Le procureur de la République de Belfort a confirmé l'ouverture d'une enquête, après que plusieurs vidéos choquantes montrant l'agression d'un jeune homme atteint d'un handicap mental aient été diffusées sur Twitter et Snapchat.
Le regard perdu, l'air hagard, un jeune homme est visiblement perdu. Le côté gauche de son visage est tuméfié, son oeil gonflé. Plusieurs téléphones, lumières flash allumées, sont braqués sur lui. Un autre homme, qui tient lui aussi un téléphone d'une main, le frappe de l'autre. Entre deux moqueries, il lui donne des claques. Le jeune homme est manifestement harcelé. Sur une autre vidéo, il semble être assommé sur un canapé noir. Un autre garçon, dont l'apparence laisse croire qu'il est assez jeune, lui rase les cheveux.
Ces images, qui ont profondément choqué les internautes ce lundi 1er février, ont été diffusées sur deux plateformes. D'abord sur Snapchat, une application mobile de partage de vidéos courtes, photos et de messages instantanés destinés à disparaître et très utilisé par les adolescents. Puis, sur Twitter, où elles été postées le dimanche 31 décembre, quelques heures après leur diffusion sur la première plateforme, et ont suscité une indignation très vive. Si la première diffusion, sur Snapchat, semble avoir été le fait des agresseurs, la deuxième, sur Twitter, apparaît, elle, avoir été postée par une connaissance des agresseurs : "Se mettre à 5 sur un handicapé ils ont pas honte, faut retrouver ces fdp! #belfort" s'indigne l'internaute. Rapidement, ce lanceur d'alerte partage une seconde vidéo : "Ils lui ont aussi rasé les cheveux".
Très rapidement, de nombreux internautes se sont indignés, ont interpellé le compte de la police nationale sur le réseau social, et ont même cherché les coordonnées des jeunes en question, dont le pseudo snapchat était visible sur les vidéos.
Le lendemain, Ian Boucard, député du Territoire de Belfort, s'est lui aussi exprimé sur le réseau social, qualifiant les vidéos de "particulièrement choquantes", expliquant "en avoir avisé le Préfet et le commissaire pour que les auteurs de ces faits soient retrouvés rapidement".
Une plainte a été déposée, une enquête est diligentée par les services de gendarmerie et par le procureur qui ont fait preuve d’une grande réactivité. Merci à ceux qui ont signalé ces actes odieux. Cela ne doit jamais se reproduire. Tout mon soutien à la victime. https://t.co/jxOyA3lnxG
— Ian Boucard (@IanBoucard) February 1, 2021
- Les réactions du député Ian Boucard sur Twitter ce lundi 1er février -
Une enquête ouverte, la victime entendue
Le parquet de Belfort annonçait le soir-même avoir ouvert une enquête, confiée à la Brigade de Recherche de Belfort, pour des faits de "violence commise en réunion", "diffusion de l’enregistrement d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité de la personne" et "atteinte à l’intimité de la vie privée par enregistrement de l’image d’une personne". Le procureur de la république, Eric Plantier, indique par ailleurs, que la victime a été entendue ce mardi 2 février matin. Il est établi que les faits se sont déroulés dans la nuit de samedi à dimanche, au cours d'une soirée "où étaient présents les auteurs, que la victime ne semblait pas connaître". Toujours selon le procureur, il n'est pas encore établi que les auteurs savaient que le jeune homme est atteint d'un handicap mental. Aucune garde à vue n'était en cours ce mardi 2 février au matin. La victime est âgée de 22 ans. Les faits ont été commis sur la commune de Dorans près de Belfort.
Des réactions indignées
Rapidement après la diffusion de ces images sur Twitter, les réactions, choquées et indignées, des internautes ont fusées. "Vie de ma mère, ça me dégoute de voir ça", "Ils ont même pas honte putin", "j'attends l'update où ils se font retrouver avec impatiente" pouvait-on notamment lire.
Le président du conseil départemental du Territoire de Belfort a également réagit. Dans un communiqué, il écrit qu'il "déplore et condamne avec fermeté ces actes d'une rare cruauté à l'encontre d'un jeune déficient mental". Florian Bouquet condamne également la réaction des internautes qui ont cherché à retrouver les agresseurs, et appellent à la vengeance. "J'appelle à l'apaisement", écrit le président du conseil départemental, "je fais pleinement confiance en la justice de notre pays".
En effet, rapidement, des internautes se sont mis en tête de retrouver les agresseurs du jeune homme, à partir des identifiants snapchat visibles sur la vidéo. Certains ont posté des coordonnées, d'autres des images de conversations, ou même des images d'emploi du temps, qui pourraient être celles des agresseurs. Selon ces internautes, les agresseurs seraient des lycéens. Les pseudos instagram, qui seraient les leurs, ont également été dévoilés, par des internautes qui les désignent par les termes "Individu 1", "Individu 2", etc.
D'ailleurs, sur ces comptes instagrams, les agresseurs présumés, ou du moins, ceux qui ont été identifiés en tant que tel par les internautes, ont reçu une vague de messages haineux. Deux des trois comptes ont basculé sur des paramètres de confidentialité "privé", et toutes leurs publications ont été supprimées. Sur le dernier, tous les selfies du propriétaire du compte ont été supprimés, et les quelques posts qui restent ont été inondés d'insultes.