Coronavirus : pas épargné par le Covid-19, le monde agricole compte sur sa main d'oeuvre de remplacement

Pour faire face à la pandémie, le service de remplacement des agriculteurs est mobilisé depuis plusieurs jours en Bourgogne Franche-Comté. L'objectif, pouvoir palier en urgence toute défection d'un agriculteur touché par le coronavirus.

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En temps normal, ils sont surtout là pour remplacer des agriculteurs qui partent en vacances. Mais depuis le début de la crise sanitaire en France, les agriculteurs remplaçants se tiennent prêts à prendre le relais de collègues contaminés. « Avant même le début du confinement, nous avions décidé d'anticiper les conséquences éventuelles de la pandémie dans les rangs des agriculteurs » précise Laurent Ducray, le président du service de remplacement pour la Bourgogne Franche Comté. « Nous avons mobilisé tous nos effectifs, avec une priorité : protéger au mieux nos salariés. Or au début c'était très compliqué. Il y a encore quelques jours, il était presque impossible de trouver des masques et des gants mais heureusement une entreprise du territoire de Belfort nous fournit désormais ce matériel de protection indispensable» explique t-il.


" Nous sommes prêts à faire face..."


Au total, la Bourgogne Franche Comté compte 26.400 exploitations agricoles et le service de remplacement fonctionne donc à plein régime. « Nous avons plus de 6500 agriculteurs adhérents » poursuit Laurent Ducray. « Mais en raison de ces circonstances exceptionnelles, nous avons souhaité ouvrir le service à tous nos agriculteurs. L'an dernier, nos quelques 700 remplaçants ont réalisé plus de 400000 heures de travail ce qui représente 250 équivalents temps plein. Avec l'arrivée du coronavirus nous ne pouvons pas écarter une forte augmentation des besoins de main d'oeuvre dans les semaines à venir » précise Laurent Ducray.
 

" En cette période de crise, le service de remplacement est là pour tous les agriculteurs "


Mais dans cette terre nouricière, qu'ils exploitent au quotidien, les agriculteurs ont su aussi depuis longtemps, cultiver des valeurs de solidarité et de partage. Aujourd'hui, ils sont donc prêts à faire front. Hors de question de laisser qui que ce soit en difficulté, c'est la raison d'être du service de remplacement confirme Laurent Ducray : « Pour l'instant nous n'avons que quelques cas d'agriculteurs contaminés à déplorer. Un dans le territoire de Belfort, un en Haute-Saône, quatre dans le Doubs. Si ces chiffres venaient à augmenter nous avons prévu de solliciter des jeunes des écoles agricoles. Ils sont rentrés chez eux pour le confinement mais nous leur avons demandé de se tenir prêts en cas de besoin ».


" Au début j'ai stressé un peu, mais j'ai été très vite rassuré..."


Les jeunes à la rescousse. C'est autour de cette idée que s'est construit le service de remplacement des agriculteurs. Et c'est ce qui a séduit Anthony Deur. A 28 ans, il fait presque figure de vieux briscard dans les rangs du service, qu'il a intégré avant même d'avoir terminé ses études. Aujourd'hui, il est d'ailleurs salarié permanent, sur le secteur de Lure, Villersexel et Belfort.

Depuis deux semaines, il remplace un exploitant, contaminé par le Covid 19. Et même s'il a ressenti un peu de stress au début, c'est avec fierté qu'il accomplit sa mission. « Oui je suis fier et heureux d'apporter une aide concrète. Mais quand j'ai appris que j'allais remplacer un collègue contaminé, j'ai eu peur je l'avoue. C'était un peu l'inconnu pour moi et je craignais vraiment de tomber malade à mon tour. J'ai dû me débrouiller seul pour acheter des masques et des gants et je suis parti au travail le premier jour avec pas mal d'incertitudes. Mais heureusement j'ai été rassuré dès mon arrivée sur l'exploitation. L'associé de l'exploitant que je remplaçais m'a fourni lui aussi des masques et des gants. Il a mis également à ma disposition plusieurs flacons de gel hydroalcoolique. Du coup je peux me laver les mains au moins 30 fois par jour ! Et j'utilise aussi le gel pour désinfecter mes outils et le tracteur que j'utilise. Tout est fait pour appliquer les mesures barrières et c'est très rassurant..».


" Le monde agricole ne sortira pas indemne de cette crise..."


Au total, Anthony devrait passer 4 semaines dans l'exploitation et sa présence aura permis le maintien de l'activité de cette ferme qui compte notamment 80 vaches laitières.

Mais derrière cette belle histoire, se cache une réalité plus inquiétante. Le monde agricole ne sortira pas indemne de cette crise. Pour Laurent Ducray, le pire est à venir. « Le coup est rude pour la profession. En horticulture par exemple on parle déjà de pertes de près de 95%. Pour le lait c'est la même chose. Nous n'arrivons pas à écouler nos stocks. Des fruitières de Comté nous ont annoncé qu'elles pourraient être amenées à jeter une partie de leur lait. Nous sommes confrontés aussi à un changement brutal des habitudes de consommation des français. Ils se ruent sur les aliments pré-emballés ou congélés car ils ont peur d'être contaminés en achetant des produits frais. C'est très préjudiciable pour le maréchage notamment et cela va inévitablement déstabiliser le marché. Aujourd'hui nous essayons de continuer à avancer malgré tout, mais les incertitudes sont nombreuses. Comment allons nous nous relever de cette crise ? Nous ne sommes pas la seule profession à se poser cette question. Mais il faudra un jour ou l'autre apporter des réponses satisfaisantes...»

 
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