La sécheresse fragilise aussi la forêt. Après trois années de canicule, les dégâts sont considérables dans notre région. À cause de la chaleur et du manque d'eau, les arbres subissent des attaques d'insectes, ce qui les affaiblit davantage. Les exploitants forestiers s'inquètent.
Les dégâts liés à la sécheresse, les agents de l'Office national des forêts (ONF) les constatent tous les jours. À cause de trois années consécutives de canicule, des arbres perdent leurs feuilles plus tôt dans la saison. C'est le cas par exemple à Épinac (Saône-et-Loire) dans une forêt essentiellement composée de hêtres.
"Les premiers symptômes sont apparus fin juillet par un rougissement brusque des feuilles sur les hêtres. Dans la deuxième quinzaine d'août, les feuilles ont commencé à chuter, pour en arriver là où on en est actuellement avec des arbres qui sont pour certains défoliés à 100%", explique Thierry Hardy, technicien forestier territorial à l'ONF et correspondant-observateur du département de la santé des forêts.
C'est la conséquence de la sécheresse qui dure depuis mars, plus des épisodes de forte chaleur qu'on a eu fin juillet. C'est là où ça a commencé à rougir d'ailleurs […] Et puis c'est l'effet cumulatif, avec ces problèmes de sécheresse et de forte chaleur sur 2018, 2019, 2020.
"Les hêtres vont être surveillés dès le printemps prochain pour voir le redémarrage de la végétation, indique le technicien forestier. Parce qu'à l'heure actuelle, ils ne sont pas morts c'est sûr. Ils ont simplement trois mois d'avance par rapport à leur processus naturel qui aurait dû commencer en octobre et se terminer en novembre."
Un prix du bois en forte baisse
Si ces hêtres ont encore quelques années devant eux, ce n'est pas le cas de certains résineux. Des sapins sont attaqués par un insecte ravageur, le scolyte. Le parasite creuse l'écorce et parvient à coloniser la totalité de l'arbre."L'arbre stresse par manque d'eau, par excès de chaleur. Il est affaibli et il est plus facilement colonisable par l'insecte. Quand un arbre est scolyté, il est automatiquement mort. Il n'y a pas rémission", ajoute le technicien de l'ONF.
Beaucoup d'arbres endommagés qu'il faut donc couper et vendre. Mais le problème avec la sécheresse c'est que le bois perd énormément en qualité et va donc se vendre à un prix beaucoup plus bas.
"Une grume d'épicéa de belle qualité, avant la crise de la sécheresse, allait sur le Haut-Doubs de 60 à 70 euros le mètre cube sur pied. Aujourd'hui, un bois sec se vend entre 5 et 10 euros du mètre cube. Donc c'est une grosse perte financière pour le propriétaire des bois", précise Olivier Calvi, le président du syndicat des scieurs de résineux.
Pour tenter de faire face aux changements climatiques, des recherches sont en cours. L'une des solutions serait de diversifier les essences et de planter des arbres plus résistants.