"Belfort doit redevenir un centre stratégique, General Electric doit respecter son accord" estime l'intersyndicale

Le bras de fer se poursuit entre l'intersyndicale et le groupe américain qui a annoncé près de 800 suppressions de postes à Belfort dans l'activité des turbines à gaz. Un comité de suivi est prévu le 11 septembre à Paris. Il doit se pencher sur l'accord de 2014, celui du rachat du site à Alstom.  

"Nous sommes les seuls à pouvoir prouver que GE n'a pas respecté son accord de 2014" lance Philippe Petitcolin, délégué Syndical et Coordinateur CFE-CGC de GE Belfort.

En 2014, quand le groupe américain rachète l'activité turbines gaz à Alstom, il s'engage à créer 1.000 emplois en France. Une promesse non tenue. Sur ce point, le groupe a payé 50 millions d'euros de pénalités. Il a respecté son contrat.

Mais selon l'intersyndicale, GE n'aurait pas respecté un autre de ses engagements. Et pas le moindre. Faire du site de Belfort, un centre de décision. L'intersyndicale revendique sur ce point précis : "On veut redevenir un centre de décision. Avant l'acquisition Alstom, Belfort était un centre de décision stratégique, commercial et industriel. Ce centre de décision a été décalé en Suisse. Aujourd'hui, à Belfort, tous nos managers ne sont que des exécutants et ne participent pas à la stratégie et aux décisions" explique Philippe Peticolin pour qui l'accord prévoyait clairement que Belfort devait demeurer le centre mondial de référence des turbines à gaz. 

Cet été, l'intersyndicale n'a pas relâché son combat. "Nous voulons travailler sur un projet alternatif où Belfort a toute sa place. Si le gouvernement n'obtient pas que Belfort redevienne centre de référence, la plainte contre l'Etat est prête. Nous n'avons plus qu'à appuyer sur le bouton. Mais l'objectif n'est pas de se lancer dans une guerre judiciaire pendant des années. L'intérêt pour nous, c'est un nouveau projet avec des perspectives d'avenir sur Belfort" lance Philippe Petitcolin. 


Des intérimaires embauchés à Belfort pour faire face aux carnets de commandes ?



Selon l'intersyndicale, GE qui veut supprimer 800 emplois à Belfort envisagerait d'embaucher des intérimaires de faire travailler les salariés en heures supplémentaires le samedi pour faire face à l'activité sur le site. Elle explique dans un communiqué que le marché mondial de la turbine à gaz a bondi de70% au premier semestre 2019.

"Il y a une grosse différence entre le discours de GE et ce qu'on voit sur le terrain. GE nous rabâche que le marché est bas et qu'il faut réorganiser l'activité. Or, dans les ateliers, on se rend compte que l'activité est là. Et qu'on ne sera pas en mesure de fournir les turbines à l'heure du fait de la charge de travail" constate Alexis Sesmat, délégué syndical Sud. "Dans notre lutte, nous n'avons pas fait de grève et GE n'est pas en capacité d'expliquer ces retards" ajoute le syndicaliste. Pour lui, ces retards sont une conséquence de la réorganisation en marche depuis 2015. Certains composants auparavant produits à Belfort sont produits désormais aux USA. Ils arrivent en retard, et de mauvaise qualité argumente Alexis Sesmat. Pour lui, le gouvernement a commencé à admettre que le groupe américain n'avait pas respecté son accord passé lors du rachat. "Il faut maintenir la pression désormais", conclut le syndicaliste de Sud. 

 
 

Un comité de suivi le 11 septembre : pour faire quoi ? 


Le comité de suivi des engagements pris par General Electric (GE) en 2014 lors du rachat des activités énergie d'Alstom aura lieu le 11 septembre. Il sera présidé par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

Fin juillet, l'intersyndicale du site GE de Belfort, principalement visé par le plan, avait adressé au ministre de l'Économie une "mise en demeure" réclamant "une analyse robuste permettant de vérifier la réalité des engagements pris" par le groupe depuis 2014.

Le géant industriel américain a annoncé fin mai son intention de supprimer près de 1.050 postes en France, dont pratiquement 800 dans l'entité turbines à gaz de Belfort, soit la moitié de ses effectifs.

Bruno Le Maire souhaite "obtenir de la part de GE qu'il poursuivra son activité sur les turbines à gaz" à Belfort et veut également d'autres garanties "sur la diversification du site de production de Belfort".

L’intersyndicale dit  avoir transmis aux équipes de Bruno Le Maire les preuves formelles du non-respect des clauses concernant la turbine à gaz. L'intersyndicale explique qu’elle fera une proposition de négociation d’un accord cadre pour construire un projet alternatif, économiquement et industriellement viable, basé sur la réalité opérationnelle, conforme à l’accord de 2014, dans l’objectif de véritablement améliorer la situation du business et de garantir la pérennité de l’entité « turbine à gaz » à Belfort.

Les 800 suppressions de postes annoncées sur le site de Belfort ne sont pas encore effectives. Aucun salarié n'a reçu de lettres de licenciement. 

 
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