Face à l'épisode de sécheresse, le ministère de l'Agriculture a déclenché plusieurs mesures. Il a autorisé par exemple les éleveurs de 47 départements, dont tous ceux de notre région, à utiliser les terres en jachères pour faire pâturer leurs troupeaux ou faucher pour produire du fourrage.
Les verts pâturages de l'Auxois, dans l'ouest de la Côte-d'Or, ne sont plus qu'un lointain souvenir. À perte de vue, les prés sont jaunis par le soleil. Martial Gros puise déjà dans son stock de paille pour nourrir son troupeau, il n'a pas d'autre choix. Faire paître ses bêtes dans des jachères, pour lui, ça n'est pas la solution.
"L'autorisation vient un mois et demi trop tard. Et les jachères représentent très peu de surface par rapport aux exploitations", explique l'éleveur installé à Flavigny-sur-Ozerain, également président de la commission Bovins Viande à la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de Côte-d'Or. "Donc d'une part, ça ne représente pas beaucoup de quantité. Et en plus un mois et demi trop tard, ça fait que c'est de la paille."
Et de la paille, Michel Ménestrier ne veut pas en donner à ses 68 laitières. Pour cet éleveur de Villy-en-Auxois, cette mesure d'urgence d'utilisation des jachères arrive beaucoup trop tard.
"C'est la troisième année consécutive qu'il fait sec. C'est la troisième année consécutive qu'on nous donne l'autorisation de cultiver des jachères beaucoup trop tard, précise l'éleveur de vaches laitières Simmental. C'est dommage qu'il n'y ait pas plus de réactivité."
"Il n'y a pas tellement de solutions"
Pour faire face à ces sécheresses à répétition, à l'avenir, Martial Gros pense déjà à diminuer son cheptel. "Il n'y a pas 36 solutions. Aller acheter de la paille à 100 kilomètres, on s'étouffe. L'État nous a aidé jusque là depuis trois ans au niveau de la Côte-d'Or avec les calamités. Mais ce n'est pas un puits inépuisable.""On ne peut pas se poser chaque année les mêmes questions, ajoute Michel Ménestrier. Après je n'ai pas encore l'âge de la retraite, donc il faut bien continuer. Il n'y a pas tellement de solutions. On est dans une région d'élevage avec beaucoup d'herbes, des terrains en pente. On ne peut pas se lancer dans les céréales, on ne peut pas faire n'importe quoi. Quelque part, on est obligés de faire ce qu'on peut."
Faire avec le manque d'eau, ce sera difficile. Michel Ménestrier cultive du maïs pour faire de l'ensilage. D'habitude, c'est 50 % de la ration de ses bêtes, ce sera peine 20% cette année. Il va falloir compenser pour alimenter le troupeau, reste à savoir comment.