Comment et pourquoi le géant américain GE en est arrivé à supprimer des emplois en France et dans le monde ?. Dernière annonce en date ce 28 mai, la suppressions de 1044 emplois en France dont 985 sur le seul site de Belfort.
Pourquoi GE va si mal ?
General Electric a fait de mauvais paris dans les énergies fossiles, l'immobilier et la finance. Le groupe se bat pour sa survie depuis deux ans.
La capitalisation boursière du groupe, né il y a 127 ans de la fusion d'Edison et de Thomson-Houston, avait frôlé les 600 milliards de dollars dans les années 2000.
Mardi, elle n'était plus que de 82 milliards de dollars, ayant fondu de plus de 150 milliards depuis juin 2017, date de l'annonce du départ du PDG Jeff Immelt, en septembre 2001.
GE en est à son deuxième PDG en moins de deux ans et a enchaîné deux années de pertes consécutives.
A qui la faute ?
Experts et observateurs attribuent la descente aux enfers de GE à des erreurs de management sous les 16 ans de l'ère Immelt. Il est reproché à Jeff Immelt d'avoir effectué des acquisitions, devenues de mauvaises affaires.
De 2010 à 2014, l'ancien grand patron a réalisé au moins neuf transactions dans le secteur énergétique au moment où le prix du baril de pétrole atteignait ou dépassait les 100 dollars.
Mais quelques mois plus tard les prix ont chuté de moitié, et cela n'a pas empêché le dirigeant de fusionner en 2016 les activités de GE dans les services pétroliers avec la société américaine Baker Hughes.
En 2004, en pleine hausse des prix de l'immobilier aux Etats-Unis, GE a racheté pour 500 millions de dollars la société de prêts hypothécaires WMC revendue trois ans plus tard après de premiers signaux de la crise des "subprimes" née des crédits immobiliers toxiques. GE vient d'accepter de s'acquitter d'une amende de 1,5 milliard de dollars auprès des autorités américaines pour solder une enquête concernant des crédits "subprimes" octroyés à des ménages fragiles par WMC.
Le rachat d'Alstom a-t-il précipité les choses ?
Mais le plus gros échec de Jeff Immelt est sans doute l'acquisition du pôle Energie du fleuron industriel français Alstom pour 15 milliards de dollars en 2015, plus grosse opération industrielle de GE.
Avec Alstom, GE misait sur les énergies fossiles, un pari raté car il est intervenu en pleine chute des prix de l'électricité de gros et de l'effondrement des commandes des turbines parce que les énergies renouvelables étaient devenues compétitives.
Le secteur s'est retrouvé de plus en surcapacités du fait de l'augmentation du nombre de fermetures de centrales thermiques et du développement du solaire et de l'éolien.
Et maitenant que va faire GE ?
Pour redresser GE, Larry Culp, premier PDG externe à GE et aux commandes depuis octobre, se repose essentiellement sur des économies et des cessions d'actifs. Il veut réduire les coûts de la division Energie de l'ordre de 800 millions de dollars sur les deux prochaines années. GE a déjà supprimé 34% des effectifs sur ses sites de Schenectady (New York) et de Greenville (Caroline du Sud).
La société, qui a également besoin d'argent frais pour honorer les échéances de remboursement de son énorme dette, est en train de céder pour 21,4 milliards de dollars ses activités bio-pharmaceutiques.