne remet pas en cause l’intégrité mécanique des pièces fabriquées.
Cette première analyse des constats concernant les réacteurs nucléaires en France est réalisée en lien avec EDF qui la soumet à l’Autorité de sûreté nucléaire. Les clients du groupe à l’étranger concernés par les constats identifiés à ce stade ont été informés.
L’audit de la documentation de fabrication et les analyses complémentaires se poursuivent au Creusot. L’audit qualité est étendu aux usines de fabrication d’équipements de Chalon-Saint Marcel et de Jeumont.
Les constats identifiés à ce stade par l’audit concernent des fabrications antérieures à 2012. Sans attendre l’exhaustivité des résultats, AREVA a renforcé ses procédures internes de contrôle dans l’usine du Creusot et mis en place des mesures pour renforcer la culture de sûreté et de qualité.
AREVA fournira un nouveau point d’avancement avant fin juin", indique un communiqué daté du 31 mai 2016.