Jeudi 24 février, le tribunal administratif de Besançon (Doubs) jugera les recours contre l’implantation du second entrepôt d’Amazon. Le projet de construction d’un site de plus de 75.000m² est pointé du doigt par France Nature Environnement et Les Amis de la Terre.
Alors que le premier entrepôt d’Amazon à Fontaine, dans le Territoire de Belfort, a été inauguré l’automne 2021 , le deuxième centre n’existe pas encore. D’une surface de plus de 75.000 m², ce site devait être réalisé par la société italienne Vailog au niveau de l'aéroparc de Fontaine, près de Belfort. Un lieu stratégique puisqu’il se situe juste à côté de l'autoroute A36.
Des conséquences environnementales
Cependant, la construction de cet entrepôt n’a toujours pas commencé. Car les Amis de la Terre et France Nature environnement 90 ont déposé un recours contre le permis de construire en juillet 2020. Dans un communiqué de presse, les associations ont mis en avant les conséquences environnementales d’un tel projet :
Le centre de tri fait partie des 13 projets d’entrepôts d’Amazon, destinés à doubler, à terme, son activité en France. A ce titre, il va contribuer à l’explosion de l’empreinte carbone induite par l’importation d’1,3 milliard de produits supplémentaires par an, ainsi qu’à l’accélération des destructions d’emplois en cours dans le commerce non alimentaire. Ce projet est également une catastrophe pour l’artificialisation des terres.
Les Amis de la Terre et France Nature Environnement, le 24 juillet 2020
La zone de construction de cet entrepôt était une ancienne base militaire de l’OTAN. Le président de France Nature Environnement 90, Gérard Groubatch, explique que cette zone était abandonnée, « en repos depuis cinquante ans, et utilisée par des agriculteurs pour le pâturage de leurs bêtes ». Le militant écologiste précise que sur les 40 hectares utilisés, la moitié serait constituée de zones humides avec de nombreuses espèces menacées ou protégées. Notamment, 34 espèces d'oiseaux considérées comme menacées et 10 comme quasi-menacées au niveau national et deux espèces de reptiles protégées.
En outre, la circulation risque d’être beaucoup plus dense. D'après les membres du collectif Gafamazone, opposé au centre de tri, l'ouverture de cet entrepôt représenterait plus de 2 600 véhicules et de 585 poids lourds par jour. Bastien Faudot, conseiller départemental et municipal de Belfort prévient : « De nombreuses nuisances sonores et environnementales risquent d’être amenées par ce trafic ; de nombreuses communes proches de cet entrepôt risquent d’en pâtir ». L’animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste a participé à la constitution du recours contre cet entrepôt « dont la surface représenterait 7 hypermarchés » et dont les compensations environnementales lui paraissent « insuffisantes ».
Le « recours idéologique »
Pour Damien Meslot, président du Grand Belfort, il s’agit avant tout d’un « recours idéologique » : « C’est une association parisienne, Les Amis de la Terre, qui porte ce dossier au tribunal, et qui attaque tous les projets d’entrepôt d’Amazon ». Le maire Les Républicains de Belfort se dit « très patient » et « très tenace » s’il s’agit d’entamer une bataille juridique sur plusieurs mois.
L’édile précise enfin que le groupe Amazon pourrait amener beaucoup d’emplois dans le département. Ce à quoi Bastien Faudot, de l’opposition, rétorque que les conséquences pourraient être plus grandes « sur l’emploi et le commerce de proximité, pas uniquement dans le département du Territoire de Belfort, mais aussi au-delà, puisque l’activité d’Amazon s’étend sur tout le territoire ».
Ce jeudi 24 février, les conclusions du rapporteur public sont allées dans le sens des associations, à savoir de l'annulation des autorisations de permis de construire. Celle émise par la Préfecture qui a validé l'aspect environnemental, et celle pour la construction du bâtiment par Vailog. Le tribunal administratif de Besançon devrait rendre son jugement à la mi-mars.