Tahar Rahim sera le prochain maître de cérémonie des César. Le plus célèbre des acteurs de Franche-Comté passe ainsi de l’autre côté, après avoir remporté deux fois le prix convoité.
Tahar Rahim présidera la 48e édition des César qui se déroulera le 24 février 2023 à l'Olympia de Paris. Un rôle prestigieux qui vient couronner un parcours fulgurant. A 41 ans, l'acteur de Belfort connaît un fort succès aussi bien en France qu'à l'international.
Le cinéma pour tuer l'ennui
Ce sont d’immenses tours qui ont vu naître un gamin fou de cinéma, le 4 janvier 1981. Pendant ses jeunes années, Tahar Rahim sillonne le quartier des Résidences de Belfort. Il grandit dans un milieu modeste, entouré de ses parents originaires d’Oran en Algérie et de ses neuf frères et sœurs.
C'est dans les salles obscures belfortaines que l'enfant du pays découvre les longs métrages...non sans ruse. "C’était notre 'ennemi public numéro 1' !", blague ainsi Bernard Roy, le directeur des cinémas Alpha et Kursaal. Si ses établissements sont aujourd’hui fermés, le Comtois se souvient très bien du resquilleur, passionné de cinéma : "Vous n’imaginez pas le nombre de films qu’il a pu voir sans payer, raconte-t-il. Il avait toujours une astuce, une connaissance qui lui ouvrait la porte de derrière ou lui donnait son entrée… Et quand on le contrôlait, il avait inévitablement un ticket valide sur lui, sans être jamais passé par la case caisse !" L'acteur confie à Marie-Claire qu'il allait au cinéma d'abord par ennui. Puis il assure : "C'est devenu une passion, puis un besoin".
"Un prophète" du cinéma français
Après deux années de licence sport, puis une licence de Mathématiques-informatique à Strasbourg, Tahar Rahim part étudier le cinéma à Montpellier. C'est de son quotidien dans l'Hérault qu'est inspiré le court-métrage Tahar l'étudiant, documentaire de son ami Cyril Mennegun en 2005.
La révélation s'est produite quatre ans plus tard, en 2009, lorsque Jacques Audiard lui confie le rôle principal dans "Un prophète", où il joue Malik El Djebena, un jeune détenu. Pour son interprétation, le Belfortain obtient deux César en 2010, celui du meilleur espoir masculin et celui du meilleur acteur. Un doublé, que seul lui et Richard Anconina ont réalisé dans l'histoire des César. L'Académie a depuis changé ses règles pour qu'une personne ne cumule pas plusieurs nominations pour un même rôle.
La petite trentaine, Tahar Rahim jongle alors entre plusieurs pays, et plusieurs mondes cinématographiques. S'il s'ouvre à l'international, jouant dans L'Aigle de la Neuvième Légion, réalisé par Kevin Macdonald en 2011, il n'oublie pas la France avec des films indépendants comme Les Hommes libres, d'Ismaël Ferroukhi où il tient le rôle d'un jeune Algérien pendant la Seconde Guerre mondiale. L'acteur de Belfort devient une figure du petit écran avec récemment son interprétation de Charles Sobhraj, tueur en série français, dans la série Le Serpent sur Netflix.
Une édition particulière
Dans leur déclaration, l'Académie des César et Canal+ louent un acteur qui "a mené sa carrière avec finesse, s'orientant vers des personnages riches, divers et complexes, et des expériences nouvelles". Présider les César semble être une suite logique puisqu'en 2021, il a été membre du jury du Festival de Cannes, sous la houlette de l'Américain Spike Lee.
Le futur maître de cérémonie devra gérer une édition particulière : l'Académie des César a annoncé sa décision de mettre en retrait, pour sa prochaine cérémonie, les personnes mises en cause "pour des faits de violence". Ce qui fait écho à l'affaire Sofiane Bennacer, jeune comédien révélé dans "Les Amandiers" mis en examen pour viols.
(avec AFP)