Le feuilleton durait depuis plusieurs jours. Les négociations n'ont pas abouti. La direction de GE a confirmé jeudi 4 juin, en l'absence d'accord avec les syndicats, des transferts de charges aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite.
Des rotors de turbine à gaz réparés bientôt en Arabie Saoudite et aux USA et non plus à Belfort. C'est le scénario qui se dessine pour le site de Belfort déjà touché un plan de sauvegarde de l'emploi en 2019. 455 emplois (des départs volontaires) ont été supprimés dans la filière gaz sur les sites de Belfort et Bourogne où travaillent 1800 personnes.
La direction de General Electric justifie selon elle ces délocalisation par la baisse de l'activité du site de Belfort en raison du Covid-19.
La direction du géant américain et l'intersyndicale du site avaient entamé des discussions, dans le cadre du CSE, concernant le transfert de près de 30% de l'activité réparation rotor aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite qui emploie une quarantaine de salariés sur le site belfortain. Dans un courrier adressé aux salariés, le vice-président des opérations industrielles de GE Power Europe, Patrick Mafféïs, a regretté que ces discussion n'aient pu aboutir "à un accord unanime" avec l'ensemble des syndicats représentatifs, la CGT étant en désaccord avec les propositions de la direction.
"Nous avons donc malheureusement clos ce jour la consultation sur les bases du projet initial, soit le transfert des 40.000 heures de production vers d'autres sites et ce, afin de garantir la production en 2020 des équipements nécessaires à nos clients", a-t-il indiqué.
GE peut encore faire machine arrière sur ces délocalisation estime l'intersyndicale
"General Electric a toute la latitude, même sans accord, pour augmenter la capacité de production sur le site de Belfort et ne pas délocaliser", a opposé Philippe Petitcolin, délégué CFE-CGC.
"De plus, deux syndicats majoritaires, la CFE-CGC et Sud, étaient favorables à signer un accord sur une flexibilité réduite (report de RTT et de congés payés)", a-t-il encore relevé. D'autres discussions entre la direction et les syndicats restent prévues.
"Si on maintient cette délocalisation, on affaibli et on dégrade la compétitivité du site (...) et on met en péril son avenir", estime Philippe Petitcolin.
La direction estime que ces délocalisations n'auront pas de conséquences sur les activités futures du site de Belfort
D'après la direction du groupe, ce transfert de charge est "une réponse ponctuelle répondant à une crise exceptionnelle" et n'aura "aucune conséquence sur les activités futures de Belfort".
"GE Gas Power Belfort a été et continue d'être affecté par le ralentissement de l'activité dû à la crise COVID-19 et accuse un retard de plus d'un mois de production", a souligné la direction qui a "réussi à reporter une partie de cette production en 2021".
Pour les syndicats, la crise du covid est un prétexte pour le groupe américain pour délocaliser. « On devait devenir le centre de réparation en Europe. Cette activité de maintenance, elle représente 20% de l’activité du site de Belfort. Et un potentiel de 30 à 50.000 heures de travail actuellement par an, voire 100.000. Avec tout ce qu’on a perdu, le site n’est déjà plus guère viable, alors si on laisse partir ça…. » s’inquiètait mi-mai Philippe Petitcolin. Le syndicaliste expliquait ne pas comprendre l’urgence de la situation. « Ces rotors sont physiquement dans nos ateliers, les transférer vers les USA prendra un à deux mois. Les clients n’en ont pas besoin de façon urgente » estimait de son point de vue l’élu.