Ils devaient régaler les papilles de milliers de festivaliers, ce seront les poubelles du festival qui profiteront du gâchis engendré par les deux journées annulées des Eurockéennes. Rencontre avec des restaurateurs amers mais pas en colère.
Les mines sont déconfites, le moral est au plus bas, mais les restaurateurs gardent espoir. Peu de dégâts matériels après la catastrophe pour la plupart d’entre eux, mais ce sont des tonnes de nourriture qui vont partir à la poubelle. Les camions frigorifiques sont pleins, tout est perdu.
Ils ne sont pas en colère, mais beaucoup espèrent tout de même un geste des organisateurs. «Indemnisés ? Par qui ? Comment ? Il faudrait nous donner l’info !»
Car pas d’assurance pour les denrées périssables, cela n’existe tout simplement pas. «Il faudrait la créer !» nous dit Jackson, qui arrive de Paris avec son stand «Lily Food». Il avait tout préparé, il était prêt à nourrir tout le festival avec ses sandwichs et burgers. «On s’est pris une grosse claque et on ne peut même pas vite mettre de la pommade dessus… je ne sais pas si on pourra s’en relever.»
Patrick lui arrive de Marseille. Il pense qu’il a eu beaucoup de chance, mais que le résultat est le même pour tout le monde. «C’est très dur, ça fait très mal au cœur, mais c’est surtout dommage pour la fête, surtout après le Covid.» Avec deux années de ralentissement de leur activité, les trésoreries des restaurateurs ambulants n’étaient pas au beau fixe.
L’emplacement, les camions frigo, le stock… l’investissement s’élève pour certain jusqu’à 25000€. Ils espéraient rembourser cette somme sur la première journée, c’est désormais sur les deux derniers jours du festival qu’ils espèrent récupérer la somme de départ, mais c’est «quasiment mission impossible».
Anjou, avec son food-truck des cuisines du monde, avait investi près de 12000€. Le poulet, les produits frais, tout est fichu. Il est dépité mais pourtant prêt à «attaquer» dès demain.
Pas de rancœur, «c’est la vie», il reste positif. «Ça fait mal, mais l’essentiel c’est que personne ne soit blessé dans l’équipe, le reste c’est matériel, on ne peut pas se permettre de se plaindre alors qu’il y a des personnes qui sont dans un sale état aujourd’hui. Mais j’ai confiance, les Eurockéennes ne vont pas nous abandonner, ils nous ont fait parvenir un mail ce matin, mais c’est encore un peu tôt pour venir nous parler. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas, mais je pense que pour le moment, ils n’ont pas le temps, il y a d’autres priorités à gérer».