Le ministre du travail Olivier Dussopt était en visite ce vendredi 21 avril en Saône-et-Loire. Très peu en vue ces derniers mois, le président de la République et les membres du gouvernement ont été très actifs sur le terrain dernièrement.
Emmanuel Macron dans un collège dans l'Hérault ce jeudi 20 avril, le ministre du travail Olivier Dussopt en Saône-et-Loire ce vendredi 21 avril, ces derniers jours, les Français ont pu voir des membres du gouvernement aux quatre coins du pays.
Une activité justifiée au regard des précédentes semaines, où le chef de l'Etat et ses ministres ont été chahutés par une grande majorité de la population suite à la réforme des retraites. Et si les membres de la majorité sont de retour sur le terrain, c'est bien pour fermer la page sur ce projet de loi selon Dominique Andolfato, enseignant en sciences politiques à l'université de Bourgogne.
Ils veulent ouvrir une nouvelle période après avoir connu beaucoup de tensions. Ils n'étaient quasiment pas sortis récemment. Ils essayent de repartir sur le terrain et de "reconquérir" les Français.
Dominique Andolfatoenseignant en sciences politiques à l'université de Bourgogne
Ce dernier explique les raisons des nombreuses sorties d'Emmanuel Macron ces derniers jours. "Le président veut mettre en scène un nouvel acte dans son quinquennat et refermer la parenthèse. Il veut montrer que le gouvernement est passé à autre chose".
"Lors de la réforme des retraites, le gouvernement a agi en solitaire. Il cherche à s’ouvrir à nouveau pour co-construire les futurs projets avec la population", explique Dominique Andolfato.
Emmanuel Macron va-t-il se sortir de cette crise ?
En 2019, le gouvernement avait déjà été bousculé par une large majorité du public avec la crise des gilets jaunes mais la côte d'Emmanuel Macron n'avait pas été tant affecté. "Il avait réussi à reprendre les choses en main et la confiance était revenue assez vite. Mais c'est parce qu'il avait été élu il y a peu de temps, il avait encore la confiance d’une partie importante des Français. Il n’était pas directement à l’origine de la crise des gilets jaunes, comme là ça peut être le cas."
Aujourd’hui, le président n’est pas la solution, il est le problème de cette crise.
Dominique AndolfatoEnseignant en sciences politiques à l'université de Bourgogne
Mais l'enseignant en sciences politiques est bien moins optimiste quant à cette nouvelle sortie de crise du chef de l'Etat. "Tout d'abord, il a eu du mal à entrer dans ce nouveau quinquennat. Il n’a pas fait campagne et a été assez facilement élu. Il a été hésitant sur son gouvernement, ses projets à mettre en œuvre", détaille-t-il.
Il a raté son entrée dans ce deuxième quinquennat.
Dominique AndolfatoEnseignant en sciences politiques à l'université de Bourgogne
Si le contexte géopolitique actuel n'a pas aidé, son absence de campagne est préjudiciable. "Il était peu clair sur ses futures réformes. Il attend des propositions de ses ministres, alors que c'est lui qui doit guider le schéma des projets que doit mener le gouvernement. Il est encore dans une période de latence qui aurait dû se produire au moment de son élection."
Le député Didier Martin victime de "menaces sérieuses"
Aujourd'hui, le gouvernement veut tourner la page et veut se concentrer sur d'autres projets. Mais les Français ne sont pas de cet avis. Député de la majorité présidentielle, Didier Martin a dû annuler sa conférence sur le droit à la fin de vie à Dijon ce jeudi 20 avril 2023.
"Nous avons vu un appel à mobilisation de la part de syndicats devant la salle Devosge, et des personnes extrémistes de gauche souhaitaient venir dans la conférence. Je souhaitais que le débat reste sur la fin de vie et pas avec la réforme des retraites", explique le député Renaissance.
La présence de CRS aurait permis de tenir la conférence dans le calme. Je reçois de nombreux témoignages de soutien, les Français font la différence entre le sujet de fin de vie et d'autres sujets.
Didier MartinDéputé Renaissance
Un événement qui n'étonne pas Dominique Andolfato. "Ils tentent de recommencer à faire de la politique, comme avant la polémique autour de la réforme des retraites.Tous les ministres vont reprendre le chemin pour porter la parole présidentielle. Mais l’opposition est encore là parce que c’est encore frais", estime-t-il.
Et la polémique sur la réforme des retraites risque de continuer d'enfler. Le 1er mai, l'intersyndicale appelle à une mobilisation générale des Français à travers tout le pays.