Plusieurs associations de protection de la faune sauvage, dont le centre Athenas, demandent un moratoire sur la chasse. Les chasseurs de la région jugent cette mesure inutile.
En ce dimanche 21 août, Jean-Maurice Boillon est en forêt. Rares sont les dimanches où ce chasseur du Doubs ne s'y attarde pas. Il est satisfait de constater que les quelques pluies de ces derniers jours ont revigoré les arbres et les sous-bois. L'impact de la sécheresse de cet été sur l'écosystème est encore difficile à mesurer : "Les lièvres sont très nombreux car ils aiment les années sèches. Les laies ont mis bas plus tard donc c'est bien car les petits sont encore nourris au lait."
D'autres animaux suscitent l'inquiétude du président de la fédération départementale des chasseurs du Doubs : "Nous sommes préoccupés par la population de chevreuils car ils se nourrissent traditionnellement des ronces riches en sels minéraux et en vitamines. Cela va se ressentir sur les jeunes, les chevrillards."
Nous sommes préoccupés pour la population de chevreuils et surtout de chevrillards.
Jean-Maurice Boillon, président de la fédération départementale des chasseurs du Doubs
Toute la Bourgogne Franche-Comté est en alerte sécheresse. Les cours d'eau sont à sec mais quel que soit le département, le constat est le même du côté des chasseurs : "La faune sauvage semble avoir trouvé des moyens de se préserver. En Saône-et-Loire, nous avons constaté avec soulagement le retour de faisans et de perdrix sauvages qu'on ne voyait plus explique Evelyne Guillon, la présidente de la fédération départementale des chasseurs de Saône-et-Loire. "La Bresse a de nombreux plans d'eau qui ont permis aux oiseaux d'aller se refugier."
Reporter l'ouverture de la chasse
Plusieurs associations de défense de l'environnement et de protection de la faune sauvage ne partagent pas ce constat. Le centre Athénas, installé à L'Etoile, dans le Jura, a tiré la sonnette d'alarme dès le 14 août : " En 2022, l’histoire se répète en pire [par rapport à 2020] : déficit pluviométrique dès le mois de mars, sécheresse généralisée, quasi-totalité des petits cours d’eau et des mares forestières à sec, températures encore en hausse, répétition des canicules, et feux de forêts dans des départements où il ne s’en était jamais produit."
Il a lancé une pétition et demande "un moratoire immédiat sur toute action de chasse et la pénalisation de l’agrainage en forêt, pratique qui déstabilise les milieux naturels pour la seule production de viande de sanglier sur pied, rémunératrice pour les fédérations."
Malgré le contexte climatique difficile, la chasse au gibier d'eau a rouvert dès le 6 août pour la bécassine des marais. Dans certains départements, l'ouverture anticipée de la chasse au sanglier a eu lieu le 15 août et celle aux canards est programmée le 15 septembre.
Des chasseurs responsables
Evelyne Guillon s'étonne qu'on puisse être aussi "alarmistes". "Je suis sur le terrain tous les jours comme beaucoup de chasseurs. Il n'y a pas de mortalité particulière. D'ailleurs, beaucoup de chasseurs sont allés mettre de l'eau en lisière de forêt pendant cette période de sécheresse."
La Saône-et-Loire compte 12.000 chasseurs.
Nous pratiquons une chasse populaire, dans les bois de nos villages. Tout le monde a intérêt à sauvegarder la faune.
Evelyne Guillon, présidente de la fédération de la Chasse 71
Même son de cloche dans le Doubs où Jean-Maurice Boillon assure qu'une "interdiction totale de chasse sur un département ne rime à rien et qu'il faut faire confiance aux chasseurs. Si telle ou telle espèce se porte mal sur un territoire de chasse, nous n'écartons pas l'idée de fermer des chasses momentanément ou de tuer moins que les quotas autorisés. J'en ai déjà discuté avec les responsables locaux."
Mais il n'est pas question pour les chasseurs de renoncer à la saison. Un premier bilan sera fait, comme chaque année, en novembre. Un second se tiendra à l'issue des dénombrements de la population cynégétique du Printemps.