Du Prophète de Jacques Audiard, jusqu’à l’interprétation de Charles Aznavour dans un biopic musical, le natif de Belfort Tahar Rahim est devenu un incontournable du cinéma français. Avec l’une de ses connaissances d’enfance, on revient sur le parcours de ce célèbre Franc-Comtois.
C’est l’un des films, les plus attendus de l’année, Monsieur Aznavour sera dans les salles obscures le 23 octobre 2024. L’occasion de découvrir et redécouvrir un monument de la musique française, mais pas que. Son interprète n’est pas non plus un inconnu du grand écran : Tahar Rahim s’est glissé dans la peau du “Frank Sinatra français”. L’acteur désormais très célèbre est pourtant né dans une banlieue de Belfort (Territoire de Belfort) avant de fouler les plus grands plateaux du cinéma français et international.
Du jeune de quartiers…
Qui aurait cru que ce jeune garçon ayant grandi dans le quartier des Résidences à Belfort deviendrait un jour l’interprète de l’un des plus grands artistes français. Tahar Rahim n’a pourtant jamais caché son amour pour le cinéma. Dès sa plus tendre enfance, il ne jure que par les salles obscures, quitte à parfois, contourner la loi pour s’y infiltrer.
Le témoin de ces petites incartades s’est confié à France 3 Franche-Comté, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeune Tahar Rahim lui a donné du fil à retordre. “Il arrivait toujours à entrer dans mon cinéma, mais je ne l’ai jamais vu passer à la caisse. Il m’en a fait voir pendant des mois et des mois, il savait où j’étais à chaque instant. Ça me touche parce que je lui ai couru après durant des mois, alors le retrouver là, c'est une consécration pour lui qui est un jeune des cités” raconte avec émotion Bernard Roy, qui possédait deux cinémas à Belfort il y a plusieurs années.
Et puis du jour au lendemain, il a disparu.
Bernard RoyAmi de Tahar Rahim
Ce n’est qu’un certain nombre d’années plus tard que Bernard Roy a des nouvelles de ce gamin qui lui avait causé tant de soucis. “Un jour, j'étais à la gare à Paris, et sur un magazine, je vois la tête de ce garçon. Je me suis dit 'Ce n'est pas possible, je rêve ! Ce petit jeune qui m’en a fait voir pendant des mois et des mois, en tête d'un magazine'. J’ai alors appris qu’il était devenu acteur, c'est incroyable de voir ce qu’il est aujourd’hui”.
Le passionné de cinéma comprend alors un peu mieux pourquoi ce jeune garçon était toujours dans ses pattes. Tahar Rahim assouvissait finalement sa passion pour le grand écran, et ce, par tous les moyens. Aujourd’hui, Bernard Roy a repris contact avec l’acteur qui est devenu son ami et tous deux plaisantent avec nostalgie de cette période si particulière.
…aux plateaux des plus grandes productions cinématographiques
Aujourd’hui, le natif de Franche-Comté n’est plus uniquement sur les sièges rouges des salles de cinéma, il est lui-même le protagoniste de plusieurs œuvres à succès du grand et du petit écran. Ses premiers pas dans le cinéma se font alors qu’il n’est encore qu’étudiant, il joue alors dans un docufiction de Cyril Mennegun, en 2005, Tahar l’étudiant. Un passage passé un peu inaperçu, avant qu’il soit repéré par Jacques Audiard en 2009, qui lui confie le rôle principal dans son septième film, Un prophète. Une interprétation plus que largement saluée par la critique et lui permettra de remporter deux Césars : celui du meilleur espoir masculin et celui du meilleur acteur.
Après ces débuts en fanfare, Tahar Rahim ne quitte plus les plateaux de cinéma et ne cesse de briller dans des productions toujours plus importantes les unes que les autres. Il joue entre autres dans le film Or Noir de Jean-Jacques Annaud, mais aussi la comédie dramatique Samba d’Eric Toledano et Olivier Nakache, ou encore Les Anarchistes réalisés par Elie Wajeman.
Non content du cinéma français, le jeune acteur se fait aussi connaître à l’international et apparaît dans plusieurs séries et films américains, comme The Looming Towers, mais aussi la première série de Damien Chazelle, aux côtés de sa femme Leïla Bekhti, The Eddy. Mais sa consécration internationale se produit lorsqu’il interprète le rôle du tueur en série Charles Sobharj dans la mini-série britannique à succès Le Serpent, diffusée sur Netflix.
La réputation de l’acteur Tahar Rahim n’est donc plus à faire, et son rôle dans la peau de Charles Aznavour n’est qu’une nouvelle démonstration de son talent d’interprète. Pour ce film encore, Tahar Rahim est loin d’avoir fait les choses en moitié.
Un dévouement et une immersion absolue
L’acteur belfortain est connu pour ses transformations impressionnantes à l’occasion de ses rôles. Et son interprétation de Charles Aznavour ne déroge pas à la règle. Son ami, Bernard Roy a déjà pu voir plusieurs passages du film, il semble comblé : “C’est un acteur né, il fait partie des grands. J’ai senti qu’il s’était imprégné. On le voit dans sa voix, dans ses mimiques, il n'est pas sorti du film encore” s’émeut-il.
Je crois que ce rôle était pour lui. Il a une façon de s’investir dans ses rôles qui est déterminante.
Bernard RoyAmi de Tahar Rahim
Cette façon de s’investir pleinement, Tahar l’a lui-même raconté dans plusieurs interviews dans le cadre de la promotion du film. “J’ai pris des cours de danse pour les séquences qui en nécessitaient. Mais c’est surtout le chant qui m’a pris le plus de temps : entre six et huit heures par semaine pendant six mois, puis, pendant le tournage, je continuais à prendre des cours le soir. Même chose pour le piano, il m’a fallu répéter à outrance pour parvenir à être crédible” explique-t-il dans le dossier de presse des cinémas Pathé.
L’acteur s’est imprégné pleinement de l’artiste, il a interviewé plusieurs personnes de la famille de Charles Aznavour, et il a même proposé de faire lire le script à une psychologue pour obtenir une analyse détaillée de son personnage et s’imprégner au maximum de sa personnalité. Un investissement qui a marqué profondément l’acteur qui ressort de cette expérience “lessivé, mais heureux” et qui décrit le rôle comme “le plus complexe” qu’il a eu à jouer, mais aussi “la plus belle aventure humaine” qu’il ait vécue sur un plateau.
Le film réalisé par Mehdi Idir et Grand Corps Malade sort dans les salles obscures ce mercredi 23 octobre. Et Bernard Roy a hâte de diffuser l’œuvre de son ami qu’il décrit comme “le nouvel Alain Delon” dans son cinéma de Belley (Ain). Il se languit déjà de “passer mon temps dans les salles, pour voir la réaction des différents publics”.