"On n’est pas des terroristes" : trois ans après la mort de Jérôme Laronze, les agriculteurs demandent de l'apaisement

Ce vendredi 20 novembre,  une manifestation en hommage à Jérôme Laronze, éleveur tué par un gendarme le 20 mai 2017, est organisée à Mâcon par ses proches et la confédération paysanne. Le tribunal administratif a définitivement jugé que trois contrôles qu’il avait subis étaient irréguliers.

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Jérôme Laronze aurait eu 40 ans le 13 novembre. Cet éleveur installé à Trivy en Saône-et-Loire, est mort le 20 mai 2017, mortellement touché par les balles d'un gendarme. L'enquête sur les circonstances de son décès se poursuit toujours et a été élargie en mars 2019. 
 

Rappel des faits 

Le 11 mai 2017, lors d’un contrôle vétérinaire de son exploitation, Jérôme Laronze avait foncé avec son tracteur sur les forces de l'ordre qui accompagnaient les inspecteurs des services sanitaires avant de prendre la fuite.

Quand il a été retrouvé par les gendarmes, neuf jours plus tard, Jérôme Laronze se trouvait dans sa voiture. Alors que les deux militaires s'approchaient de lui, l'agriculteur de 37 ans a foncé sur eux. Se sentant menacés, les deux hommes ont ouvert le feu à plusieurs reprises. L’un d’eux a touché l’agriculteur de trois balles mortelles. Le gendarme avait été mis en examen pour "violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Une marche puis une manifestation organisées à Mâcon

En soutien à la famille, la confédération paysanne appelle ce soir à manifester pour "dénoncer ces contrôles illégaux qui ont entrainé la mort d’un homme". "C’est à à la fois pour informer, pour dénoncer ce qu’il se passe et démontrer que les contrôles peuvent mal se passer. L’administration doit prendre acte de ce qu’il s’est passé et modifier son comportement aussi. C’est ça qu’on leur demande. On demande du dialogue, de l’apaisement.", déclare Jérôme Escalier, représentant la confédération paysanne 71. 

Le rassemblement est prévu à 18 heures au départ du square de la paix à Mâcon, pour se rendre jusqu’à la Préfecture.
 


Un long combat judiciaire


Depuis 3 ans, dans le combat judiciaire qu'ils mènent pour tenter de connaitre toute la vérité dans cette affaire, ses proches ont annoncé le 13 novembre dernier "une première et belle victoire judiciaire." Le 28 février dernier, le tribunal administratif de Dijon a rendu une décision définitive sur des contrôles réalisés sur la ferme de Jérôme Laronze. Il déclare que les contrôles administratifs tenus les 4 juin 2015, 6 et 22 juin 2016 irréguliers et nuls pour atteinte à son domicile et à ses droits fondamentaux.
 

Pour Marie-Pierre Laronze, l'une des soeurs de Jérôme, il était important que le tribunal reconnaisse l’irrégularité des contrôles effectués sur la ferme de son frère par des agents de l’État. "Cette décision change la donne dans le sens où elle remet les choses à leur place. On a longtemps laissé entendre que Jérôme était quelqu’un de violent qui agressait l’administration mais l’administration justifiait la présence des gendarmes par un pseudo-comportement de Jérome qui n’est pas démontré mais démentie dans le cadre de cette décision car on vient de dire que ce sont les contrôles qui étaient irréguliers."

Dans une lettre ouverte publiée sur la page facebook "Justice pour Jérôme", sa soeur détaille tous les abus dont il aurait fait l'objet, selon elle, et les nombreux dysfonctionnements opérés par l'administration et par les agents en charge d'effectuer les contrôles.

"De tels abus n’ont pas échappé au juge administratif, lequel a sévèrement tancé les contrôleurs pour avoir, lors de chacun des contrôles effectués sur ta ferme, en 2015 et 2016, gravement porté atteinte à tes droits fondamentaux en procédant à des visites domiciliaires illégales". 
 

Deux plaintes toujours en cours d'instruction 


Aujourd'hui, deux plaintes déposées en 2019, l'une pour non-assistance à personne en danger, l'autre pour pollution de la scène d'infraction, sont toujours en cours d'instruction. "Il y a eu des commissions rogatoires avec des retours d’actes assez nombreux qui montrent de façon incontestable qu’il n’y a pas eu de soins, pas eu de secours qui ont été apportés à Jérôme. Ce qui est extremement grave."
 

On attend que le juge instruise dans ce dossier."

Marie-Pierre Laronze, soeur de Jérôme Laronze.



La famille souhaite maintenant que le juge d'instruction se saisisse de ces commissions rogatoires, les exploite et en tire toutes les conséquences juridiques. Marie-Pierre Laronze a d'ailleurs sollicité une audition pour rencontrer le juge d’instruction afin de connaître les suites à donner à tous ces éléments. "On attend que le juge instruise dans ce dossier", espère-t-elle.

Elle ajoute que "d’autres gendarmes sont maintenant concernés pour ne pas avoir porter secours. Du fait qu’on ait modifié les lieux, la scène et que l'on n'ait pas pu retrouver un nombre d’éléments importants pour l’enquête, notamment les étuis des cartouches, des éléments qui doivent être exploités, questionnés."

Un guide d'accompagnement pour les paysans

 
La confédération paysanne veut rappeler que tout contrôle doit être réalisé dans le respect de la loi et des libertés fondamentales des personnes contrôlées. Jérôme Escalier rappelle qu'à la suite du drame survenu à Jérôme Laronze, un guide d’accompagnement avait été mis à disposition des paysans pour mieux se défendre et connaître leurs droits face aux contrôles sur leurs exploitations. 
 

On n'est pas des terroristes, on n'est pas des hors-la-loi."

Jérôme Escalier, confédération paysanne.



"Nous, c’est pas qu'on est contre les contrôles, on ne les conteste pas", indique Jérôme Escalier. "Mais on a le droit d’avoir des contrôles apaisés, sans gendarmes parce que l’on estime que les gendarmes dans les exploitations, c’est déplacé. On n‘est pas des terroristes, on est pas des hors-la-loi. Il n’y a pas besoin de venir avec des armes."


 
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