Des manifestations ont eu lieu en Bourgogne et dans toute la France samedi 30 janvier 2016 pour dénoncer le projet de déchéance de nationalité et l'état d'urgence que le gouvernement souhaite prolonger suite aux attentats de novembre dernier.
La Voix est libre, l'émission politique de France 3 Bourgogne, a ouvert le débat autour des dernières propositions samedi 30 janvier sur France 3 Bourgogne.
Des rassemblements ont été organisés dans plusieurs villes de France.
En Bourgogne, ils ont eu lieu à :
- Auxerre : 14h45 devant Cadet-Roussel / 15h devant la mairie / 18h devant la préfecture
- Dijon : 14h30, place de la Libération, où quelque 250 personnes se sont réunies.
- Mâcon : 11h, place des Droits de l’homme
- Nevers : 11h, place de la Résistance
A Mâcon, environ 150 personnes se sont retrouvées devant la stèle de la place des Droits de l'Homme
L’état d'urgence avait été déclaré le soir des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Militants politiques ou associatifs, sympathisants ou simples citoyens se sont rassemblés devant la stèle de la place des droits de l'homme de Mâcon samedi 30 janvier 2016. Ils dénoncent le fait que le gouvernement veuille prolonger de trois mois supplémentaires l'état d'urgence, qui devait prendre fin le 26 février.
Intervenants
-François Moirot, président de la Ligue des droits de l'Homme du Mâconnais
-Une manifestante
-Jean-Paul Dubreuil, président de l'Association républicaine des anciens combattants du Mâconnais
-Aline Mathus-Janet, porte-parole du collectif départemental de vigilance démocratique de Saône-et-Loire
- François Moirot, président de la Ligue des droits de l'Homme du Mâconnais
- Une manifestante
- Jean-Paul Dubreuil, président de l'Association républicaine des anciens combattants du Mâconnais
- Aline Mathus-Janet, porte-parole du collectif départemental de vigilance démocratique de Saône-et-Loire
Pourquoi la prolongation de l'état d'urgence est-elle contestée ?
La mobilisation est lancée car le gouvernement veut prolonger de trois mois supplémentaires l'état d'urgence, qui devait prendre fin le 26 février. L’état d'urgence avait été déclaré dès le soir des attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés. Il a ensuite été prolongé à une écrasante majorité pour trois mois par le Parlement le 26 novembre 2015.
Une nouvelle prolongation, jusqu'à fin mai, sera débattue et votée le 9 février au Sénat, puis le 16 février à l'Assemblée nationale.
Mais, ce projet suscite l’opposition de partis de gauche et des associations de défense des droits de l'homme et des libertés publiques qui s'inquiètent d'un risque de pérennisation de ce régime d'exception.
Qui sera exposé à la déchéance de nationalité ?
Par ailleurs, le gouvernement prépare un projet de révision constitutionnelle, qui sera examiné en séance à partir du 5 février au Palais Bourbon. Le texte fera l'objet de deux jours d'examen en commission, mercredi, en présence de Manuel Valls qui présentera à la même occasion les avant-projets de loi d'application de la révision constitutionnelle et jeudi, où seront examinés 60 amendements. Il sera ensuite débattu dans l'hémicycle du Palais-Bourbon, à partir du vendredi 5 février, puis les lundi 8 et mardi 9.Ce projet prévoit d'inscrire dans la Constitution l'état d'urgence, pour le sécuriser sur le plan juridique et l'encadrer. Le texte prévoit aussi l'extension de la déchéance de nationalité pour les personnes "condamnées" pour un crime ou un délit constituant une atteinte grave à la vie de la Nation", une mesure qui est également contestée.
L'extension de la déchéance de nationalité ne comprendra finalement "aucune référence" aux binationaux pour ne pas les "stigmatiser", a assuré le Premier ministre, même si, en pratique, ils pourraient rester seuls exposés à cette mesure qui agrandit la fracture au sein de la gauche.
Qui va manifester aujourd’hui ?
Ces manifestations sont programmées à l'appel des collectifs "Nous ne céderons pas" et "Stop état d'urgence".Ces collectifs regroupent notamment des syndicats (CGT, FSU, Syndicat de la magistrature), des associations (Attac, Droit au logement, Droits devant, MRAP) et des organisations de défense des droits de l'homme (FIDH).
Les organisations demandent la levée immédiate de l'état d'urgence et l'abandon du projet de déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour des activités terroristes. Ces sont "des mesures qui heurtent et mettent à mal nos libertés au nom d'une hypothétique sécurité", estiment les collectifs. C'est sur ce "désaccord politique majeur" que la garde des Sceaux Christiane Taubira a démissionné mercredi 27 janvier.
"L'état d'urgence ne peut devenir un état permanent et les conditions de sa mise en oeuvre ne sauraient entraver la démocratie sociale, l'exercice de la citoyenneté et le débat public", jugent les collectifs. "Depuis 1986, les lois accordant plus de pouvoirs aux forces de l'ordre, organisant une justice d'exception et restreignant nos libertés, au prétexte de lutter contre le terrorisme, s'empilent", disent-ils.