Jimmy, la startup nucléaire qui va s'implanter au Creusot, a annoncé lundi 29 avril avoir déposé sa première demande d'autorisation au Gouvernement, un "premier pas" dans la construction de petits réacteurs nucléaires pour fournir de l'énergie à l'industrie.
Ce lundi 29 avril, la startup Jimmy, qui va s'installer sur la commune du Creusot en Saône-et-Loire (voir notre article) annonce avoir déposé auprès de l'Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN) un dossier de demande d'autorisation pour l'implantation de l'un de leurs PRM (Petits réacteurs Modulaires) sur un site industriel français, à Bazancourt dans la Marne.
De l'énergie pour fournir directement les industries
Si le dossier passe toutes les étapes d'instruction et d'autorisation, le mini-réacteur d'une puissance de 10 mégawatts pourrait être directement branché sur le complexe industriel du groupe sucrier Cristal Union/Cristanol de Bazancourt (Marne), qui produit de l'alcool et du bioéthanol.
Ce réacteur est une sorte de chaudière à combustible nucléaire dont l'objectif est de "fournir de la chaleur décarbonée" (vapeur) à l'industrie "en remplaçant les brûleurs à gaz", qui rejettent des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, a expliqué la société dans un communiqué.
"Les générateurs conçus par Jimmy, d'une durée de vie de 20 ans, s'inscrivent dans un mix énergétique complémentaire aux réacteurs nucléaires de grande et moyenne puissance et aux sources d'énergie renouvelables", a-t-elle ajouté.
Sa technologie, connue, est basée sur celle des réacteurs à haute température refroidis à l'hélium.
Ce projet est le premier à faire l'objet d'un "dossier de demande d'autorisation de création", parmi les dix projets de petits réacteurs modulaires (PRM, ou SMR en anglais) actuellement suivis par le gendarme du nucléaire en France, l'ASN, selon cette autorité.
La phase d'instruction peut prendre au moins trois ans.
La société Jimmy, prévue de s'installer au Creusot, poursuit ses plans. Antoine Guyot, fondateur et président de Jimmy, explique : "Cette demande d'autorisation est une étape supplémentaire dans le développement de l'entreprise. Au Creusot, le premier bâtiment de notre plateforme industrielle verra le jour en 2025. Il nous permettra d’assembler ce premier générateur."
Les PRM, une alternative aux énergies fossiles
Plus petits, moins puissants que leurs grands frères du parc nucléaire historique, les PRM (ou SMR en anglais) doivent pouvoir produire de l'électricité, mais aussi fournir de la chaleur aux industries lourdes (verre, chimie, acier...), aujourd'hui très dépendantes d'énergies fossiles.
L'ASN promet d'être "beaucoup plus exigeante" vis-à-vis de ces nouveaux objets, destinés à être fabriqués en série et déployés en nombre pour être rentables économiquement.
A côté de Jimmy, d'autres projets visent fin 2026 pour leur demande, comme la chaudière de Calogena ou le SMR porté par une filiale d'EDF, Nuward, qui espère lancer le "premier béton" de la tête de série en 2030.
Au total, plus de 80 projets sont recensés dans le monde, à maturités diverses. Jusqu'ici, seuls deux pays ont annoncé en avoir mis en service: la Russie (deux SMR embarqués sur une barge) et la Chine (deux unités également), selon le rapport 2023 sur l'état de l'industrie nucléaire produit par des experts indépendants.
L'étude du projet prend du temps, mais Antoine Guyot se réjouit : "la relance du nucléaire, en France et dans l’Union européenne, est un signal important pour la filière."
Quant à l'avenir des PRM, de fortes attentes dans le secteur industriel pressent la demande : "Les enjeux de décarbonation des industriels sont massifs et nous apportons une solution sûre et compétitive pour leur permettre de remplacer les brûleurs à gaz et autres énergies fossiles. De fait, les discussions sont très avancées avec plusieurs entreprises industrielles, en France et en Europe."
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► avec AFP