Alors que les grandes enseignes restent ouvertes, les petits commerces subissent une nouvelle fermeture, en raison de l'épidémie de covid-19. Certains commerçants indépendants n'hésitent pas à témoigner publiquement leur colère et leur incompréhension face à une décision qu'ils jugent "déloyale".
Alors que les petits commerces de proximité ont été obligés de fermer leurs portes depuis la mise en place du deuxième confinement ce vendredi 30 octobre 2020, certaines grosses enseignes restent ouvertes en France. La Fnac, Monoprix, ou encore Darty... Ces magasins ont tous le droit d'ouvrir et d'accueillir des clients, dans l'ensemble de leurs rayons, contrairement aux librairies indépendantes, aux petits commerces de centre-ville, aux fleuristes ou encore aux salons de coiffure totalement fermés. De part et d'autre, la grogne monte.
Les petits commerçants et artisans dénoncent des mesures déloyales, à l'approche de Noël. "C’est une grande déception. C’est totalement illogique, et dramatique pour les commerces indépendants de centre-ville", a d'ailleurs expliqué Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France.
"C'est une honte"
Dans une vidéo postée ce vendredi sur les réseaux sociaux, un commerçant belfortain ne mâche pas ses mots. "J’ai les nerfs" répète-t-il. Son "coup de gueule" a été vu plusieurs milliers de fois en quelques heures sur la toile.Il s'adresse directement à ses contacts. "Ici, je suis dans une galerie commerciale. Tout est fermé. Tout. On a fermé la viennoiserie du coin, on a fermé un magasin de montres, un coiffeur... Je me lâche grave aujourd'hui, parce qu'on a fait fermer nos commerces, et puis, ben regardez, une honte, une honte. Ici, c'est une honte. Ouverture exceptionnelle de la Fnac, de 10h à 19h... C'est inadmissible. Les gens achètent des TV, des machines à café... Et on nous dit, à nous, fermez vos commerces !" s'indigne Loris Hug, gérant de plusieurs salons de coiffure à Belfort.
Joint par nos soins, le coach en coiffure nous explique avoir découvert la chose ce vendredi matin en venant déménager l'un de ses salons, situé sous la Fnac, dans une galerie marchande de la cité au lion. "Surprise ce matin, on arrive dans notre local et là on voit les clients qui commencent à monter à la Fnac. C'est du client lambda. Ce ne sont pas des professionnels qui ont besoin d'ordinateurs pour permettre à leurs entreprises de fonctionner. Là depuis ce matin, ça rentre ça sort... On déshabille Paul pour habiller la Fnac" détaille-t-il, tout en précisant que les commerces fermés continueront de payer leurs charges pour les espaces communs de la galerie "uniquement pour que la Fnac soit ouverte."
Soit on ferme tout le monde, soit on ouvre tout le monde. Enfin, vu la situation sanitaire, non, on ferme tout le monde, point barre.
Des commerçants font de la résistance
À Gray, en Haute-Saône, des petits commerçants ont choisi de désobéir. Nos journalistes ont constaté ce vendredi 30 octobre, qu'au moins cinq commerces étaient ouverts, en centre-ville. "Les grandes surfaces restent ouvertes ! Alors qu'on ferme leurs rayons autre que l'alimentaire !" s'indigne Roberte, gérante d'une boutique de vêtement qui souhaite rester ouverte.Des élus montent au créneau
Certains élus de Bourgogne-Franche-Comté nous ont fait parvenir des communiqués concernant la situation des commerces depuis le reconfinement. Annie Genevard, députée LR du Doubs, s'interroge : "Derrière ces commerces, ce sont aussi des emplois que nous devons préserver. Préférons-nous vraiment que les Français effectuent leurs achats auprès des géants d’internet ?"Michel Zumkeller, député UDI du Territoire de Belfort, a quant à lui écrit au Premier ministre. Il réclame la fermeture des grandes surfaces le dimanche. "Fermer les grandes surfaces le dimanche c'est avant tout soulager les salariés de ces structures qui sont toujours en première ligne. Mais c'est aussi empêcher les déplacements de nos concitoyens un jour où rien ne le justifie" précise-t-il.
Des maires décident de rouvrir les petits commerces dans leurs villes
Comme nous vous l'expliquons dans cet article, certains maires de communes en Bourgogne-Franche-Comté ont pris des arrêtés municipaux pour contrer la fermeture des petits commerces. Cela doit permettre aux commerçants indépendants de rester ouverts.À Migennes, ville de près de 7000 habitants dans l'Yonne, le maire souhaite que les petits commerces puissent être accessibles, et ce malgré les annonces du Président de la République. L'élu proteste contre la fermeture des commerces non-alimentaires de son centre-ville, alors que "les rayons non-alimentaires et non-essentiels des supermarchés et hypermarchés ne sont pas fermés". Un arrêté municipal de la sorte a également été déposé à Decize, dans la Nièvre.
La situation des commerces en France, en temps de confinement, doit être réévaluée par le gouvernement tous les 15 jours, selon les propos de Jean Castex, Premier ministre.