TikTok, Instagram : contrôler les réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, une loi peut-elle changer les choses?

Malgré l'interdiction de créer un compte sur un réseau social avant l'âge de 13 ans, plus de 60% des 11-14 ans y sont inscrits. Cette consommation rarement maîtrisée, inquiète et un projet de loi est en examen pour protéger les jeunes. Qu'en pensent ces derniers et leurs parents?

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Depuis plusieurs années déjà, la constante augmentation de la présence des adolescents sur les réseaux sociaux inquiète. La star montante chez les plus jeunes est sans conteste le très controversé réseau TikTok. La CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) qui observe les pratiques, nous livre deux chiffres. Le premier est que plus de 60% des 11-14 ans sont inscrits sur un réseau social, alors que l'âge légal minimum pour posséder un compte est de 13 ans. Le second est que l'âge moyen de création de son premier compte est de... 8 ans et demi.

Afin d'étoffer l'arsenal législatif de protection des mineurs, l'Assemblée Nationale a adopté le 2 mars 2023 un nouveau projet de loi

Une majorité numérique à 15 ans

Le texte prévoit qu'une inscription seul sur un réseau social ne puisse se faire qu'à partir de 15 ans. Avant cet âge, les plateformes devront mettre en place des moyens pour rendre obligatoire l'autorisation parentale. "15 ans, c'est tard quand même" réagit un collégien interviewé. Mais selon Laurent Marcangeli, député Horizons de Corse du sud et rapporteur du texte de loi, "15 ans, c'est un âge pivot pour les RGPD, comme dans l'évolution de l'adolescent où on se rapproche de l'âge adulte."

Adopté en première lecture par les députés, le projet de loi va désormais passer en examen au Sénat. Le gouvernement a cependant déjà enclenché une procédure accélérée pour sa promulgation. Les actualités sur ce texte sont disponibles sur le site de l'Assemblée Nationale.

Le principe est honorable, mais dans les faits, on demande à voir...

Une mère d'adolescent

Parce que dans les faits, les réseaux sociaux sont déjà censés être régulés. Un mineur de moins de 13 ans n'a pas le droit d'avoir un compte sur un réseau social en France. "Mais c'est facile de tricher, tout le monde le fait. Il suffit de changer sa date de naissance, moi je suis de 2006 et quand je me suis inscrit, j'ai mis 1980" nous affirme sans fierté un autre collégien interviewé en Côte-d'Or.

Quand on interroge un père des collégiens, il semble sceptique, "Si c'est juste pour cocher une case comme quoi je suis le responsable légal et que ça peut être n'importe qui, je vois pas la sécurisation. C'est juste qu'ils se déchargent."

Les techniques de reconnaissance existent et il est temps que les plateformes prouvent leur bonne volonté

Laurent Marcangeli, député Horizons de Corse du sud

Le texte propose qu'une amende jusqu'à 1% de son chiffre d'affaire mondial soit infligée à toute plateforme contrevenante. Le rapporteur Laurent Marcangeli estime que cela suffira pour pousser les entreprises qui gèrent ses réseaux sociaux à investir dans des moyens efficaces de protection parentale. Selon lui, "ce n'est pas qu'au législateur de trouver les moyens de faire respecter la loi".

TikTok, le réseau roi, loin du regard des parents

L'association Génération Numérique fait partie des instituts de veille a avoir été entendue pour le rapport à l'origine de la proposition de loi. Son enquête 2022 a notamment permis d'avoir des chiffres clairs sur la consommation des jeunes. Sans surprise la plateforme chinoise séduit de plus en plus de spectateurs chez les plus jeunes.

C'est le réseau qui gagne le plus d'utilisateur chez les jeunes, mais il reste pratiquement absent des téléphones des parents. Ce qui engendre une forme d'impunité aux enfants qui l'utilisent et une grande incompréhension voire une certaine peur chez leurs parents. "il y a des choses géniales sur les réseaux, mais pas que... Et on ne veut pas les couper de tout, mais il faut les protéger" déclare un père de collégienne. "Ces choses n'étaient pas du tout encadrées et il y a une forme de laisser faire qui coûte très cher en matière de santé publique" admet le député Laurent Marcangeli, "on souhaite mieux encadrer la protection de l'enfance dans le monde du numérique".

Des jeunes conscients mais absorbés

Conscients des dangers que peuvent représenter les réseaux sociaux, les utilisateurs (qu'ils soient mineurs ou non) n'en sont pas moins systématiquement absorbé par les contenus qui s'enchaînent, alternant surprise et sujets convenants à leurs préférences. Quelques explications en images:

La plupart des collégiens que nous avons interviewés en Bourgogne disent ne pas faire de consommation abusive des réseaux. "Si un jour je n'y ai plus accès, bah, je ferai autre chose..." nous dit l'un d'eux, et c'est tout ce qu'on lui souhaite.

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