Ils sont plus d'un millier à attendre des subventions en Bourgogne Franche-Comté. Face à la lenteur du traitement des dossiers par les régions, certains agriculteurs s’inquiètent pour leur avenir. C'est le cas de Marine Seckler, dont la ferme située en Saône-et-Loire pourrait être en danger dans les prochaines années.
C'est un projet long de cinq ans qui est sur le point de s'achever. Marine Seckler a construit un atelier de découpe de viande au sein de son exploitation agricole, située à Blanot. Pour le financer, elle a contracté un prêt de 300 000 euros, et effectué une demande de subvention du fond européen agricole pour le développement rural (FEADER) de 160 000 euros il y a deux ans.
Mais l'agricultrice est toujours sans nouvelle, et le temps presse. "J’ai quelqu’un qui fait office de standard pour me dire que mon dossier est bien ouvert, mais je n’ai pas plus d’informations. Quand j'ai des questions, je passe par la boîte mail, mais je n’ai pas de réponse avant trois à quatre mois. Ils ont jusqu’au 30 juin 2025 pour traiter ma demande de paiement. Et une fois cette date passée, ma subvention va remonter en Europe et elle ne pourra plus m’être octroyée."
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"Le consommateur sera impacté"
Marine est inquiète, car dans la cour de sa ferme, le nouveau bâtiment est quasiment terminé. Il doit lui permettre de réduire le bilan carbone de son exploitation. "Jusqu’à maintenant, on faisait sous-traiter cette partie-là. Cela nous faisait faire beaucoup de kilomètres. On avait deux heures de routes pour récupérer notre production. Le but, c'est vraiment de ramener la transformation à la ferme et de maîtriser ça, d’avoir une plus grande gamme de produits et de réduire les charges et le temps de travail sur les déplacements."
Habituée aux délais de traitement de la DDT (direction départementale des territoires) qui gérait auparavant ces dossiers, Marine ne s’attendait pas à une telle lenteur de la part de la région. La perte de cette subvention pourrait porter un coup dur à la ferme. "Mes prix de ventes sont calculés en fonction de l’investissement que je fais. Et les 160 000 euros de fonds FEADER ne sont pas prévus dans mes prix de ventes. Donc cela voudrait dire qu’il faudrait que j’augmente mes prix de ventes, et le consommateur final va être impacté."
Est-ce qu’il va vouloir m’acheter le produit à ce prix-là ? Je n'en suis pas sûre donc ça met tout le modèle de la ferme en péril."
Marine SecklerAgriculture et vice présidente à la FDSEA 71
Marine sait qu’elle n’est pas la seule à avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête : Selon la Vice-Présidente de la FDSEA de Saône-et-Loire, ils seraient plus d’un millier comme elle en Bourgogne Franche-Comté.