La circulaire du ministère de l'Intérieur est tombée le 15 mai dernier : elle somme les organisateurs du festival d'augmenter les coûts liés à la sécurité.
Quelque 270 gendarmes et 45 policiers par jour. Une trentaine de militaires de l’opération Sentinelle. Sans compter les 210 pompiers, les 80 secouristes et 96 membres du Samu.
La liste est grande, mais pas autant que la surprise de Cédric Perrin, vice-président du festival et sénateur du Territoire de Belfort, lorsqu’il a appris la hausse des coûts liés à la sécurité : « une augmentation de 800% du budget », pour les organisateurs.
« Une surenchère délirante »
Pour le sénateur, « ça n’est pas tenable. Le festival ne fait pas non plus des bénéfices extraordinaires ! La sécurité, c’est un pouvoir régalien : nous, on veut bien participer aux frais, mais c’est aussi à l’Etat de contribuer. Il en va de la pérennité du festival ».
Une opinion partagée par Florian Bouquet, président du Conseil départemental du Territoire de Belfort, et Ian Boucard, député du Territoire de Belfort. Dans un communiqué, ils dénoncent la « surenchère délirante du montant exigé par l’État ».
Bras de fer et bataille de chiffres
La sécurité englobe à la fois la sécurité civile (secours à la personne), la sécurité sanitaire ainsi que la sécurité publique ( renforcée "risque d’attentat").L’année dernière, le budget consacré à la sécurité était de 30.000 euros. Il devrait passer à 254.000 euros selon les organisateurs, 80.000 euros selon le service communication de la Préfecture.
Dans un communiqué, la Préfecture assure tout faire pour ne pas mettre le festival en difficulté. « Il ne s'agit pas d'une augmentation de 800 % du budget ». Augmentation, il y aura, certes, mais elle sera « progressive », et « faite avec discernement ». « Pour l'édition 2018, nous demandons aux organisateurs de festival de payer 80.000 euros ».
Une manifestation à but lucratif ?
Ce qui est en jeu, c’est également le « statut » du festival . « Cette année, la préfecture a qualifié le festival de manifestation à but lucratif, même s'il est organisé par une association à but non-lucratif », explique Cédric Perrin.
Un statut qui n’est pas sans conséquences. « D'une, on perd les accords financiers qui permettaient le mécénat. De deux, on perd aussi le bouclier tarifaire des coûts liés à la sécurité : les frais étaient plafonnés, mais maintenant ils ne le sont plus ».
Ian Boucard et Cédric Perrin ont demandé au ministre de l'Intérieur d’intervenir auprès de la Préfecture du Territoire de Belfort afin que les Eurockéennes puissent bénéficier du bouclier tarifaire.