Le géant américain va supprimer 300 postes en France selon une source syndicale. La division "Steam Power" est concernée. Le site de Belfort perdrait 240 emplois. Un nouveau coup dur.
Cette fois-ci, c'est la branche de GE spécialisée dans les centrales nucléaires et à charbon qui va voir des emplois disparaître en nombre.
GE souhaite se retirer du marché des nouvelles centrales à charbon
GE a confirmé la nouvelle de suppressions de postes qui se font dans le cadre de la réorganisation de GE Steam Power en Europe, mais n'a pas donné de précisions sur le nombre d'emplois menacés."Le marché des centrales à charbon est aujourd'hui en rapide déclin à travers le monde, y compris en Europe", souligne la direction. "Ce contexte impose à GE Steam Power de se réorganiser pour s'adapter aux réalités du marché et préserver sa compétitivité".
Pour le site de Belfort, c'est un nouveau coup dur. À Belfort, site historique de General Electric en France, l'entité Steam Power employait 1.700 salariés au 31 décembre 2019. Au printemps 2019, elle avait déjà été concernée par une restructuration. Une rupture conventionnelle collective avait entraîné 264 départs volontaires dont 180 à Belfort.
"Le rêve américain est très vite devenu le far west"
Pour Jean Berillon, représentant Sud de l'entité Steam Power, GE n'a pas tenu ses promesses. "On s'est vite aperçus que le rêve américain, c'est vite devenu le far west avec de vrais cowboys. GE devait créer 1.000 emplois en France, il est en train d'en supprimer 3.000 en France et il s'en rajoute tous les jours. On en appelle à Mr Macron qui était proche du dossier, il faut qu'il reprenne tout ça en main" réagit le syndicaliste."C'est un coup très fort pour l'industrie française et Belfort"
L'annonce de ces nouvelles suppresssions de postes dans le Territoire de Belfort met en colère les syndicats. "Je suis surpris, on savait que des restructurations étaient dans les tyuaux. C'est un coup très fort pour l'industrie française et Belfort" explique Alexis Sesmat, délégué Sud de la branche turbines à gaz. "A l'échelle de Belfort, c'est plus de 1.000 emplois qui disparaissent, c'est presque un quart des effectifs. La question, c'est pourquoi ? L'intention de GE est toujours floue. Ce qui se dessine, c'est le désengagement de GE en Europe. Le nucléaire est un secteur stratégique pour la France. L'Etat Français a commis une erreur en cédant celui-ci à un groupe étranger. Le Président aura à en rendre compte" ajoute le syndicaliste.C'est une "destruction massive", indique une source proche du dossier citée par le site letrois.info, qui a révélé l'information.
89 emplois menacés également dans la branche Hydro de GE à Belfort
En septembre, GE avait annoncé un large plan de restructuration qui pourrait engendrer la suppression de 83 postes sur les 89 que compte la filière Hydro à Belfort, selon une source syndicale.General Electric a supprimé 3000 emplois en France depuis 2015 d'après les syndicats
Le groupe General Electric a supprimé 3.000 emplois en France depuis le rachat de la branche énergie d'Alstom en 2015, rachat qui devait s'accompagner de la création de 1.000 postes sur trois ans, a dénoncé la semaine dernière le syndicat CFE-CGC. Un chiffre démenti par le groupe qui nous a transmis un communiqué après la rédaction de cet article. « GE dément formellement les allégations de certains responsables syndicaux et rappelle que depuis l’acquisition de la branche énergie d’Alstom en 2015, date à laquelle l’entreprise comptait 16,000 emplois industriels en France (hors GE Capital) plus de 2000 salariés ont quitté les effectifs du Groupe dans le cadre de cessions d’actifs. GE tient également à rappeler qu’il est un industriel de premier plan en France, présent depuis plus de 100 ans et employant à ce jour plus de 13 000 salariés sur ses 17 sites sur le territoire. »En mai 2019, le groupe américain avait annoncé un plan social de grande ampleur prévoyant la suppression de près de 1.050 postes en France, dont 792 à Belfort dans l'activité turbines à gaz. Après négociations, le plan de sauvegarde de l'emploi s'était soldé par 485 suppressions de postes.
Selon les calculs du syndicat, General Electric faisait travailler 11.000 personnes en 2014 en France, et Alstom Energie 9.000. Après le rachat de ce dernier, GE employait donc 20.000 personnes. Ce total a ensuite rapidement été ramené à 16.000, après des cessions d'actifs.
"Il est urgent d’agir et c’est à l’État d’intervenir" estime le maire de Belfort, Damien Meslot (LR)
« Par cette décision, GE confirme sa politique de démantèlement de ses activités en France et à Belfort.Au regard des plans annoncés, ce sont plus de 1 200 emplois directs que GE aura supprimé à Belfort sur les 4 300 personnes que comptait le site en 2015. Bientôt, il y aura moins de salariés de GE en France qu’avant le rachat de l’activité énergie d’Alstom. Depuis de nombreux mois, nous alertons le Président de la République et le gouvernement sur les intentions de GE et le danger qu’elles feront peser sur notre souveraineté énergétique et industrielle. Dès le mois de décembre, nous évoquions un possible plan dans la filière Steam. Je suis sidéré que rien n’ait évolué. En effet, si GE motive cette suppression d’emplois par l’arrêt de l’activité charbon, en réalité la majorité des salariés qui travaillent sur cette activité exercent également leur métier pour l’activité nucléaire. De source syndicale, seules 150 personnes travaillent uniquement sur le charbon à Belfort. Il s’agit donc bien d’une nouvelle atteinte aux accords passés en GE et l’Etat, au savoir-faire et aux compétences françaises et à notre souveraineté industrielle. Faudra-t-il attendre un arrêt forcé de l’une de nos centrales pour qu’il y ait une prise de conscience ? Il est urgent d’agir et c’est à l’État d’intervenir.Afin de protéger les intérêts de notre pays, il convient de structurer une filière française de l’énergie. C’est pourquoi, je réitère ma demande au Président de la République de créer un consortium, autour du groupe EDF, pour racheter les activités Énergie de GE stratégiques pour notre pays, notamment le nucléaire, l’hydroélectrique voire le gaz » indique Damien Meslot.
Le député européen Christophe Grudler a réagi lui aussi : "Le démantèlement progressif de l’usine de Belfort par General Electric (GE) se poursuit, comme on pouvait malheureusement s’y attendre. Ce n’est donc pas une surprise. Il faut travailler en urgence pour tourner la page GE à Belfort, comme je le répète depuis de longs mois. Le rachat de la division nucléaire de GE par EDF sera un signal fort de cette reconquête industrielle pour notre ville et ses salariés...Je travaille au quotidien sur ce dossier de rachat par EDF avec l’ensemble des interlocuteurs tant au niveau du Gouvernement que d’EDF."
Quant au sénateur LR Cédric Perrin, il rappelle que lors du rachat de la branche énergie d’Alstom en 2014, General Electric avait pris l’engagement de créer 1 000 emplois, il en aura finalement supprimé bien davantage à Belfort.
« Cette mascarade a assez duré et il est temps que le Gouvernement prenne ses responsabilités et se fasse respecter en exigeant de la direction le respect de ses promesses ! Il en va de la survie de notre souveraineté énergétique et industrielle et de la sauvegarde de nos emplois qui ne sont pas une variable d’ajustement des caprices de la direction de General Electric » déplore Cédric Perrin.