Attaques en Israël. "Nous sommes dans l'incertitude jours et nuits" : à Belfort, la communauté juive sous le choc

Depuis trois jours, le conflit israélo-palestinien a repris violemment suite aux attaques du Hamas sur le territoire palestinien. Les civils sont les premiers impactés par ces exactions, à l'image des nombreux otages capturés par les forces palestiniennes. Une situation qui inquiète la communauté juive israélienne. Exemple à Belfort.

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Dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 octobre, le Hamas lançait une attaque d'envergure surprise contre Israël. 48 heures plus tard, l'armée israélienne ripostait avec forces. À l'heure où nous écrivons ces lignes, on décompte déjà plusieurs centaines de victimes. Un bilan provisoire fait état de 1100 morts au total dans les deux camps. 

En France, la communauté juive est particulièrement impactée par la situation. De nombreux membres du culte juif possède en effet de la famille sur place. Laurent Hofnung, ex président de la communauté juive de Belfort, aujourd'hui chargé des relations au sein du culte, répond aux questions de France 3 Franche-Comté.

France 3 Franche-Comté : Comment réagissez-vous à l'actualité de ces trois derniers jours ?

Laurent Hofnung : Nous sommes catastrophés et abasourdis par tout ce qu'il se passe. Premièrement, en tant que citoyen. Voir tous ces actes de barbarie sous nos yeux... Ces lynchages, ces enfants et vieillards capturés et amenés en otage à Gaza. Tous ces morts, c'est horrible. Nous sommes profondément choqués.

Les combattants palestiniens ont même attaqué une rave party, samedi 7 octobre, et ont fait feu sur des festivaliers, dans le désert du Neguev, à proximité de la bande de Gaza. Voir ces images, tous ces gens assassinés, ça nous a rappelé le Bataclan, en 2015. Cette volonté de tuer pour tuer, c'est horrible.

Vous êtes à Belfort, loin d'Israël. Et pourtant, on vous sent impacté par la situation.

Beaucoup de membres de notre communauté ont de la famille en Israël, depuis plus ou moins longtemps. C'est la deuxième dimension de notre inquiétude. On est tous très inquiets pour nos familles. Certains ont des nouvelles, et c'est réconfortant.

D'autres n'en ont pas. Je parle là de ceux qui ont des proches installés près de la frontière avec Gaza. Ou encore de ceux qui ont des enfants mobilisés par l'armée. Dès la mobilisation, il n'y a plus aucune information qui passe, car les soldats n'ont plus le droit de communiquer avec l'extérieur. Ce qui fait que nous sommes dans l'incertitude pendant des jours et des nuits.

Pouvez-vous nous décrire l'état d'esprit de la communauté juive belfortaine actuellement ?

Les gens communiquent beaucoup entre eux. Ils sont choqués, blessés par la situation, mais en partie réconfortés par les messages de sympathie qu'ils reçoivent personnellement, ou à titre collectif, au niveau politique. Car tous les partis majeurs, excepté La France Insoumise, ont marqué leur condamnation totale vis-à-vis du Hamas et de leurs actes barbares. Ça réconforte. 

(NDLR : LFI a publié le 7 octobre 2023 un communiqué "Israël-Palestine, pour une paix juste et durable, stop à l'escalade" qui précise leur position. "L'offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d'intensification de la politique d'intensification iraélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Nous déplorons les morts israéliens et palestiniens").

Et puis au sein de la communauté, on essaye de rester solidaire. On s'appelle beaucoup les uns et les autres. Entre membres de la famille, avec les enfants ou les parents restés en Israël. Mais eux sont aussi très choqués.

Vous êtes vous-même touchés de façon personnelle ?

Nous avons notre enfant là-bas. Mais on a eu de la chance. On a tout de suite pu l'appeler et on a eu de longs échanges. Mais notre fille est très angoissée car elle a peur des kidnappings dans les maisons et dans les appartements. Elle habite en plus dans un logement absolument pas protégé, ni sécurisé. Donc dès que des roquettes tombent, la seule protection, c'est de se mettre sous la table de la salle à manger. Ce qui est bien maigre face à tous ces risques.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé une surveillance accrue des lieux de cultes juifs. Vous sentez-vous en sécurité ?

Nous avions dimanche 7 octobre prévu d'organiser un repas communautaire sous la soukka, qui est une cabane construite dans la cour de la synagogue. Mais pour des raisons de sécurité, on a préféré annuler ce repas, ce moment de partage prévu depuis longtemps.

Pourquoi ?

Par précaution. On a confiance en notre police, mais on veut limiter au maximum les risques. On ne peut pas s'empêcher de se rappeler l'époque où beaucoup de jeunes sont partis pour rejoindre Daesh en Syrie. À l'époque, on a eu des menaces très claires, des tentatives de guet-apens contre des membres de la communauté juive. Ça, on ne peut pas ne pas l'avoir à l'esprit.

Des opérations de soutien sont-elles prévues à Belfort ?

Pour l'instant, non, rien n'est prévu. Nous avons un conseil d'administration de la communauté juive de Belfort dans les prochains jours. Nous verrons alors ce que nous pouvons organiser, mais rien n'est encore fixé. Je ne peux rien vous annoncer aujourd'hui. Il faut me comprendre, les événements sont encore trop frais.

► Pour suivre l'évolution du conflit israélo-palestinien, suivre ce lien

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