Depuis lundi 23 mars, les ambulanciers du Territoire de Belfort clament leur soutien aux personnes les plus exposées au coronavirus, et enjoignent les Françaises et les Français à rester chez eux. Le tout, à coups de sirène et de gyrophare.
« Je me suis dit que c’était le bon moment, le moment de se montrer solidaires », explique Florian Regnier, manager des ambulances Dsa et Lion. Depuis lundi 23 mars, les sirènes des ambulances de Belfort retentissent pendant une minute tous les midis. Une minute de gyrophares et de deux tons pour apporter son soutien aux ambulanciers, mais aussi « à tous les acteurs qui participent à la crise sanitaire, ceux en première ligne », rappelle Florian Regnier, manager des ambulances Dsa et Lion. Ce mouvement, au départ comtois, a vocation à se propager dans toute la France.Car le quotidien des ambulanciers n’est plus le même avec la crise du coronavirus. En temps normal, les secouristes ont des « missions programmées ». Ils rendent visite à des particuliers, parfois pour des consultations kinésithérapeutiques, et certains véhicules sont consacrés aux urgences, au SAMU.
Des journées à priori rôdées, qui sont bousculées. Aujourd’hui, la plupart des forces ambulatoires sont consacrées aux malades du coronavirus. « Sur une semaine, on est passé de 14 ‘missions Covid’ à 30 », comptabilise Florian Regnier. Une croissance des cas qui se ressent dans toute la région. Son collègue, Sébastien Pelé, auxiliaire ambulancier, ajoute : « On sent tout doucement que le nombre de cas par jour augmente ».
« On sait que le pic est devant nous »
« La pression ne nous quitte pas, mais il y a de l’adrénaline aussi », rapporte Florian Regnier. L’intervention en cas de coronavirus s’avère bien différente des autres opérations. Un seul ambulancier s’occupe de la personne suspectée d’avoir le coronavirus. Son partenaire reste à proximité du véhicule, prêt à partir aux urgences. Il s’agit d’abord de faire l’état clinique du patient, puis de transmettre le bilan à l’hôpital de Belfort-Trévenans, dont la majorité des lits sont déjà occupés par des malades contaminés par le Covid. Le manager des ambulances Dsa et Lion énonce : « On sait que le pic est devant nous ».
En temps de crise sanitaire, le protocole change donc, et les habits aussi. Les ambulanciers revêtissent des combinaisons à capuche, des masques et des gants pour venir en aide aux patients potentiellement infectés. Les secouristes belfortains mesurent la chance qu’ils ont d’avoir des protections contre le virus. « Nous avons encore des combinaisons, contrairement à beaucoup de nos collègues sur le territoire », renchérit Florian Regnier, qui remercie la gestion de la dirigeante de la société Angélique Lazzaris. La plupart des équipements sont issus de stocks, mais aussi d’appels aux dons. Des particuliers et des entreprises du BTP en Franche-Comté ont répondu présents.
« La boule au ventre »
Pendant cette épidémie, c’est aussi la vie des ambulanciers qui en prend un coup. « Le matin, on part avec la boule au ventre », déclare Florian Regnier. La peur de contracter le virus, mais aussi les proches qui voient leur père, leur frère, leur conjoint partir. Mais pas de quoi céder à la panique, les ambulanciers restent professionnels. Sébastien Pelé raconte : « On pense beaucoup à nos familles pendant les interventions, on prend nos précautions pour nos patients, pour nos proches et pour nous-mêmes ».
Mais si l’épidémie éreinte les corps et les esprits, ce n’est pas une raison pour baisser les bras, bien au contraire. Florian Regnier parle d'un « métier-passion ». Sébastien Pelé, auxiliaire ambulancier, reprend : « On fait ce métier parce qu’on l’aime ». Alors, lorsque Florian, le manager des ambulances, voit des personnes se promener dans la rue, son incompréhension est grande. Car les sirènes sont aussi une sonnette d’alarme pour dire à chacun d’éviter de sortir de chez soi. « Les gens doivent respecter les consignes de confinement, sinon, on ne s’en sortira pas, s’exaspère Florian Regnier, aidez-nous et restez chez vous. »