Les entreprises de transport font face à une situation critique en Saône-et-Loire : sans carburant, chaque jour, leurs conducteurs s’occupent des transports scolaires ou bien doivent livrer des marchandises, dont des denrées alimentaires.
À Lux (Saône-et-Loire), la station essence est bondée. Au croisement de l’autoroute A6, et de la route Centre-Europe Atlantique, les pompes sont prises d’assaut par les voitures comme par les camions des professionnels. A tel point que l’établissement a dû prendre des mesures pour contenir la demande. Carole Rocaries, employée, l’explique : "Il nous faudrait 3 camions par jour mais on ne peut pas, donc on a un camion par jour. Donc on limite au niveau des clients à 50€ maximum."
Des professionnels aux situations diverses
Pour les transporteurs routiers, la limite est fixée à 100 litres de gasoil. Un volume bien inférieur aux 800 litres nécessaire au plein d’un camion, soit huit fois moins. La situation est d’autant plus difficile que les réserves des professionnels sont au plus bas.
Carlos transporte de la marchandise, et confie à la pompe : "100 litres c’est rien, surtout pour un camion frigo. On a un réservoir pour le gazole et un réservoir pour le frigo. Donc c’est deux réservoirs indépendants." Autre cas de figure pour Jerry, qui s’occupe du transport scolaire. "Je dois partir avec les élèves la semaine prochaine à Paris, donc je suis un peu prévoyant […]. J’ai un complément de 60 litres à faire pour être tranquille donc je pense que ça devrait le faire."
L’exemple d’une entreprise
À Branges (Saône-et-Loire), les transports Prudent font face une situation difficilement tenable. Les transporteurs routiers ne font pas partie des professions prioritaires pour les livraisons d’essences et de gasoil. Les réserves de carburant s’amenuisent, chaque jour. Grégory Joly, directeur des transports dans la société, indique : "On va avoir du stock jusqu’à la fin de semaine, voire le tout début de la semaine prochaine. Ça commence à devenir un petit peu compliqué pour nous."
L’entreprise saône-et-loirienne est spécialisée dans le transport frigorifique de marchandises, et travaille aux côtés de la grande distribution. Chaque jour, 150 camions livrent des denrées alimentaires. Au-delà de la situation de sa société de transport, Dominique Prudent s’inquiète. Le dirigeant de l’entreprise craint qu’une autre pénurie ne se profile. "Dans trois jours, si on n’a pas de gasoil, on n’emmènera plus à manger aux collectivités, aux restaurants, aux cantines, à la grande distribution. On ne pourra plus ramasser chez nos amis producteurs qui nous donnent du travail, martèle-t-il. Donc c’est un vrai sujet dont personne ne parle aujourd’hui : nous on donne à manger aux gens." Si la situation devient critique, Dominique Prudent indique qu’il pourrait mettre au chômage technique ses 250 salariés, mais aimerait "ne pas en arriver jusque-là".