Enquête publique, oppositions... Où en est le projet de "mini Puy du Fou" à Tournus ?

En 2019, le département de Saône-et-Loire annonçait vouloir construire un parc culturel et historique proche de Tournus : le Parc ECLAT. Trois ans plus tard, où en est le projet ?

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En 2019, André Accary, le président du conseil départemental de Saône-et-Loire, annonçait le projet du Parc ECLAT, un parc historique et culturel. Une forte opposition a suivi les avancées de cette idée avec en tête de proue le collectif "Pas d'ECLAT !".

Du 21 février au 24 mars 2023, une enquête publique a rassemblé des contributions au plan local d'urbanisme intercommunal de la communauté de communes du Mâconnais-Tournugeois, qui portait sur le parc ECLAT mais aussi sur d'autres aménagements. Parmi les 430 participations, 205 ont exprimé leur opposition au Parc ECLAT, et 28 ont souhaité apporter leur soutien. 

"On ne sait pas combien ça va coûter"

Pour Eric Daillie, porte-parole du collectif "Pas d'ECLAT !", cela est révélateur des nombreux problèmes liés au projet. "Il y a eu 430 contributions, ce qui est assez rare pour une enquête publique sur un territoire comme le Mâconnais-Tournugeois. Avec 205 contributions contre le Parc ECLAT, ça montre que les particuliers sont plutôt opposés. On est très peu informés, c’est une énorme confusion pour les habitants et les contributeurs."

"Il y a de l’argent public qui sera investi et on ne sait pas combien ça va coûter."

Eric Daillie

collectif "Pas d'ECLAT"

Christophe Ravot, président de la communauté de communes du Mâconnais-Tournugeois, s'est expliqué sur les raisons d'une telle opacité. "Certains nous reprochent de ne pas être assez transparents, mais ce n’est pas une volonté."

"On préfère communiquer sur un projet abouti, plutôt que de prendre le risque de donner des informations qui sont vouées à évoluer, sinon cela pourrait avoir des conséquences néfastes." 

Christophe Ravot

communauté de communes du Mâconnais-Tournugeois

Bertrand Veau, le maire de Tournus, remet de son côté en question la recevabilité des contributions de l'enquête : "200 observateurs ce n’est pas énorme, ce n'est pas Europa City. Certains ne sont pas du territoire, ça ne va pas bloquer les choses. Il y a de nombreux copier-coller qui semblent émaner d’une seule contribution."

Un des objectifs du projet était de capter les voyageurs de l'autoroute A6 qui passe au nord de Tournus. La ville bénéficie d'ailleurs d'une sortie. Parmi les 60 hectares ciblés autour de ce tronçon, il y a plusieurs habitations et terres agricoles qui se trouvent sur le terrain convoité délimité par la rue de la Grange, la départementale 906 et la Saône. 

Des habitants expropriés ?

"Des gens habitent en plein milieu du projet. Certains n’ont pas voulu vendre. Si le PLUi est approuvé, ils vont exproprier les gens", s'inquiétait Eric Daillie. Marie-Thérèse Delay, 71 ans, vit avec Michel, son mari dans le hameau de la Preste près de Tournus. En plein cœur du projet initial.

"On a appris par le journal que nous étions dans la zone choisie pour le PLUi. Quand vous voyez une photo en Une du journal avec des gladiateurs, puis une double page sur le projet vous vous demandez ce que ça va être et où ça va être, puis vous voyez les limites du terrain et que vous êtes en plein milieu."

Peu informée pendant un moment, la retraitée a été voir la mairie de Tournus sans succès, puis elle a reçu une lettre de la SAFER (Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) en octobre 2019. "Cyril Favier, représentant de la SAFER, est venu chez nous en février 2020, raconte-t-elle. Sa première question a été : "Êtes-vous d’accord pour vendre ?" Mon mari a répondu d’un non catégorique. La maison est dans la famille depuis quatre générations, depuis 1938, on ne veut pas s’en séparer, elle a une valeur particulière." Le couple n'a plus de nouvelles depuis juin 2020. 

"On ne lancera pas d’expropriation, on ne voulait pas agir contre les propriétaires"

Bertrand Veau

Maire de Tournus

Le projet a ainsi été réfléchi pour être plus vers le sud, "plus proche de Tournus donc", se réjouissait Christophe Ravot. Bertrand Veau, l'édile tournusien, tient à rassurer sur les intentions des penseurs du projet. "On ne lancera pas d’expropriation, on ne voulait pas agir contre les propriétaires, assure-t-il. On avait ciblé une zone de 60 hectares autour de la sortie d’autoroute, sur la partie sud, des propriétaires ont vendu donc c’est possible."

Le porte parole de "Pas d'ECLAT !" tient à alerter sur le fait que "certains terrains agricoles sont en jachère et pourraient être exploités et même être utilisés pour du bio". Il est contre "l'artificialisation de la zone" et pense que cela peut "nuire au paysage de Tournus".

De nombreux axes d'oppositions pour "Pas d'ECLAT !"

"La loi climat et résilience nous impose de ne pas dépasser 50 % d’artificialisation des territoires, nous sommes dans les clous", affirme Bertrand Veau. "En 2050, nous devrons être à 0 %, mais d’ici là nous avons le droit d’artificialiser certains territoires, on respecte la loi."

Le projet devrait occuper 15 hectares, dont 30 % vont être construits. "Cela a été validé par la chambre de l’agriculture", explique Christophe Ravot. "De plus, ces hectares pourraient alimenter 36 personnes à l’année, or c’est ce que la ville de Tournus a perdu comme habitants chaque année pendant 25 ans. Une enquête environnementale va être menée afin de déterminer la faisabilité d’un tel projet et sous quelles conditions, cela devrait durer un an."

Le portage du projet est de l'ordre du privé. Un point qui dérange également Eric Daillie, du collectif "Pas d'ECLAT !" : "Les porteurs de ce projet sont du secteur privé et vont bénéficier d’infrastructures publiques."

"Ça se veut être un mini Puy du Fou, mais ça n’ira jamais jusque-là. Un des arguments était de pouvoir ramener du monde en ville, mais les familles qui viennent pour ce genre d’attractions font l’aller-retour dans la journée."

Eric Daillie

collectif "Pas d'ECLAT"

"On connaît pleins d’exemples de parcs d’attractions qui font faillite. Mais même si le parc est un échec, ils utiliseront les terrains pour autre chose."

Bertrand Veau assume ce choix. "On a toujours cherché à avoir des porteurs privés. On en a trois aujourd’hui. Christian Badet, bien connu dans le coin. Nous avons la caisse de dépôt et de consignation qui n’est pas totalement de l’ordre du privé. Et Arnaud Coste qui a de l’expérience dans l’exploitation des parcs est porteur à hauteur de 5 %."

Nouvel épisode le 25 avril ?

Les enquêteurs en charge de l'étude publique rendront leur rapport le 25 avril, et des changements pourront être apportés au PLUi dans sa globalité pour se conformer aux requêtes des contributions. 

Mais pour le collectif "Pas d'ECLAT !", même en cas de validation du projet, la lutte ne s'arrêtera pas là. "Ça durera des années s’il le faut, mais on fera des recours. On fera ce qu’il faut pour bloquer le projet hors sol, hors nature et hors du temps."

Bertrand Veau s'attend à encore beaucoup de temps avant de voir le projet émerger. "Je manque d'expérience dans le domaine pour l'affirmer avec précision, mais on peut espérer que les premiers travaux commencent d'ici quelques années." 

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