La préfète du Territoire de Belfort, craignant des "troubles à l'ordre public" et des débordements, a interdit toute manifestation à Belfort ce samedi 27 avril. Mais pas de quoi décourager les "gilets jaunes" qui y voient une mesure contre-productive, ne faisant qu'"accentuer la tension".
"Absence totale d'organisation", "motivations belliqueuses", craintes de "troubles à l'ordre public"... La manifestation régionale des "gilets jaunes" prévue ce samedi 27 avril à Belfort, c'est non pour la préfète du département. Un arrêté préfectoral a été pris, interdisant "toute manifestation de midi à minuit" dans le centre-ville mais aussi aux alentours le jour de ce rassemblement régional.Seront interdites les manifestations sur l'emprise autoroutière, les échangeurs 12 et 13 ainsi que la barrière de péage de Fontaine jusqu'au lundi 29 avril pour cette dernière. La préfète pointe, dans un communiqué, "la volonté manifeste pour nombre d'individus de commettre des violences", appelant chacun à "faire preuve de responsabilité", notamment les "personnes les plus vulnérables".
Mais selon les principaux concernés, pas question de faire marche arrière. Pour les "gilets jaunes", cet arrêté préfectoral ne semble pas inhabituel : "Les manifestations seront interdites comme d'habitude mais on va maintenir notre action, comme tous les samedis", prévient Yannick, un manifestant qui vit près de Belfort. Ce "gilet jaune" de la première heure déplore notamment "l'absence de dialogue" entre la préfecture et les manifestants : "On a essayé d'arrondir les angles, déplore-t-il. On a envoyé un courrier à la préfète en lui demandant un entretien pour discuter, mais elle a fait la sourde oreille."
"Tant qu'on dérangera, on continuera"
Une information que la préfecture n'est pas en mesure de confirmer, ajoutant que deux délégations de "gilets jaunes" ont déjà été reçues en décembre et janvier pour "faire remonter des demandes structurées". Auprès des manifestants, cette interdiction passe mal, surtout après l'allocution d'Emmanuel Macron, ce jeudi, qui ne s'est pas exprimé sur le mouvement social du 17 novembre : "Le président n'est pas allé dans le sens de nos demandes, poursuit le "gilet jaune" de Belfort. Tant qu'on n'aura pas tous à manger dans nos assiettes à la fin du mois, on continuera nos actions."
Et la solidarité semble de rigueur pour les "gilets jaunes" de Franche-Comté. "Que l'interdiction soit prise à Belfort, Besançon ou ailleurs, ça reste une répression du peuple, un moyen d'étouffer nos revendications", lance Valentin qui vit à Pontarlier. Unanimement, cette mesure est vue comme contre-productive par les manifestants, estimant qu'elle va contribuer à "accentuer la tension", plaide encore Yannick.
En plus d'interdire les manifestations, la préfecture prévient également que "la détention, l'achat ou la vente à emporter de carburants, d'artifices de divertissement ainsi que des alcools et de tous produits inflammables ou chimiques" ne sera pas autorisé. De même pour "la détention ou la consommation de boissons alcoolisées sur la voie publique". Par ailleurs, le stationnement sera interdit place de la République et place d'Armes dans la capitale du Territoire de Belfort.
Participer à une manifestation interdite est passible de 90 à 375 euros d'amende, rappelle la préfecture et en organiser une peut coûter encore plus cher : jusqu'à 7 500 euros d'amende et 6 mois de prison. Encore une fois, pas de quoi décourager les "gilets jaunes" : "Tant qu'on dérangera, on continuera".