Si les blocages des agriculteurs sont officiellement terminés en Bourgogne, certains problèmes sous-jacents ne sont pas réglés. En Saône-et-Loire, une opération coup de poing a été organisée ce vendredi 9 février dans un supermarché de Cuisery. L'objectif est de faire la chasse aux produits étrangers, et au Made in France trompeur.
Des burgers, des jambons ou des betteraves : tous ces produits ont un label signifiant qu'ils sont soit fabriqués, soit préparés en France. Pourtant, proviennent-ils tous d'animaux ou de légumes français ? C'est ce qu'ont voulu vérifier des agriculteurs de Saône-et-Loire ce vendredi 9 février. Ils ont réalisé une opération coup de poing dans un supermarché de Cuisery, une ville située à 35 kilomètres de Chalon-sur-Saône.
Ces jeunes agriculteurs sont rentrés avec des étiquettes "origine d'ailleurs", "fabriqué en France", et "tromperie du consommateur". Et aucun produit ne leur a échappé. Un jambon d'une marque bien connue du grand public est par exemple pointé du doigt.
"Il y a marqué "fabriqué en France" et on voit que la viande vient d'Espagne. C'est clairement une tromperie car le consommateur va voir le premier label. Il est marqué en plus gros," explique Maxime Guyon, un des agriculteurs présents lors de la mobilisation.
Même les produits proches de notre région sont touchés. Lors de leurs tours dans ce supermarché, ces agriculteurs tombent sur des escargots de Bourgogne. Au vu du nom, nous pourrions penser qu'ils sont bourguignons ?
Eh bien non : "on a un drapeau français, car ils sont préparés en France. Mais les escargots sauvages au chablis proviennent de l'Union Européenne, voire d'autres pays internationaux. On est capable de produire des escargots français !" ajoute un autre agriculteur.
Est-ce légal ?
C'est compliqué. Selon le site officiel de la douane, pour qu'un produit soit porteur de la mention "fabriqué en France", une partie significative de la fabrication doit être réalisée sur le territoire. Mais, les animaux utilisés ne sont pas obligatoirement français.
Donc, pour les escargots de Bourgogne par exemple, si la recette, et l'emballage ont été réalisés dans une usine française, ils peuvent utiliser le label "préparé en France" ou "fabriqué en France," sans pour autant que les escargots soient Français.
Cette pratique est dénoncée par les agriculteurs. "On est en colère aujourd'hui. On a une agriculture assez raisonnable et responsable en France et on nous apporte ce que l'on ne veut pas," ajoute Lucas Corlin, présent lors de cette mobilisation.
Un nombre de produits étrangers important
Autre colère des agriculteurs contre les grandes surfaces : le nombre de produits étrangers dans leurs rayons. Selon une enquête réalisée par Opinion Way en octobre dernier, 89 % des Français voudraient acheter locaux. Pour autant, dans les supermarchés, la transition vers cette tendance s'avère compliquée.
Une agricultrice s'étonne : "j'ai trouvé des origines venant du Royaume-Uni, de l'Argentine, et du Vietnam dans ces coquilles Saint-Jacques. Cela m'étonne, car on en a en France."
Cette action a donc un objectif : sensibiliser les consommateurs à la provenance de tous ces produits transformés. Et elle est bien comprise par les personnes croisées sur place. "Il faut manger ce que l'on produit. Personnellement, j'essaye de manger français," lance une ancienne agricultrice en faisant ses courses. Une autre passante acquiesce avant d'ajouter "qu’ils ont raison de se battre."
Du côté officiel, le préfet départemental a réuni, ce vendredi, les représentants agricoles pour mettre en place des groupes de travail sur une dizaine de thèmes comme la PAC ou la gestion de l'eau.